Dans une lettre datée du 22 avril 2003, adressée au porte-parole de la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, le prisonnier politique breton Paskal Laizé écrit ce qui suit :
« on peut dire que depuis l’arrivée du nouveau dirlo, pas mal de choses changent, seulement pas dans le bon sens. (…) j’ai, comme nos camarades embastillés à la Santé, droit à un traitement spécial « DPS » (…) Cependant, ce statut est tout ce qu’il y a de plus officieux, mais avec tous les inconvénients et restrictions qui en découlent. Je te retranscris l’une des toutes dernières directives voulues par Raffin (le dirlo).
Objet : organisation des promenades.
Afin d’assurer une meilleure prise en charge des mouvements en détention, il est rappelé que l’accès en promenade est soumis aux dispositions suivantes :
* vous devez être près à sortir de cellule à l’heure prévue par la note de service, lorsque l’agent d’étage assure le lancement du mouvement sde promenade ;
* vous ne pouvez prétendre rejoindre une autre activité, une fois descendu en promenade ;
* vous ne pouvez quitter la promenade avant terme que pour rencontrer un avocat.
Il est à noter que la remontée de promenade s’effectuera par groupe de quinze, pour garantir une plus grande fluidité de mouvement. »
En ce moment, sans vouloir me faire le chantre de la rumeur, circule entre les prisos que dans un futur proche les avocats devront prendre rendez-vous, sur un site informatique, préalablement, pour que nous, prisos, puissions avoir des entretiens avec eux.
Régulièrement et doucement, on nous sort de mauvaises surprises. J’ai appris qu’une rébellion récente à la Centrale de Clairvaux était due à des nouvelles restrictions à savoir, par exemple : les mecs se sont vus obligés de rester en cellule enfermés à clé. Alors que dans ce genre d’établissement, les cellules restent ouvertes la journée. Visiblement, c’était le souhait de Perben influencé par Sarko ! Ici, nous sommes sous la même logique ! Ils sont de plus en plus paranos. Les premiers à pâtir des directives ou réglementations d’exception sont les prisos politiques, sans vouloir faire de distinction entre les prisos politiques et les prisos sociopolitiques. Franchement, toutes ces dernières mesures, d’austérité ou/et de restrictions, sous couvert de sécurité, sont totalement arbitraires et en réel déphasage avec la réalité. Suite aux évasions récentes, le gouvernement français est en plein dans la démagogie par l’intermédiaire de Perben et Sarko.
Autrement, j’ai été convoqué, il y a deux semaines et demi bientôt, par la nouvelle kiné (ils ou elles ne restent jamais très longtemps…). Pourquoi ? !Sous quelle influence ?! Toujours est-il après un looonng siiilence, une séance de kinésie, mais, car il y a toujours un mais, aussitôt après, elle partait en vacances ; depuis, plus de nouvelles. Attendons, chose que l’on apprend ici, on verra bien. Ceci dit, je suis réaliste, JE SAIS QUE CE GENRE DE SEANCE MAINTENANT N’AMELIORERA PAS L’ETAT DE MES GENOUX . C’EST IRREVERSIBLE, IRREMEDIABLE.
A leur sujet, pour confirmer qu’il ne faut pas être pressé, et que ce soit l’administration pénitentiaire ou l’U.C.S.A., ils n’en ont cure, de mes problèmes. Là, les membres de l’U.C.S.A. – ceux que j’ai interpellés ou contactés—ils ont fait fort : ils m’ont fait poireauter pendant plus de quatre mois avant de m’informer qu’il leur était impossible de m’obtenir les genouillères « spécifiques » à mes problèmes de rotule. Ils ne peuvent avoir que des standards. La kiné m’a donné une ordonnance afin que ma mamm-gozh les achète et les remette à Maud puisqu’elle et mes princesses doivent venir me rendre visite le 3 mai. J’espère que ce courrier lui est bien arrivé.
Pour la hernie rien de neuf puisque rien n’est fait et rien n’est prévu. Là au moins, ça a le mérite d’être clair.
J’ai fait une demande de non répartition auprès de la direction du mandat pour le lecteur laser radio afin que ne soit pas prélevé le pourcentage pour les parties civiles…(…) Malgré mes multiples démarches auprès du responsable de la 2ème division, je n’ai toujours pas eu de réponse. Alors, j’ai avisé J. de me l’envoyer (…). C’est comme pour le remboursement de ma radio détériorée lors des travaux d’électricité, j’attends toujours le remboursement, et chaque fois, je les entends me dire de patienter, que ça ne saurait tarder.
Dans tour cela, j’ai quand même une bonne nouvelle, comme je te l’écris ci avant, la visite de mes princesses très prochainement le 3 mai. Je viens juste de recevoir l’accord de parloir prolongé. Il me tarde de les revoir, surtout que les visites sont assez rares, en moyenne une tous les trois mois. Je sais pertinemment qu’il leur est difficile de faire mieux. J’ai appris que des demandes avaient été formulées et que d’autres sont faites. Jusqu’à présent, il n’y a eu que des fins de non-recevoir.
Sans vouloir faire de l’ingérence dans tes décisions et tes priorités, je pense qu’il serait souhaitable, outre le fait de demander notre libération, que soit martelée auprès des media et élus la levée des interdictions de communiquer qui, après les fins d’instruction et la clôture des dossiers, est devenue totalement obsolète, autant avoir ce peu en attendant mieux…
Je vais réécrire à Yann Choucq (note C.A.R.B. : avocat au Barreau de Nantes) afin qu’il refasse cette demande auprès de qui de droit.
J’ai appris qu’à cause de cette interdiction, le parloir prolongé de Kristian (note C.A.R.B. : il s’agit de Kristian Georgeault, autre prisonnier politique breton) et Mireille avait été raccourci parce que j’avais le mien avec Maud et ma fille Gwenaelle le 29 mars. Eh oui ! parce que nous ne pouvons pas avoir de parloir au même moment.
Outre le fait d’être réunis, si cette interdiction était levée, cela faciliterait aussi les déplacements des familles ensemble ».
Adresse :
Paskal Laizé
Prisonnier Politique Breton
274740 F 2/247
M.A.H.
42, rue de la Santé
75014 PARIS