En juillet, Nathalie Ménigon, ancienne d’Action directe, grimpait sur un grillage de la cour de promenade de la prison de Bapaume. Elle voulait, a raconté son avocat Me Chalanset, « protester contre le manque de soins qui lui sont dispensés en prison ». L’escalade s’était soldée par une chute et 41 points de suture. A 44 ans, Ménigon, partiellement hémiplégique après deux accidents vasculaires cérébraux en prison, est bourrée de médicaments et souffre de troubles de l’équilibre, de la motricité et de pertes de mémoire. Elle est, comme son amie Joëlle Aubron, emprisonnée depuis seize ans. Toutes deux purgent à Bapaume des condamnations à perpétuité pour les assassinats du général Audran et du PDG de Renault, Georges Besse, commis à la fin des années 80 « au nom de l’anti-impérialisme ».
Aujourd’hui, Ménigon doit à nouveau comparaître devant la juridiction chargée de décider si sa peine sera suspendue en raison de sa maladie. Mais l’audience devrait être repoussée. « Il paraît que la greffière avait oublié de saisir un des experts médicaux », rapporte Me Chalanset. Il s’agit d’ailleurs de « contre-experts », deux premiers experts ayant rendu, en mars, des conclusions contestées par l’avocat de Ménigon : « Ils ne s’étaient pas fait communiquer les pièces médicales du second accident vasculaire et n’en parlaient même pas. » S’il existe quelque espoir pour Ménigon d’être libérée, c’est grâce à la loi de mars 2002 qui prévoit la suspension de peine pour les détenus dont l’état est incompatible avec la détention Papon, condamné pour complicité de crime contre l’humanité, en a bénéficié.
Samedi, des militants belges et français ont manifesté devant la prison de Bapaume pour les deux d’Action directe. « Nous avons crié : "Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons", raconte l’un d’eux. Nathalie et Joëlle ont agité des drapeaux rouges et les prisonnières de Bapaume ont repris les slogans. Nous voulons que les détenues d’AD soient libérées ! » Au-delà du cas Ménigon, Act Up a, la semaine dernière, demandé la libération des détenus malades et dénoncé : « Le service pénitentiaire est un service public comme les autres. Pourtant, quel citoyen oserait confier un membre de sa famille à un lieu insalubre, connaissant 60 à 200 % de surpopulation et ne répondant pas aux normes de sécurité ? ».