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Liberté provisoire pour Philippe, dans le coma depuis une TS

Mise en ligne : 20 mars 2004

Dernière modification : 17 octobre 2004

Texte de l'article :

Philippe GUERIN
Mis en détention à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy le 6 mars 2004
Né le 13 juin 1966

Madame, Monsieur,

Je me permets de m’adresser à votre association afin de comprendre et de savoir pourquoi mon frère PHILIPPE GUERIN a été mis en détention à la maison d’arrêt de BOIS D’ARCY le 6 mars dernier et dans quelles conditions il a été détenu.

Afin de vous situer je vais essayer de vous faire un récit d’après les dires de son avocate commis d’office et le peu d’informations que nous avons réussi à obtenir :

Philippe a été mis en garde à vue les lundi 1er mars et mardi 2 mars derniers sur dénonciation de Monsieur X.
En fait ce Monsieur X battait sa femme donc celle-ci est allée porter plainte auprès des gendarmes et au cours de sa déposition aurait dit que son mari aurait participé à l’agression de Monsieur Y il y a 2 ans environ.
Son mari (Monsieur X) a donc été mis en garde à vue le mardi et au cours de cette garde à vue aurait dit que c’était Philippe qui lui aurait donné l’idée d’agresser ce Monsieur Y.

Sur ces dires philippe a été rappelé par la gendarmerie de Châteaudun (28-Eure-et-Loir) et mis en garde à vue le vendredi 5 mars pour finalement être incarcéré le samedi 6 mars à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy (78’Yvelines)
Il aurait été incarcéré pour faire une confrontation avec ce Monsieur X qui l’avait dénoncé.

Ce qu’il faut tout de même savoir c’est que Philippe a un témoin Mademoiselle B qui est prête à témoigner et dire que Philippe était bien avec elle le soir de l’agression.

Le samedi 6 mars maman a été prévenu de la détention de Philippe et a bien précisé à son avocate qu’il ne supporterait pas d’être enfermé sachant qu’il aurait peur et qu’il était dépressif. Il était d’ailleurs suivi par un médecin pour sa dépression.

Etant homosexuel il a été isolé. Il avait terriblement peur d’être violé ou d’être maltraité par les co-détenus.

Apparemment le ménage des cellules n’est pas assuré et il appartient à chaque détenu de nettoyer sa cellule. Philippe a acheté de l’eau de javel pour faire l’entretien de sa cellule.

Le lundi 8 mars vers 16h, maman reçoit un appel du directeur de la maison d’arrêt de Bois d’arcy pour dire que Philippe avait fait une tentative de suicide par pendaison le dimanche matin très tôt et qu’il était au service réanimation de l’hôpital Mignot de Versailles dans un état très critique et qu’il avait laissé 2 lettres dont une adressée à maman.
Après avoir appelé l’avocate commis d’office et le juge d’instruction pour les prévenir de la tentative de suicide (TS) de Philippe, maman devait faire une demande de permission d’aller voir Philippe à l’hôpital. Elle a également eu le médecin de l’hôpital qui lui a également dit que son état était très pessimiste.

Ce qu’il faut noter et qui est très étrange, c’est que d’une part, Philippe aurait fait cette TS très tôt le dimanche 7 mars au matin (peut-être 6h ou 7 h) et il n’a été emmené à l’hôpital que vers 15h.
Pourquoi avoir autant attendu ?
D’après les médecins il aurait ingéré de la javel, des médicaments et se serait pendu avec son drap.
Il a fait 2 arrêts cardiaques ce dimanche et quelqu’un de la prison l’aurait ré animé par un massage cardiaque.

D’autre part, ma sœur s’est présentée le dimanche matin à la maison d’arrêt pour lui apporter des vêtements propres et on l’a refoulée en lui disant de revenir jeudi ! Sachant que Philippe au même moment était certainement à l’agonie...

Le mardi 9 mars nous sommes allés à l’hôpital Mignot de Versailles mais nous avons été accueillis par une policière dans la salle d’attente.
Imaginez un peu le choc que nous avions de savoir que 2 policiers étaient postés devant la chambre de Philippe dans le coma ! Il ne pouvait tout de même pas s’échapper ! Et le pire fut quand cette policière nous a dit que nous n’avions pas le droit de le voir.
Nous avons donc attendu que la permission du juge d’instruction arrive par fax à l’hôpital, et c’est au bout d’1h30, grâce à la présence du commissaire de Police, que nous avons pu voir Philippe environ 15minutes mais avec 4 policiers à nos côtés pour nous surveiller..
Je comprends la position des policiers, ils ont des ordres, des procédures à suivre, mais je trouve quand même la pratique un peu abusive par rapport à ce qui était reproché à Philippe.

Aujourd’hui nous n’avons pas plus d’informations, l’avocate n’a pas accès au dossier et nous n’avons toujours pas eu les lettres qu’il a laissées.
Depuis le mercredi 10 mars il est en liberté (provisoire je crois) et nous avons toute liberté pour aller le voir à l’hôpital.
Philippe est dans un état très critique puisque d’après les médecins il a un électroencéphalogramme pratiquement plat, ce qui veut dire qu’il n’y a quasiment pas de chance que Philippe revienne ou s’il revenait ce serait dans un état végétatif.
Il n’a rien fait, nous en avons l’intime conviction et surtout la preuve avec son témoin.
Je trouve cela injuste de finir sa vie à 38 ans de cette façon.
On ne sait même pas si celui qu’il l’a dénoncé est détenu ou relâché.
C’est une histoire incompréhensible, scandaleuse et injuste.

Ma famille et moi-même se sentons désemparés et si petits face à l’administration juridique et policière.

Pourriez-vous, peut-être, obtenir des informations sur son suicide ? Sur ses conditions de détentions ?

Nous ne voudrions pas que Philippe parte sans être innocenté, parce que s’il venait à décéder, l’affaire s’arrêterait et nous nous retrouverions sans Philippe et il pourrait être accusé de faits qu’il n’a pas commis et mourir en étant sali et sans qu’il y ait eu justice !

Merci de faire en sorte que cela ne puisse pas se reproduire pour d’autres personnes...

Fanny

Philippe est décédé quelques semaines plus tard.