A.F.L.I.D.D.
Association des Familles en Lutte
contre l’Insécurité et les Décès en Détention.
Communiqué
Lyon le lundi 12 janvier 2004
Dans l’une des prisons les plus modernes de France, le Centre pénitentiaire du Pontet près d’Avignon, inauguré le 23 mars dernier, quatre décès immédiatement qualifiés de suicides par l’Administration pénitentiaire sont déjà survenus.
Soufiane Lamari, âgé de dix-huit ans et en attente de son jugement, décède le 25 décembre 2003 dans sa cellule, après une garde à vue et un placement de 24 heures en secteur psychiatrique.
Les réactions après sa mort ont révélé une fois de plus le lourd contentieux et la légitime suspicion qui perdurent entre de très nombreux citoyens et la Justice de la République.
Trois mois plus tôt, dans la même prison, décédait un autre citoyen Youssef Boutiche, âgé de vingt-trois ans, retrouvé pendu dans sa cellule.
Des contradictions avec les simples constatations qu’on pu faire plusieurs membres de sa famille, qui ont brièvement pu voir le corps, sont manifestes. De plus, son avocat avait déjà fait état de violences subies par son client auprès de l’Administration pénitentiaire. Des soupçons de racket ont font naître de graves interrogations dans sa famille sur les raisons et les circonstances de sa disparition.
Ils ont exigé une contre autopsie indépendante. Ils demandent le droit à la vérité.
Le juge en charge de l’information ouverte refuse cette nouvelle expertise malgré les demandes successives insistantes.
Le corps de Youssef Boutiche repose actuellement à la morgue d’Avignon, otage du refus de la justice de faire toute la lumière sur ce drame.
- Alors que les associations et ONG ne cessent de dénoncer ces zones recluses de la République Française comme le théâtre des plus graves atteintes au respect du droit et de la dignité de l’individu,
- Alors que la France détient le plus haut taux de "suicides" dans ses prisons, alors que dans son rapport 2001, Amnesty International notait au sujet de la France que ‘’certains tribunaux ont continué à favoriser la persistance d’une impunité de fait, notamment dans les cas de morts en détention’’ ,
- Alors que tous les rapports (parlementaires, médecins, psychiatres, OIP -Observatoire International des Prisons-...) dénoncent une situation indigne d’une démocratie,
Nous constatons qu’on laisse faire, qu’on maintient les mêmes pratiques. Quand pourra-t-on espérer un changement ?
Il ne suffira pas de construire de nouvelles prisons (la preuve !) c’est bien l’ensemble de la politique carcérale qui est à revoir.
D’ici là , dans l’urgence, nous demandons aux élus d’exercer leur droit de visite au Centre pénitentiaire du Pontet, sans préavis, afin que les regards "extérieurs" de nos représentants déploient une pression constante sur l’administration pénitentiaire : pour que plus jamais la détention ne se transforme en peine de mort.
Manifestation à Avignon Mercredi 14 janvier à 14 heures,
de la place de la Gare d’Avignon jusqu’au Palais de Justice.
AFLIDD 18 rue de l’oiselière, 69009 Lyon.
Tél/Fax : 04.37.64.61.90 Mail : aflidd@hotmail.com