Un atelier de formation pour les détenus
Prison centrale de Bamako - La prison ne doit plus être qu’un centre de punition, mais aussi un cadre de rééducation, de formation et d’apprentissage technique.
Aussi, dans le souci de réaliser cette projet que l’association “SOS du COEUR”, en partenariat avec le ministère de la Justice, vient d’initier en faveur des détenus, -et dans leur univers même- un atelier de formation multifonctionnel en vue de leur permettre d’apprendre un certain nombre de corps de métier.
Cet atelier, dont l’inauguration a eu lieu le 13 Décembre 2007 par le président-fondateur de l’Association “SOS du COEUR ”, M. Mohamed Keïta, est doté de machines à coudre, d’équipements d’impression, de matériels de menuiserie métallique...
Selon M. Keïta Mohamed, la réalisation de cet atelier de formation est partie d’un indicateur majeur qui a suscité une ambition manifeste : il s’agit du taux de récidive des détenus. A l’en croire, ces récidivistes représentent 65 à 70% des détenus, “et ce ration semble être très inquiétant”, a-t-il ajouté.
En procédant à une analyse fractorielle des différentes causes liées à cette situation, une seule déduction se revèle, qui est la problématique de la réinsertion des détenus dans la vie active, remarquera M. Keïta.
D’où l’ouverture de cet atelier multi fonctionnel dans les locaux mêmes de la prison centrale de Bamako. Elle vise à apprendre aux détenus des qualifications plus adéquates et plus autonomes : telles que la sérigraphie (impression sur les tissus, t-shirts, casquettes...), la menuiserie métallique, la couture et la fabrication d’objets d’arts.
“La finalité première de notre mission est effectivement d’assurer à chaque détenu une formation adéquate en fonction de ces différents modules techniques, pour qu’au sortir de la prison, ils ne succombent plus à l’appât du gain facile”, a souligné M. Keïta.
Aussi a-t-il ajouté : “Cette mission est certainement ambitieuse mais pas impossible. Pour ce faire, nous nous sommes entourés de jeunes compétences dans les activités respectives, afin d’assurer efficacement les différentes formations thématiques”.
Dans le programme d’activités, il sera également organisé, chaque week-end, la “Tribune du prisonnier”. Un avisé de la vie active viendra leur parler des enjeux de leur environnement, du droit chemin et des principes de la vie. Cet avisé pourrait être un prêcheur, un imam, un homme d’église ou toute autre personne pouvant influer sur leur mental et leur quotidien.
Des personnalités y seront également au rendez vous : des vedettes du football ou de la musique des leaders d’opinion... “Ces personnalités leur rendront visite sur notre invitation. Tout ceci concourt aux objectifs de réinsertion que nous nous sommes assignés”, précisera M. Keïta.
Et dans le cadre de la formation, “SOS du COEUR ” prévoit des évaluations séquentielles à partir desquelles les meilleurs seront récompensés au sortir de la prison. Cette récompense est destinée à leur permettre une meilleure installation individuelle ou par regroupement d’intérêts, en fonction des critères devant être définis conjointement avec l’administration de la prison.
“La formation se fait par rotation d’effectif. Au regard de leur effectif très nombreux, et en fonction des travaux réalisés, une rétribution mensuelle est accordée à chaque prisonnier de l’atelier”, a expliqué M. Keïta.
Il a également précisé que la mission ne s’intéresse pas aux détenus instruits, aux personnalités ou aux dirigeants prisonniers. La formation s’intéresse particulièrement à ceux-là qui ne mesurent pas la dimension des enjeux qui les entourent, les difficultés d’aujourd’hui et les challenges de demain. “Pour cela, nous ambitionnons de leur ouvrir le droit chemin, le chemin de l’avenir, et celui de l’équilibre durable”, a souligné M. Keïta avant d’ajouter : “Nous n’avons pas la prétention de leur offrir un avenir garanti, puisque nous-mêmes nous en recherchons, mais plutôt leur indiquer comment y accéder. Et ceci, à travers la valeur du travail, gage de toute indépendance. Telle est aujourd’hui la mission de notre association "SOS du COEUR."
Dans un avenir proche, l’association “SOS du COEUR ” compte étendre le projet à d’autres capitales régionales du Mali. Pour la circonstance, M. Keïta a vivement remercié le département du ministère de la Justice, particulièrement le ministre lui-même pour toute sa disponibilité et sa qualité d’écoute. Il a aussi invité l’administration de la prison centrale etles bonnes initiatives à se joindre à “SOS du COEUR ” pour qu’ensemble, le défi soit relevé.
Quant au chef de peloton de la prison centrale, M. Moussa DIARRA, il a salué cette donation qui permettra au bénéficiaire de jouir de cet outil dès sa sortie de prison. Il a par ailleurs noté que cette formation va permettre aux détenus de les protéger contre le banditisme, après leur libération.
Mariétou KONATE
Soir de Bamako du 14 décembre 2007