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Manquement grave de l’administration pénitentiaire

Mise en ligne : 31 octobre 2005

Texte de l'article :

Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas.
Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison,
7 fois plus qu’en milieu libre

Manquement grave de l’administration pénitentiaire.

Il s’appelait Saddok et était incarcéré à la maison d’arrêt de Valence dans la Drôme.

Courant Avril 2005, Saddok s’est donné la mort par ingestion de médicaments. Jusque là, rien d’autre que la misère quotidienne d’une prison Française. Seulement voilà, tout n’a pas été tenté pour le sauver. Au contraire même, de graves erreurs ont été commises.
Ce soir là, alertés par les co-détenus de la victime, le service de nuit a fait déplacer le gradé de permanence. Vers 22h30, ils ont constaté que Saddok était inconscient. Les co-détenus ont déclaré qu’il avait pris des médicaments. Deux lettres d’adieux avaient été laissées par le défunt, une pour sa famille s’excusant pour le mal qu’il avait fait, une pour son avocat. Le gradé a décidé d’attendre le lendemain et de ne pas alerter les services médicaux.
A ce moment là, Saddok était toujours vivant.

Moins de deux heures plus tard, le service de nuit faisait revenir le gradé et finalement il se décidait à appeler de l’aide. Quand les pompiers sont arrivés, malgré les tentatives de réanimation, ils n’ont pu que constater le décès.
Qu’est il arrivé pour le gradé fautif ? Rien !
L’administration pénitentiaire par le biais du chef d’établissement fait le dos rond. En l’absence de partie civile, la responsabilité de l’administration et de son gradé n’a pas été remise en cause.
Pourtant un homme est mort. Si les secours avaient été prévenus dès 22h30, Saddok ne serait certainement pas mort. Seulement, c’était sans compter avec l’incompétence et la bêtise d’un gradé qui n’a pas voulu prendre le risque d’une évasion et qui s’est couvert comme ils ont l’habitude de le faire. Malheureusement, cette fois-ci la couverture a été pour le détenu...
Nous exigeons la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite autour de son décès.

L’ormerta continue sur la réalité des chiffres

Depuis le début de l’année 2005, nous avons référencé 70 suicides et morts suspectes ;
En 2004, nous avons référencé 115 suicides et morts suspectes dont 13 en quartier disciplinaire, détention provisoire et suite à des tentatives de suicides ou automutilations
En 2003, nous avons référencé 116 suicides et morts suspectes.
En fin d’année, il y a eu le rapport Terra préconisant une réduction des suicides de 20% en cinq ans...
En 2002, nous avons référencé 122 suicides et morts suspectes.
La création de l’Observatoire des suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org a permis d’interpeller l’opinion publique.

 - « L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers :
 la période correspondant au jugement ;
 le placement au quartier disciplinaire ;
 la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ».
Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.
- « le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement...). ».
Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison
- « Les recommandations sont classées selon leur capacité à réduire le nombre de suicides et leur délai de mise en oeuvre. [...] un objectif national de réduction du suicide en milieu pénitentiaire doit être fixé. Nous proposons de viser une réduction de 20 % en 5 ans du nombre de personnes détenues décédées par suicide. ».
Recommandations du 11 décembre 2003 du Rapport de Jean-Louis Terra sur les suicides en prison

Contact Presse : Charlotte Paradis
tél. 06-62-85-62-97 mail. redaction@banpublic.org