Edition du dimanche 3 janvier 2010
La veuve de Jacques Bouille dépose plainte
L’ancien maire UMP de Saint-Cyprien s’est pendu en cellule le 24 mai dernier
« Il y a suffisamment d’éléments dans ce dossier pour aller plus loin afin de savoir ce qui s’est passé. » Me Bernard Dartevelle, avocat à Paris, a déposé courant octobre une plainte pour « homicide involontaire » auprès du procureur de la République de Perpignan, à la suite du suicide en prison de Jacques Bouille, le 24 mai dernier.
Une procédure déclenchée à la demande de la veuve de l’ancien maire de Saint-Cyprien, écroué le 17 décembre 2008 dans le cadre de l’enquête menée sur les multiples malversations mises au jour.
« J’assiste une femme qui est extrêmement atteinte par le décès de son mari, et qui estime qu’il y a des responsabilités », explique Me Dartevelle. « L’état de santé psychologique de Jacques Bouille était extrêmement détérioré, ce qui était connu de l’administration pénitentiaire, des juges d’instruction et du procureur de la République » poursuit-il.
« L’alerte avait été donnée à de multiples reprises, explique l’avocat. Un mois avant sa mort, Jacques Bouille a fait l’objet d’une sanction disciplinaire, pour avoir accumulé dans sa cellule des neuroleptiques détournés de son traitement. C’est la méthode classique et archiconnue de l’administration pénitentiaire qu’utilisent un certain nombre de détenus voulant se suicider. »
Dans ce contexte, l’avocat s’étonne qu’on ait laissé à Jacques Bouille le cordon de son peignoir qu’il a utilisé pour se pendre le 24 mai dernier, vers minuit, au centre pénitentiaire de Perpignan.
« J’ai bien reçu cette plainte, et j’ai demandé aux avocats de me fournir des pièces complémentaires », a confirmé Jean-Pierre Dreno, le procureur de la République de Perpignan. « Je ne pourrai me prononcer sur les suites à y donner qu’en ayant eu ces éléments. »
Le parquet de Perpignan avait ouvert une information judiciaire pour « recherches des causes de la mort » après le décès de Jacques Bouille : l’enquête est toujours en cours. Faut-il voir dans cette plainte une tentative de déstabilisation des magistrats en charge de l’enquête sur Saint-Cyprien ? Me Dartevelle s’en défend. « Il y a quand même indirectement dans cette plainte une mise en cause des autorités judiciaires et pénitentiaires », admet-il. « Je n’ai aucune acrimonie contre les magistrats, mais je fais mon devoir d’avocat. L’institution judiciaire doit rechercher la vérité sur ce drame, comme sur les autres faits concernant Saint-Cyprien. Et ce travail doit se faire sans haine ni passion. »
François BARRÈRE