« Une situation intenable »
Pendant la mutinerie, la femme d’un détenu de Moulins a raconté par téléphone à « Libération » la tension quotidienne dans l’enceinte de la centrale.
« En avril, le collectif de détenus avait écrit un texte de revendications. Ils voulaient attirer l’attention sur leurs conditions de détention, montrer que la situation est intenable. C’était à la suite de la fermeture totale et brutale des portes des cellules. Depuis, les prisonniers doivent passer par un surveillant pour le moindre acte de la vie quotidienne. Même pour aller à la douche, il faut demander l’autorisation. Ils ne peuvent plus se retrouver pour discuter, échanger. De plus, ils sont constamment observés, surveillés par des caméras. Dernièrement, ils ont installé des portiques de sécurité si sensibles que les surveillants ne peuvent même pas s’en servir. Tout ceci pour dire qu’il n’y a plus d’espace de respiration. On nous dit qu’il y a des gens dangereux, des psychopathes ; oui, il y a là, comme dans toutes les prisons une concentration de cas psychiatriques. Et, surtout, il y a des gens qui n’attendent plus rien, qui n’en peuvent plus. Ce qui s’est passé est une révolte au sens suicidaire du terme. Je n’ai jamais connu une ambiance aussi oppressante, aussi pourrie dans aucune prison. Dimanche, au parloir, la tension transpirait. Avec les autres femmes de détenus, nous nous sommes dit : "c’est sûr, il va se passer quelque chose". »