A la demande de la maison d’arrêt de Tulle, Entr’AIDSida-Limousin organise en prison des séances d’information sur le VIH et des ateliers de création de supports à la prévention.
« Le sida ne se voit pas à l’œil nu » ; « Cela n’arrive pas qu’aux autres », « L’euro, parlons-en, le sida, pensons-y »..., tels sont quelques-uns des slogans imaginés par les Taul’arts pour lutter contre le VIH.
L’aventure a démarré en 2000, à la suite de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Des bénévoles de « La petite asso qui se bouge », comme elle se surnomme, étaient intervenus pour une action d’information : projection d’un film, puis débat sur les modes de contamination, les traitements, les conduites à risques, les relations malades-entourage, etc. Bien accueillie par les détenus, cette action a suscité l’envie de développer un partenariat régulier avec Entr’AIDSida et de « sensibiliser la population pénale par d’autres moyens de communication, les rendant acteurs de projets de prévention primaire », comme le résumait alors Florence Alligier, conseillère d’insertion et de probation. Un atelier de dix séances d’une heure trente a ainsi été monté à la maison d’arrêt et un graphiste a été recruté. Résultat : 10 000 exemplaires de cartes postales et 6 500 marque-pages portant au dos les numéros d’organismes spécialisés ont été imprimés. En 2002, ce sont cinq modèles de stickers, deux d’enveloppes décorées, deux affiches et un jeu de 32 cartes à jouer sur le sida, les hépatites ou la drogue qui ont été réalisés. « L’atelier a été relancé à la demande des détenus. Outre l’intérêt pour le sujet, ils y trouvent un espace de liberté, témoigne Stéphanie Besse, coordinatrice. Nous les laissons, en effet, dessiner comme ils l’entendent et ne faisons que vérifier la justesse du message. » Les supports sont ensuite distribués intra-muros, mais aussi sur la région via l’association. « Les détenus apprécient beaucoup que le projet sorte », souligne-t-elle. Et de compléter : « C’est vraiment l’un des publics les plus attentifs et impliqués que nous ayons. »
Zoom sur les risques de transmission. Avant chaque nouvel atelier, une séance d’information sur le VIH, le VHC, la toxicomanie et les MST est organisée, et les débats sont très animés. Néanmoins, il n’est pas question de faire référence à la présence de drogues en prison ni de divulguer des techniques pour décontaminer du matériel d’injection. « Aussi, explique la coordinatrice, nous insistons sur les risques de transmission pour éviter les contaminations. Par exemple, sur le fait que le VHC est résistant à l’air libre, que divers supports peuvent contenir le virus, que les symptômes de la maladie ne sont pas visibles... »
Aborder la sexualité avec les détenus ne pose pas de difficultés particulières à l’équipe. Généralement incarcérés à Tulle pour de courts séjours, ces derniers l’envisagent plus par rapport au futur qu’au présent. A ce jour, aucune demande concernant une sexualité intra-muros n’a été formulée. « Les détenus parlent de l’extérieur, de ce qu’ils faisaient avant et de ce qu’ils feront après », résume Stéphanie Besse. Aussi prennent-ils sans difficulté les préservatifs qui leur sont donnés, « pour plus tard ». Enfin, pour toucher leurs proches et faire le lien avec l’extérieur, Entr’AIDSida fournit à la maison d’arrêt des préservatifs qui sont mis à disposition dans l’espace d’accueil des familles.
F. R.