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N°32 - Parler du tatouage en prison

Mise en ligne : 17 septembre 2006

Dernière modification : 18 septembre 2007

Texte de l'article :

Créée en 1998, l’association Axis a mené diverses interventions de prévention du VIH et du VHC en milieu carcéral. Coresponsable de cette association toulonnaise, qui a monté un relais enfants-parents en 2002, Mylène Baudry narre comment, en 2005, elle est intervenue dans deux établissements avec une tatoueuse.

« Alors que nous avions suspendu nos interventions en milieu carcéral depuis deux ans, nous avons repris car la Ddass du Var manquait d’intervenants. Nous avons alors notamment mis en place une action avec une tatoueuse, qui a une boutique à Toulon, sur les centres pénitentiaires de Draguignan et de La Farlède - action que la Ddass entend renouveler. En détention, il y a beaucoup de pratiques de tatouage, de scarification, d’introduction d’objets sous la peau, tels des dés polis. Ces pratiques spécifiques posent des problèmes d’hygiène et de risques différents de ceux rencontrés à l’extérieur. Il est important de le savoir pour être efficace.
Tous les détenus, soit environ 50 personnes, étaient volontaires. Le projet était le même sur les deux établissements mais les actions se sont déroulées différemment. À La Farlède, le responsable de l’Ucsa avait notamment demandé à ce qu’un membre de son personnel soit présent, alors que celui de Draguignan, qui était tout à fait favorable à l’action, n’a mandaté aucun représentant pour y assister.
Faire entrer un intervenant extérieur en prison amène de la fraîcheur. De plus, les détenus se sentent en confiance car davantage persuadés de l’absence de lien avec la pénitentiaire. Carole, la tatoueuse, a expliqué au groupe les principes de la stérilisation, la façon dont elle procède dans sa boutique, même si les détenus n’ont pas accès aux produits nécessaires. Cela oblige d’ailleurs à insister sur le fait que le seul moyen d’éviter les contaminations est d’avoir des aiguilles personnelles. Mon intervention tournait surtout autour des questions d’hygiène, des modes de contamination et de l’usage de l’eau de Javel. Carole, elle, a davantage abordé des thèmes tels que les raisons pour lesquelles on se tatoue, la manière de procéder, etc. Cela a suscité des échanges très riches sur les motivations et les pratiques. Le fait d’avoir animé ce groupe avec une professionnelle des tatouages et du piercing a vraiment permis d’offrir un autre niveau d’information, plus à même de favoriser la prise de conscience personnelle. Or c’est là tout le rôle de l’éducation à la santé : informer au maximum pour qu’ensuite la personne fasse son chemin. »

Contact : +33(0)4 94 92 86 86 - associationaxis@wanadoo.fr