« Réapprendre le quotidien en gérant la maladie »
Nathalie Vallet, travailleuse sociale à l’Association réflexion action prison et justice (Arapej).
« Dans le cadre d’aménagements ou de suspensions de peine, nous voyons beaucoup de personnes dans le déni de leur maladie. Le temps de la détention a été pris comme un temps de mort et elles veulent rattraper les années perdues. Elles arrêtent leurs traitements pour se lancer dans une nouvelle vie. À l’inverse, d’autres sont dans une surmédicalisation. La vie à l’extérieur leur paraît si dure que le seul refuge trouvé est la maladie. Elles se sentent mieux à l’hôpital où elles retrouvent une sorte de cocon. Bien sûr, la prison n’était pas un cocon, mais certains y ont vécu très longtemps et se disent “fondus dans les murs”. En prison, on est infantilisé. À la sortie, on n’a plus ni repères dans le temps ni dans l’espace ni dans la relation aux autres. Il faut réapprendre le quotidien tout en gérant la maladie. »