Au mois de mars, en plein délire politico-sécuritaire a eu lieu le procès de mon mari et de son frère. Témoignages fantasques, preuves plus que légères et dossier instruit uniquement à charge : la justice parle. Mais quelle justice ? Celle des nantis, qui laisse courir les pédophiles des milieux aisés, celle des politiques qui détournent des milliards et qui s’auto-amnistient ? Qui voit-on dans le box des accusés sinon des pauvres, qui incarcère t-on ? Et pourquoi ? On distribue allègrement des peines de plus en plus longues parce qu’il faut bien qu’il y en ait qui paient pour donner l’impression au citoyen moyen que la justice fait son travail. Lui faire oublier un peu trop facilement qu’il vote pour ceux qui le volent. L’avocat général a donné 20 et 25 ans à des hommes qui ne sont même pas accusés de crimes de sang. Puis Monsieur l’avocat général est rentré tranquillement chez lui, heureux de son travail accompli. "Dis maman, il revient quand papa ?"
Nous les mères, il nous reste quoi en face de nos enfants sinon un dégoût, une haine profonde pour le système et une immense lassitude. Mais l’avocat général dîne et le monde se tait. C’est l’heure du silence et de la main de l’enfant qui se pose sur votre bras, votre enfant fatigué par sa journée d’école et qu’il vous faut encore et toujours rassurer. "Maman, c’est les méchants qui l’ont mis en prison à papa ?" Peut-être, je ne sais plus, où est le mal, ou est le bien, alors que dans les prisons des hommes et des femmes meurent à petit feu, alors qu’on les humilie, qu’on les sépare de leurs proches, qu’on les enferme dans la petite mort des longues peines qui s’est substituée "brillamment" à la guillotine. Jacques L. de la Haye avait écrit "La guillotine du sexe", il y a aussi celle de l’âme, celle de la dignité, celle des sentiments.
Leslie Wisse Laroche
Arte a en projet de réaliser une émission qui montrera les conditions de vie d’une famille de détenu à travers trois pays différents : La France, l’Espagne et l’Allemagne. Nathalie devrait participer à ce reportage, en espérant que cette fois ci, elle ne sera pas "censurée" comme nous l’avons été à chaque télé ou à chaque article. Nous avons été également "oubliées" des plateaux de l’émission "Les maternelles" sur la Cinq qui nous avait pourtant rencontrées, mais qui au dernier moment, a préféré l’association des Relais enfants parents.
Oubliés aussi du magazine Politis dans son grand reportage sur le maintien des liens familiaux, la journaliste s’étant pourtant engagée avec Nathalie pour nous assurer de notre participation à cette enquête. La télé comme la presse font partie du système huilé de la médiatisation, peut-être ne sommes-nous pas assez "politiquement correctes". A suivre...