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Nouvel examen de demande de suspension de peine de Nathalie Ménigon

Mise en ligne : 27 mars 2004

Texte de l'article :

LILLE (AFP) - 26/03/2004 07h10

La juridiction nationale de libération conditionnelle examinera vendredi à Paris la demande de suspension de peine pour raisons de santé de Nathalie Ménigon, 47 ans, ancienne membre du groupe terroriste Action directe (AD), dépressive et malade.

Cette demande, rejetée à deux reprises, en octobre 2002 et en novembre 2003, n’a toutefois que très peu de chances d’aboutir, selon l’un de ses avocats, Me Jean-Louis Chalanset, qui la défendra vendredi au cours de l’audience qui ne sera pas publique. "Nous demanderons de nouvelles expertises afin de déterminer l’origine de ses accidents cardio-vasculaires", a précisé Me Chalanset.

Selon lui, Nathalie Ménigon, incarcérée à Bapaume (Pas-de-Calais), est partiellement hémiplégique à la suite de ces problèmes cardio-vasculaires et souffre d’une "dépression évidente", mais les expertises médicales réalisées jusqu’à présent sont "contradictoires et lacunaires", alors que la justice en exige au moins deux "concordantes".

Me Chalanset s’attachera donc à "démontrer ces contradictions". Il s’appuiera notamment sur l’attestation d’un cardiologue qui affirme que les médicaments prescrits à Nathalie Ménigon (une douzaine de molécules différentes, ndlr) peuvent être "dangereux" voire "contre-indiqués", tout en estimant "que son état de santé est compatible avec sa détention".

Comme trois autres anciens d’Action directe, Joëlle Aubron, 44 ans, Jean-Marc Rouillan, 51 ans, et Georges Cipriani, 53 ans, Nathalie Ménigon a été condamnée à la détention à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans, notamment pour l’assassinat du PDG de Renault Georges Besse et celui de l’ingénieur général René Audran.

Elle est la seule à avoir demandé une suspension de peine jusqu’à présent. L’avocat Bernard Ripert, qui la défend également, comme les trois autres depuis leur arrestation en 1987, a toutefois annoncé qu’il ferait prochainement une demande pour Joëlle Aubron et Jean-Marc Rouillan.

L’état de santé de Georges Cipriani, 53 ans, incarcéré à la centrale d’Ensisheim (Haut-Rhin) après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, ne lui permet pas de demander de suspension de peine. La loi du 4 mars 2002 exclut les maladies psychiatriques et psychologiques, ce qui pèse aussi dans le cas de Nathalie Ménigon.

Un collectif de soutien aux anciens d’Action directe, emmené par Alain Pojolat, a appelé à manifester mercredi devant l’administration pénitentiaire à Paris. Il espère "élargir la mobilisation" en recevant notamment le soutien d’associations et de partis politiques de gauche pour réclamer "l’application de la loi Kouchner pour tous".

Selon M. Pojolat, Nathalie Ménigon, qu’il a rencontrée dimanche à la maison d’arrêt de Bapaume, "a été très ébranlée d’apprendre l’état de santé de Joëlle Aubron et Jean-Marc Rouillan, (atteints d’une tumeur au cerveau et d’un cancer des poumons, ndlr) mais elle veut continuer à résister pour eux"