Parloir, Théâtre-Récit de Pépito Matéo
Pépito Matéo, conteur et jongleur de mots, commence une nouvelle pérégrination dans l’univers de la prison, un lieu qui concentre tout ce que nous voulons cacher de nos peurs par manque de réponses : l’exclusion, la misère, la violence, la perte d’identité, la folie... Ses ateliers d’expression autour de la parole à la prison de Fresnes ont constitué le premier terreau de son écriture, moyen d’évasion et d’affirmation de la réalité. La parole du conteur le rend libre de passer à travers le temps et l’espace pour raconter les histoires des autres et réinventer un monde de l’enfermement, avec ses peines et ses délits, ses exclusions, ses injustices et une réinsertion improbable. La création s’appellera Parloir : un mot qui résonne fort pour une écoute grave et drôle, confidentielle et en pleine lumière. Parloir, un spectacle sur l’espoir pour mieux savoir ce que coûte la liberté.
Le travail artistique de Pépito Matéo
J’ai toujours été touché par cette question de l’enfermement, de la privation de liberté. Les questions de normalité, de frontières, de légalité et de punition, de droit et de devoir n’ont jamais été pour moi faciles à appréhender, en regard d’un monde basé sur l’injustice. Trouver ma place n’a jamais été simple et mon métier d’artiste s’est construit petit à petit à partir d’une ré-interprétation imaginaire de la réalité.
C’est pourquoi aborder la prison aujourd’hui est, pour moi, l’occasion de réfléchir au politique, à la violence, à la marginalisation, mais aussi plus personnellement au sens que l’on donne à sa vie et à l’écriture comme moyen d’évasion et d’affirmation de la réalité. Après mon spectacle sur les « Urgences » à l’hôpital, j’avais envie de creuser ce travail qui consiste à mettre en histoires le monde qui va mal et à approfondir cette double forme entre narration et théâtralité. La maison du Conte à Chevilly-Larue m’a proposé de mener des ateliers d’expression autour de la parole en milieu carcéral.
Ces rencontres avec des hommes et des femmes incarcérés ont été très intenses.
J’ai pu mesurer combien les mots pouvaient déclencher de force, de dignité, d’écoute, d’espoir entre réel et imaginaire et l’importance pour les gens détenus de n’être pas oubliés par nous.
Les histoires entendues, les impressions vécues, les émotions ressenties et les rires libératoires m’ont définitivement convaincu de l’importance d’écrire un spectacle pour parler de ce milieu comme un révélateur des maux de notre société.