Pour un contrôle permanent des prisons
Un débat organisé par le groupe Mialet, le 27 novembre, à Rennes
En présence de Michel Hunault, Francis Teitgen, Jean-Jacques Promsy et Gérard Le Gal, hier à Rennes
Coïncidant avec la semaine nationale des prisons, un débat sur les conditions de détention a réuni 150 personnes passionnées, hier, à Rennes. Anciens avocats, Michel Hunault et Francis Teitgen ont plaidé pour un contrôle permanent exercé par les citoyens, les politiques et la presse.
De la fille de détenu devenue travailleuse sociale, « qui n’avait pas le droit de toucher son papa au parloir », à la magistrate en retraite, en passant par la bénévole au service des familles de détenus, il y avait du monde, hier, à Rennes. Pour un débat, organisé par le groupe Mialet, qui réunit d’anciens détenus dont, à l’origine en 1998, Loïck Le Floch-Prigent (affaire Elf) et l’ancien maire d’Angoulême, Jean-Michel Boucheron.
« Il y a chez nous des gens, qui se reconnaissent coupables et d’autres, qui plaident leur innocence, résument Jean-Jacques Promsy et Gérard Le Gal, responsable national et régional. Ce qui nous réunit, c’est le constat d’échec de la prison, école de la délinquance. Les États-Unis, qui incarcèrent en proportion dix fois plus de citoyens que la France, ne sont pas, pour autant, devenus un pays où règne la sécurité... »
Pour revenir à l’Hexagone, le groupe Mialet avait invité deux avocats de formation : Michel Hunault, député européen, et Francis Teitgen, vice-PDG du journal Ouest-France, « engagé dans l’amélioration du sort des prisonniers, même si, ce n’est pas vendeur, parce que nous croyons en la nature humaine ».
Gaël Roblin témoigne
Mettre davantage de moyens (immobiliers, mais surtout humains : psychologues et travailleurs sociaux), pour assurer la réinsertion, meilleure ennemie de la récidive ? La réunion a, naturellement, prêché des convaincus. « Mais n’oublions jamais la force de l’opinion publique, tempère Michel Hunault. Les prisons ne constituent pas une priorité, ce n’est pas très électoraliste. La prison est d’abord faite pour sanctionner, pour protéger la société. Il faudra pourtant y mettre de l’argent public, pour soigner les troubles mentaux et préparer la sortie des détenus ».
Lors d’un débat, où il aurait fallu inviter magistrats et administration pénitentiaire, concernée au premier chef, on a entendu le militant breton Gaël Roblin, condamné à trois ans de prison pour association de malfaiteurs. Il a eu l’intelligence de ne pas s’appesantir sur « son » affaire (qui fait d’ailleurs l’objet d’un appel). Pour décrire ses quatre années de détention provisoire. « Et ces six minutes passées devant le cercueil de mon père, dans mon village des Côtes d’Armor, encadré par six malabars ».
D’où viendra la solution, sans attendre une hypothétique loi pénitentiaire repoussée par le législateur en 2002 ? « Le salut viendra de l’Europe et d’un processus de contrôle collectif et permanent des lieux de détention », concluent Michel Hunault et Francis Teitgen.
Michel TANNEAU
Source : maville