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Pourquoi et comment Eric Blaise est-il mort en détention ?

Mise en ligne : 22 avril 2006

Texte de l'article :

La famille ne croit pas à la thèse du suicide
La dernière lettre d’Eric ainsi que les photos prises par la famille à la morgue confirment qu’il n’avait pas l’intention de se donner la mort et que les hématomes visibles semblent au contraire indiquer que des violences lui ont été portées.

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Photo prise à la morgue : Eric Blaise

La famille a posé un certain nombre de questions à l’administration pénitentaire ainsi qu’au substitut du procureur. La quasi totalité des interrogations sont restées en suspens et les réponses apportées sont pour le moins inconstantes : selon les autorités Eric se serait donné la mort en se projetant contre les murs de sa cellule, la responsabilité de l’administration pénitentaire a été écartée d’emblée.

1) Où Eric est-il mort ?
L’adminsitration pénitentiaire dit qu’Eric avait été affecté au bâtiment D1.

S’il est décédé dans ce bâtiment de détention dite normale, cela signifie qu’il avait un numéro d’écrou, un numéro de cellule (qui n’ont jamais été communiqués) et des codétenus. Ces personnes peuvent donc être facilement entendues pour témoigner sur les circonstances du décès.

S’il est décédé dans un autre bâtiment (en quartierr d’isolement ou en quartier disciplinaire), quel motif a été le motif de son déplacement ? Que s’est-il passé et qui a pris la décision de ce transfert ? Dans quel autre bâtiment a-t-il été amené, dans quel état et dans quelles conditions ? Il y a forcément des rapports de surveillants en fonction à ce moment-là facilement accessibles.

2) Quel a été le rôle des médecins ?
A son arrivée à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, Eric a-t-il vu un médecin, comme le prévoit la loi ? Si oui, quel est le nom de ce médecin, et a-t-il prescrit des médicaments à Eric, dans l’affirmative, lesquels ?

S’il n’a pas vu le médecin, pourquoi ? Qui lui a alors donné les médicaments dont il parle dans sa lette ? Quels sont ces médicaments ?

Selon les dires de monsieur Skurtis, substitut du procureur d’Evry, il y a eu intervention des pompiers et de médecins "à plusieurs reprises" dans la nuit du samedi au dimanche 13 novembre 2005. De quels pompiers et de quels médecins s’agit-il ? Par qui et pourquoi ont-ils été appelés ? Qu’ont-ils constaté, qu’ont-ils fait ? D’autant plus que, selon la direction de la prison, le corps d’Eric aurait été découvert "sans vie" "en lui apportant son petit-déjeuner, à 7 heures du matin", le dimanche 13 novembre.

3) pourquoi l’administration pénitentiaire a-t-elle attendu tant de temps avant de prévenir la famille ?
A 17 heures, la famille a reçu un appel téléphonique de la direction de Fleury-Mérogis, lui disant : "En portant son petit-déjeuner à 7 heures ce matin, on a retrouvé votre fils décédé, et maintenant on va lui faire une autopsie." Pourquoi avoir attendu 10 heures pour prévenir la famille alors qu’ils auraient dû le faire immédiatement ? pourquoi avoir fait attendre la famille trois jours avant de lui donner la possibilité de voir le corps au funérarium de Sainte Genneviève des bois ? Pourquoi la famille n’a-t-elle toujours pas le rapport d’autopsie ? Pourquoi l’administration a-t-elle restitué les effets personnels d’Eric lavés, repassés, pliés, à l’exception de sa casquette fétiche, qu’il avait avec lui et qui a disparu ?

Toutes ces questions restent à ce jour sans réponses alors qu’elles ont été posées à une administration structurée qui consigne par écrit tous les événements qui se produisent dasn l’enceinte de ses établissements.

La famille a donc porté plainte contre X avec constitution de partie civile pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans une intention de la donner qui pourrait être requalifiée en non assistance à personne en danger. L’avocat de la famille d’Eric Blaise est maître Nathalie Barbier, du barreau de Bobigny (cabinet : 67 avenue Jean Jaurès, 93700 Drancy. tel 01 48 96 12 99, fax 01 48 96 08 78)

Parallèlement, la famille a contacté plusieurs parlementaires afin de saisir de cette affaire la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité pour qu’une enqête administrative interne soit diligentée. Monsieur Robert Badinter, sénateur des hauts de Seine, y a répondu favorablement, et madame Nathalie Duhamel, membre de la CNDS, a confirmé l’ouverture de l’enquête.

La doyenne des juges d’instruction du TGI d’Evry a ordonné l’ouverture d’une instruction.