Veuillez trouver un lien vers le site complet de l’ouvrage : http://www.construirelabolition.new.fr
‘’Construire l’abolition, vers la prison constitutionnelle’’
analyse + proposition architecturale
par Pierre Sartoux et Augustin Rosenstiehl architectes
Identité, appartenances sociales, travail et activités, urbanité. Comment faire triompher ces notions dans les prisons françaises lorsque l’on sait que la plupart de ces établissements fonctionnent sur des principes qui ont cessé d’évoluer depuis plus d’un siècle. Dans l’application, la peine privative de liberté est souvent transformée en un concept étroit d’isolement total. La grande rationalisation de cet isolement, inspirée principalement d’un modèle panoptique persistant, atrophie la notion de tissu social et participe à la réification des individus incarcérés. La sanction dérive et devient punition.
L’étude ’’Construire l’abolition, vers la prison constitutionnelle’’ vise à mettre en œuvre une série d’alternatives face au sort univoque qui est réservé aux détenus. L’inventivité architecturale se met en branle pour valoriser la notion de société dans des esprits contraints : en redonnant une place légitime à tous les principes élémentaires de vie et de comportement, en rendant possible à l’intérieur des murs une vie en collectivité basée sur les structures sociales normales.
A travers de nouvelles typologies architecturales, cette proposition vise à relier pleinement prison et cité dans une relation urbaine immédiate et selon une programmation transversale. Ce « retour en ville » de l’établissement carcéral exige une redéfinition de ses limites, de sa fréquentation par les non-détenus, et surtout la redéfinition de son expression symbolique en tant que nouveau bâtiment de service public.
La dimension donnée à l’urbain dans cette proposition consiste à passer de la ville à la cellule en définissant une série d’échelles lisibles et bien hiérarchisées. Le principal lien ville-prison se construit en qualifiant précisément chaque espace extérieur et le rapport des bâtiments entre eux. Les habituels no man’s lands des prisons contemporaines sont ici investis comme de véritables espaces appropriables.
Cette recherche interroge également sur la place des différents acteurs de la prison. L’architecture totalitaire du Panopticon idéal est écartée au profit d’une expression architecturale traduite des multiples modes de gestion de la vie carcérale : surveillants, travailleurs sociaux, autogestion des détenus, employeurs publics et privés et enfin associations internationales trouvent tous une place équitable au sein du projet. Cette idée de gestion multiple influe sur tout l’espace de la prison en diversifiant les lieux et leur fréquentation.
A partir de ces principaux objectifs, notre proposition se développe essentiellement par traitements de contraintes issus de disciplines artistiques et géométriques ; et à titre expérimental de nouveaux outils producteurs d’architecture sont proposés.
Ces jeux de contraintes architecturales et urbaines permettent d’enrichir la manipulation des degrés de liberté, d’activité, de contact entre les différents types de peine. Ce cadre stimule le détenu et l’encourage à se donner différents objectifs personnalisés, à se créer lui-même, avec l’aide de son encadrement social, un parcours spécifique (géographique et temporel) au travers de sa peine.
En se penchant sur le cas de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, notre équipe fait face à la plus grande et sans doute la plus controversée des maisons d’arrêt d’Europe. L’intervention (réhabilitation ’ reconversion) sur un établissement existant offre l’opportunité de confronter des conceptions de la détention et des états d’esprit très différents.
Pierre Sartoux et Augustin Rosenstiehl architectes
101 rue Damrémont
75018 PARIS
courriel : atelier.soa@wanadoo.fr