Impossible de rester sans voix
L’APRESS ne pouvait rester dans le  silence face aux résultats électoraux qui placent Le Pen au second tour des  Présidentielles. Tout simplement parce que les principes et les pratiques  démocratiques de fonctionnement de l’économie sociale et solidaire sont menacés,  dans leur essence même, par la gravité de la situation politique nouvelle. De  fait, une idéologie sécuritaire et xénophobe, qui réunit 20% des suffrages  exprimés, ne peut que remettre en cause la légitimité de l’engagement  mutualiste, coopératif, associatif. 
On sait, en feuilletant les pages  les plus brunes de notre histoire, comment furent réprimés les militants et les  citoyens qui ont refusé l’embrigadement, l’enrôlement et la militarisation des  esprits. On peut aussi se souvenir, et l’époque est propice pour le faire, que  nos structures sont nées des résistances ouvrières, des mouvements de solidarité  et de la volonté de ne pas plier devant les diktats imposés par le patronat de  ce XIXe siècle qui ne voyait en l’homme (et la femme) qu’une machine à  exploiter. On constate aussi, aujourd’hui, que cette extrême-droite ne cesse de  se renforcer en Europe, en Autriche, au Danemark, en Italie, car elle a su  revêtir des habits propres et prendre l’apparence de la respectabilité. Derrière  le nouveau langage de Le Pen, dont les conseillers en communication ont policé  le comportement, pointent sans arrêt des relents de haine et de refus de la  différence.
Parce que nous sommes différents, que nous revendiquons notre  différence économique et sociale, parce que nous sommes avant tout des  humanistes, acteurs et réseaux de l’économie sociale et solidaire, nous ne  pouvons rester silencieux, nous ne pouvons nous draper dans la  neutralité.
Nous ne sommes pas neutres parce que nous vivons et oeuvrons  chaque jour, individuellement et collectivement, pour que l’économie soit au  service de la personne, pour que l’accès aux responsabilités, à la prise de  décision soit une réalité partagée par toutes et tous, pour que la  démocratie vive dans l’entreprise, pour que la participation l’emporte sur  l’autorité, que le dialogue prime sur l’ordre aveugle et arbitraire. Pour toutes  ces raisons, et bien d’autres sans doute, il est de notre devoir de ne pas  laisser passer Le Pen, ni laisser fleurir la violence de son idéologie. Nous  serons aux côtés de ceux et de celles qui combattent le Front  National.
Résolument.
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