Proposition 1 : "Garantir l’intimité et la dignité"
par Roselyne Bachelot [1]
TANT que le principe « un être humain-une cellule » ne sera pas respecté, on ne pourra pas espérer avoir des conditions de vie décentes dans les prisons. Quel autre citoyen empêcherait-on de s’isoler pour faire ses besoins ? Une douche, des toilettes et des produits d’hygiène, c’est le minimum qu’on puisse attendre d’un service public. En prison, une savonnette peut devenir un élément de chantage, voire d’asservissement pour les plus démunis. Il ne s’agit pas de dire : « un savon pour tous », mais de réclamer la gratuité de tous les produits de première nécessité. C’est un pari doublement gagnant : on gagne sur le terrain des maladies dues au manque d’hygiène et on permet aux gens de garder leur dignité. Quand on connaît dans son entourage des personnes qui ont été détenues, l’atteinte à la personnalité est frappante : la prison fait perdre l’estime de soi. On se sent laid, sale. Dans son livre « Une saison dans la nuit », Alain Carignon décrit avec une profonde émotion l’intolérable promiscuité et l’atteinte à l’intégrité personnelle que constitue la prison.
Alors, en attendant les grandes réformes, commençons par les « petites choses » : le respect de l’intimité dans les cellules, le respect de soi et des autres, la sécurité pour les plus faibles. Un changement de comportement de la part de l’administration qui nécessite davantage de volonté que de moyens.
Source : Nouvel Obs