Proposition 10 : "Renforcer le suivi sociopédagogique"
par Hervé Morin [1]
SE LIMITE-T-ON à flatter l’électeur dans le sens du poil en déclarant que le tout-répressif est la solution, ou a-t-on le courage de trouver des solutions pérennes qui font appel à l’intelligence ? A l’exception des grands psychopathes, on ne peut accepter qu’un homme qui a commis une faute, même très grave, soit à jamais banni de la société. Réinsérer les détenus est la priorité absolue d’un système carcéral qui, en leur préparant un avenir, garantit celui de notre société. La prison doit être le lieu où l’on tente de redonner des valeurs et des repères à des hommes qui souvent n’en ont pas.
Puisque tout prisonnier a vocation à sortir, la question que nous devons nous poser, au-delà de la sanction - absolument nécessaire -, est : comment favoriser la réinsertion ? S’en préoccuper, c’est aussi se soucier des victimes potentielles de récidivistes. Trois principes simples me tiennent à cœur. 1) Obligation de proposer une activité aux détenus : formation ou travail. 2) Interdiction des libérations « sèches », qui ne peuvent que favoriser la récidive.
Tout détenu purgera donc sa peine en totalité, en partie en milieu fermé, en partie en milieu ouvert, c’est-à-dire hors de la prison. 3) Renforcement du suivi socio-éducatif des détenus libérés. On a créé plusieurs milliers de postes de policiers et de gendarmes. Combien de conseillers d’insertion et de probation ? Au tribunal de Nanterre, 7 travailleurs sociaux voient passer 3 600 détenus par an !
La mise en œuvre d’une telle politique implique un travail national de pédagogie à l’égard de l’opinion - toujours plus sensible aux discours répressifs et simplistes -, mais aussi un effort financier massif, à l’exemple des pays scandinaves ou du Canada.
Source : Le Nouvel Obs