Proposition 5 : "Revaloriser le métier de surveillant"
par Marie-George Buffet [1]
A PRIORI, rien ne lie le prisonnier et son gardien. Pourtant, des deux côtés des verrous, il y a souvent une profonde souffrance. Personnels et détenus vivent ensemble et sont massivement d’origine modeste. Oubliés et cachés derrière les murs. Promiscuité, insalubrité et surpopulation entraînent mécaniquement un pourrissement des conditions de détention. Et donc des conditions de travail. Surveillants et détenus, tous prisonniers ?
La première exigence des personnels est de sortir de prison ceux qui n’ont rien à y faire : sans-papiers, malades, courtes peines...
Pour permettre à la prison de jouer son rôle, une grande réforme est
incontournable : la revalorisation des métiers, des missions et des moyens sera indissociable d’une réforme de la politique pénale. Faute de quoi
les surveillants deviennent des porte-clés en proie aux violences quoti-
diennes. Des perspectives de carrière doivent être ouvertes par une
formation tout au long de la vie et une diversification des tâches. Il faut encourager les actions en équipes pluridisciplinaires, mettre en cohérence l’ensemble des acteurs de la prison.
La réinsertion doit être assurée jusqu’à l’extérieur des murs de la prison, et le personnel pénitentiaire doit participer à cet accompagnement. Cette revalorisation permettra d’ouvrir une campagne de recrutement à la mesure des besoins. Et d’éviter ces « sorties sèches » qui mènent souvent à la récidive.
Source : Le Nouvel Obs