A la question "quelle prison pour demain ?", des associations auraient-elles trouvé la réponse, "une prison de rêve" ? Le GENEPI invite ses "partenaires" à assister, le 9 mai prochain, à la projection de 3 films de Janusz Mrozowski dont le premier est ainsi décrit : "directeurs de prison, surveillants et détenus imaginent ensemble une prison de rêve...". Difficile de croire que les personnes incarcérées puissent imaginer une prison de rêve. Une prison est l’aveu d’un échec, de plusieurs échecs : l’échec éducatif, l’échec dans la prise en charge des problèmes de santé, l’échec économique qui pousse à la délinquance comme mode de survie... Une prison enlève à la personne une des choses les plus précieuses qui font son humanité : sa Liberté. Alors comment la rendre idyllique ? Le contre sens est insupportable. Le second film est ainsi décrit : "dans une ambiance recueillie et bon enfant, surveillants et détenus partent en car accueillir le pape...". De quoi parle-t-on ? Comme l’indique le titre, il s’agit d’un "pèlerinage pénitentiaire". Que des associations laïques fassent la promotion de ce genre de film a de quoi surprendre. Il est acquis que la Pologne est un pays plus catholique que la France mais en quoi cette expérience polonaise peut-elle inspirer la France ? La forte tradition laïque de la France ne laisse aucune voie au développement de ce genre de pratique en France dans le cadre d’une politique de réinsertion/réintégration des personnes. Les valeurs supposées laïques des associations, partenaires du GENEPI dans le cadre de l’organisation de cette manifestation, ne laisse pas non plus entrevoir qu’il soit possible de s’inspirer de tels modèles. L’intérêt de cette soirée ciné-débat-buffet serait alors donc de se retrouver autour d’un buffet ? Le 3e film est centré sur le programme de réinsertion mis en œuvre dans la prison d’une petite ville de Pologne (on suppose que les 2 films précédents sont des aspects de ce même programme de réinsertion) ; le programme s’appelle : "le mouton noir"... Traduction malheureuse ?
L’association Ban Public, pourtant invitée, refuse d’être officiellement représentée. La question "quelle prison pour demain ?" ne doit jamais masquer l’autre question, fondamentale : est-il juste et indispensable d’emprisonner les personnes ?
La rédaction
Ban Public