RE-PARTIR
C’est renaître d’une terre qui n’est plus la sienne, d’un visage inconnu, de gestes non-découverts, c’est vouloir être Homme dans une Humanité à devenir ou à définir. La prison enlève ou empêche tout cela. Lieu de souffrance et lieu de violence, l’univers carcéral est une poche de haine qui déchire l’âme. Pour grandir malgré la prison, un seul choix : redécouvrir son Humanité.
Pour cela, j’ai choisi les Hommes ; c’est à travers eux que ma conscience s’est forgée, s’est élevée.
Malgré les handicaps, malgré les obstacles, j’ai découvert les Hommes dans leur Humanité et leur lâcheté, avec toujours cet espoir de les voir grandir et se réaliser dans des gestes de générosité.
Dans cet espace de non-liberté, de non-droit, où l’Homme est dégradé, naissent des attitudes de haine et d’amour. Les deux d’essence Humaine se rencontrent et rivalisent. Il faut alors une force exceptionnelle afin de s’extraire de ses sentiments.
Re-partir c’est réapprendre à aimer, à vouloir, à s’orienter, parce que la prison anéantit l’Homme dans toutes ses volontés, dans toutes ses capacités.
Il faut au sortant de prison, une chaîne d’amitié ou familiale pleine d’amour et de compréhension. Afin qu’il puisse se rebâtir, il lui faut des interlocuteurs d’une grande patience et d’une grande intelligence.
La prison m’a libéré de mes excès, elle a également forgé mon caractère par les souffrances vécues, par celles que j’y ai rencontrées, nombreuses et multiples, de voir des hommes et des femmes abandonné(e)s à leur sort, creusant des fossés d’incompréhension, des distances non rattrapables à ceux qui ne savent écouter.
Parce que je crois en la personne Humaine, en sa richesse, j’ai espoir de voir évoluer notre société. Elle ne pourra continuer à se civiliser qu’en acceptant de grandir aussi avec ses délinquant(e)s et faire en sorte de ne pas les perdre à jamais.
Le Président