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Réponse de Bernard Bolze, Coordinateur de la campagne trop c’est trop.

Mise en ligne : 28 avril 2006

Dernière modification : 28 avril 2006

Texte de l'article :

Lyon , le 26 avril 06

A l’attention de Ban Public
Copie au groupe de pilotage et aux associations signataires

Ban Public m’adresse un courriel, lundi 24 février à 13 h, exigeant plusieurs réponses sous 24 h, sous peine du retrait de sa signature de la campagne Trop c’est trop. J’en ai pris acte et demandé un délai par téléphone pour ce mercredi soir.
En substance, et les lecteurs de ce courrier ont reçu celui de Ban Public, cette association me reprochent un manque de transparence financière et une appropriation des choix de communication.

Je présente donc ici la genèse de cette campagne et son mode de fonctionnement, peu habituel dans nos rangs, j’en conviens.

La question de la prison demeure essentielle dans mes préoccupations depuis presque toujours. Pour avoir été détenu, pour avoir accompagné des détenus et pour continuer à le faire. Après avoir imaginé puis créé l’OIP en 1990 et mon départ de l’organisation début 1998, j’ai eu beaucoup d’intérêt pour d’autres sujets préoccupants (le droit d’asile, le droit des étrangers entre autres) mais souhaitais retrouver cette question fondamentale. C’est presque un concours de circonstances qui m’a remis sur ces rails : la demande, par la Ville de Lyon au groupe lyonnais de la Cimade, d’organiser un colloque sur les prisons lyonnaises. Sollicité par ce groupe, j’ai suggéré la question de la surpopulation, puis me suis fait à l’idée de consacrer deux années à cette question.
De façon rémunérée bien sûr : ce n’est pas le soir après son travail que l’on se lance dans une telle aventure. A moi de définir un projet, de solliciter des contributions, de trouver de l’argent.
Ma première idée a été de faire porter cette campagne par un collectif d’organisations : celles réunies dans le GNCP. J’ai rencontré alors Jean-Yves Cado au Secours catholique qui m’a renvoyé pour décision auprès de la coordinatrice du groupe, à la FNARS. Maladresses de ma part ? décalage avec l’objet du GNCP. Il n’a pas souhaité s’engager collectivement, laissant ses membres libres de choisir.
J’ai rencontré Gabriel Mouesca avec l’idée que l’OIP pourrait être intéressé. Malgré des relances, je n’ai jamais reçu de réponse.
La Cimade a simplement accepté de « faire la banque » : encaisser les chèques, régler les factures que je lui présenterais ou que d’autres peuvent lui présenter quand nous en sommes convenus (dans la mesure ou le compte dédié est approvisionné bien sûr !).
J’ai demandé, à la toute première réunion de notre collectif, qu’une ou deux personnes prennent connaissance de ce dossier, valident et contrôlent de la sorte les dépenses. Nul ne s’est engagé à ce jour et ma demande est toujours valable. Je ne doute pas qu’elle trouve aujourd’hui sa réponse.
Les entrées d’argent demeurent marginales (un état exact sera fait demain jeudi et envoyé à tous).

Concernant mon salaire : en l’absence de structure porteuse qui contractualiserait mon emploi, je présente à la Cimade une facture, établie par les Ouvriers qualifiés, la modeste association que je partage avec Julien Poncet pour porter nos travaux militants et professionnels.
Ainsi, les Ouvriers qualifiés peuvent me rémunérer, si l’argent entre, ce qui n’est pas le cas actuellement. Mais je continue à payer l’Urssaf, les Assedic et autres charges.
J’ai donc fait personnellement l’avance de ces sommes depuis la début, dépensé l’argent accumulé depuis des années dans la perspective de l’achat d’un petit logement. L’argent dépensé, j’ai trouvé depuis janvier et jusqu’au 15 juin un travail à mi temps à l’extérieur. Dans tous les cas, mon engagement ira à son terme, finances ou pas.

Concernant le budget de la campagne : plus de 300 000 €, j’ai indiqué à notre collectif que c’était un budget idéal, fait avant de démarrer l’opération en septembre dernier et qu’il n’avait rien à voir avec la réalité que nous constatons depuis. Cela ne semble pas avoir été entendu. Ainsi par exemple, le budget de 42 000 € pour la Rencontre nationale du 14 janvier à Lyon qui a réuni 350 personnes, a été dans la réalité de moins de mille euros. Seules deux personnes, dont l’une de notre collectif, on réclamé le paiement de leur voyage sur la vingtaine de personnes venues de loin, pour des interventions, et à notre demande. Nous n’avons pas payé de chambre d’hôtel, mais mis à disposition nos propres logements etc... Cela a été dit et expliqué. Les deux membres de Ban Public l’ont entendu. Dénoncer l’ampleur du budget après cela et son manque de transparence constitue pour moi un vrai sujet d’étonnement.

Concernant votre exigence « qu’un ancien prisonnier longue peine soit salarié en tant que co-animateur de la campagne », je ne peux que souscrire : j’ai besoin d’assistance et travailler avec les personnes concernées me semble déterminant. Je ne doute pas que vous saurez le trouver mais je peux aussi en présenter : l’un d’eux est venu me rencontrer hier à la recherche d’un emploi. Il fait partie des quelques uns qui ont faire venir un huissier et un géomètre dans leur cellule cette automne et dont la presse s’est fait l’écho. Nous règlerons les questions liées à son contrat de travail et son salaire ensemble selon les suggestions que fera notre collectif.

Concernant le reliquat des sommes restantes à l’issue de la campagne, il va de soi qu’elles iront aux personnes concernées selon les modalités que nous aurons déterminées ensemble.

Concernant les frais de structure, ils appartiennent à la situation idéale décrite plus tôt et la Cimade n’émet aucune revendication de ce côté-là. Je dirais même plus, sa petit équipe se mobilise avec vigueur pour nous aider à trouver des financements.

Concernant les multiples questions budgétaires, je confirme ce qui a été indiqué au dernier collectif auquel deux de vos membres étaient présents : il y a un poste de salarié sur 24 mois, le mien, et l’un de 6 mois, celui de Julien, sur de grosses manifestations. Julien sait aussi être bénévole : il l’était à la demande des Têtes raides, place de la République à Paris contre l’immigration jetable, il organise les futures manifestations des mêmes à Lyon prochainement comme il l’a fait pour Florence Aubenas l’an dernier. Il n’est ni payé par un syndicat, ni par une association comme le sont la plupart des membres de notre collectif. Ce sont de nouvelles formes d’engagement dont il faut tenir compte, au risques et périls de celles et ceux qui s’y engagent qui ne connaissent ni congés, ni week end, ni RTT, ni soirées pour le résultat hypothétique que l’on sait. Et qui ne s’en plaignent pas. Et auprès de qui ?
Concernant le recrutement, j’ai déjà répondu, nous nous auto recrutons, nous créons notre emploi avec la part de risque de ne pas y parvenir.

Concernant les engagements financiers, c’est moi qui les décide, sous contrôle, le vôtre, comme je l’ai déjà appelé de mes vœux. Tous les documents sont accessibles à celles et ceux qui seront désignés pour cela ou qui en font la demande.

Sachez encore qu’un petit groupe de 5 personnes, militants lyonnais insérés professionnellement dans diverses structures réfléchissent une fois par mois que la façon de mobiliser des fonds. Elles ne travaillent pas sur le budget mais sur des cibles et les façon de les mobiliser et de nous recadrer. Sans résultat probant à ce jour. Un exemple : mobiliser le secteur de l’économie sociale.

Concernant l’opération qui consiste à solliciter 9 € auprès de la population des détenus, il s’agit là d’une discussion puis d’une décision collective, qui a fait l’objet d’un compte rendu rédigé par le représentant de Ban Public, et je n’ai pas constaté de désaccord à ce moment là.
Un groupe de travail doit proposer des modalités, qui incluront naturellement un appel à témoignage sur les situations engendrées par la surpopulation. Il n’est pas trop tard pour participer à ce groupe, pas encore constitué. Un appel va être fait prochainement pour cela.

Concernant les actions urgentes, j’entends l’effort pédagogique demandé. Je vous propose de vous inscrire dans le groupe de pilotage à qui je soumets les actions urgentes pour leur donner la lisibilité qui leur manque. Chacun est invité à produire ces actions urgentes. Les critiques se bousculent, jamais encore les propositions.

Concernant le film d’Outreau, j’ai entendu les réserves et proposé de le supprimer de l’offre dans la plaquette à venir, comme y invitent le Genepi et l’AFC.

Travailler en commun, sur une initiative individuelle, réclame confiance et respect. Réclamer des éclaircissements, des précisions est normal et constitutif du jeu démocratique. Les portes sont ouvertes, vous êtes également les bienvenus à Lyon, comme je prends l’initiative de me déplacer constamment .

Je souhaite que cette réponse, qu’elle entraîne ou non votre retrait de la campagne, trouve place sur votre site comme l’a trouvé votre interpellation. 

Bernard Bolze,
Coordinateur de la campagne trop c’est trop.


Campagne pour le respect du numerus clausus en prison
33 rue Imbert Colomès 69001 Lyon
Tél. 04 78 27 90 04 Fax. 04 78 39 35 34
courriel : trop@tropctrop.fr
www.tropctrop.fr
CCP Cimade 503358B Lyon, mention "numerus clausus"