S’être évadé, c’est être condamné..... à mort..... lentement, très lentement....
Après une évasion, après quelques mois, quelques années de liberté..... il faut payer... et très cher pour le prisonnier évadé, pour nous la famille…
Plus d’argent...... les avocats vous lâchent, plus d’espoir de voir sa peine réduite (des demandes de confusions de peines systématiquement refusées). Plusieurs demandes de rapprochement familial (c’est usant et coûteux !! ). Mais quel bonheur de pouvoir parler, échanger.... s’embrasser.
Jusque la semaine dernière mon frère était détenu en centrale. Mai 2003, lors d’une fouille générale, certains prisonniers ont refusé, pour le respect de leur dignité, la fouille au corps par des surveillants cagoulés. La réponse a été immédiate : passage à tabac. L’ensemble des prisonniers ont refusé de regagner leur cellule, il s’agissait donc d’un mouvement collectif.
Plusieurs prisonniers ont été punis, transférés. Mon frère est transféré en maison d’arrêt. J’apprends cela, le lendemain, en passant plusieurs coups de fil. Etre en maison d’arrêt, c’est 1/2 heure de parloir, 1600 km allée/retour, mais pour couronner le tout, il est au mitard, pour 30 jours, une fois de plus, mesure suivie d’une mise à l’isolement. L’argent que nous lui avons envoyé va-t-il lui être donné, il semblerait que cela ne soit pas sur étant donné que nous n’avons pas indiqué le n°d’écrou, bonne blague, on ne le connaissait pas, on n’était même pas sur qu’il soit là-bas, pas de droit aux visites.....
Demander encore et encore, un rapprochement familial, une levée de ces sanctions… mais que faire face aux interdictions de l’Administration pénitentiaire : interdiction de retournée dans une centrale d’où le prisonnier s’est évadé, interdiction d’aller dans une centrale où il y a déjà des prisonniers complices de son évasion, impossibilité d’être en régime normal pour des DPS [1] dans des maisons d’arrêt qui n’ont pas la sécurité suffisante….
La société oublie, que quelque soit le délit commis, tout être humain privé de liberté n’a pas à vivre dans des conditions aussi inhumaines. A quel jeu jouent-ils, 17 ans d’enfermement, n’est-ce pas suffisant..... Est-ce bien utile de nous faire subir, également à nous la famille, toutes ces frustrations, ce chagrin. Ce que Michel vit, tous les « évadés » le vivent aussi, même si par pudeur, ou pour nous épargner ils n’en parlent pas.
Je suis révoltée...... J’enrage, nous, les familles, sommes abandonnées de tout et de tout le monde.