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Personnels soignants en milieu pénitentiaire

Soins médicaux aux détenus du nouveau centre de de détention de Liancourt (collectif des syndicats de Praticiens Hospitaliers)

Mise en ligne : 20 mai 2004

Dernière modification : 15 août 2010

Texte de l'article :

Impréparation, précipitation, irresponsabilité......

Alors qu’il était prévu d’ouvrir un nouveau centre de détention et de fermer l’ancien, avec installation progressive des nouveaux détenus, des informations différentes ont été communiquées oralement à notre Etablissement chargé d’assurer la couverture sanitaire de la prison. La population carcérale serait multipliée par trois et comporterait un quartier de mineurs, augmentant ainsi considérablement la demande de soins. L’ensemble des détenus serait en fait installé au 30 juin, avant l’été. De plus, très peu d’indications sur les moyens affectés pour permettre d’assurer cette nouvelle mission n’ont été transmises en temps utile à notre Etablissement. Comment dans ces conditions assurer le suivi médical et paramédical de cette population, comment permettre la réalisation des explorations complémentaires nécessaires ainsi que la dispensation des traitements médicamenteux...... Sans nier l’inévitable difficulté de la mise en place d’une nouvelle activité de cette ampleur et sans méconnaître la triste réalité des conséquences délétères de la surpopulation carcérale et de sa sous-médicalisation, les hospitaliers ne peuvent qu’exprimer leurs plus vives inquiétudes devant les conséquences prévisibles d’une telle impréparation, d’une telle précipitation, à leurs yeux irresponsables. Alors que les difficultés démographiques médicales et paramédicales déjà bien connues au niveau national sont encore accentuées dans notre région, et plus particulièrement dans notre secteur, il faudrait dégager, dès cet été, trois infirmières supplémentaires pour aboutir ensuite à un chiffre total de huit infirmières, soit pratiquement l’effectif de tout un service...... Doit-on rappeler que l’été dernier, en pleine canicule, notre établissement s’est trouvé contraint de fermer tout un service de médecine pendant plusieurs mois en raison du seul manque d’infirmières, et qu’il en était de même les années précédentes ? Pour les mêmes raisons, de nouvelles fermetures s’imposeront encore l’été prochain, réduisant d’autant nos disponibilités capacitaires, et donc, immanquablement, aggravant les conditions d’accueil aux urgences de nos usagers, voire même le rendant impossible en raison du manque de lits disponibles en aval intra-hospitalier. Choix impossible entre deux missions de santé publique supporté par ce malheureux hôpital qui n’en peut plus de tout accepter et de s’entendre dire qu’il coûte trop cher alors qu’il est soumis, depuis des années, à la maîtrise de ses budgets ! Inquiétude pour ne pas dire colère, alors que l’on prétend trouver réponse à nos maux dans l’application accélérée de la tarification à l’activité qui ne fera qu’accentuer nos déficits en moyens humains et matériels, et dans le bouleversement de notre organisation fonctionnelle supposée a priori être inefficiente en l’absence de toute étude sérieuse sur le bien-fondé de ce postulat anti-médical. Pense-t-on véritablement régler ainsi le malaise des hospitaliers et permettre à nos services de soins d’accomplir leurs tâches de manière satisfaisante ?

Intersyndicale des personnels non médicaux (CGT-FO-CFDT)
Collectif des syndicats de Praticiens Hospitaliers