Publié le lundi 29 octobre 2007 | http://prison.rezo.net/la-derive-de-la-politique-penale/ La surenchère des derniers mois en matière de propositions de lois et de déclarations d’intention laisse la curieuse impression d’une politique pénale et pénitentiaire à la dérive. Pas moins de 3 lois ont été votées ou bien sont en cours de discussion ou d’élaboration : la loi renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs, la loi instituant un contrôleur général des lieux de privation de liberté, la "grande loi" pénitentiaire. Quant aux déclarations du gouvernement sur de possibles évolutions législatives, elles ont le plus souvent suivi de très près les faits divers. Le projet de loi renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs, a été déposé dès juin 2007 au parlement, alors que la loi du 12 décembre 2005, relative au traitement de la récidive des infractions pénales, n’a pas encore été évaluée. Il est à noter que les décrets et arrêtés relatifs au placement sous surveillance électronique mobile, introduit par la loi de décembre 2005, n’ont été pris pour certains qu’en septembre 2007... donc après le vote de la loi renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs. Comment, dans ces conditions, prendre une nouvelle mesure qui aurait vraiment un sens par rapport à une mesure antérieure ? Comment, dans ces conditions, imaginer que de nouvelles mesures puissent avoir une autre logique que celle de satisfaire l’opinion publique, ou plus exactement les intentions que l’on veut bien prêter à cette opinion ? De la même façon, il n’y a aucun recul sur l’application de la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, qui pourtant, par certains de ses aspects, concorde avec les objectifs poursuivis par la loi de cet été. Concernant les déclarations d’intention, qui ont presque systématiquement fait suite à des faits divers, elles sont alarmantes. Le 20 août, le président de la République a proposé d’enfermer à vie, dans des "hôpitaux prisons", les personnes auteurs d’infraction à caractère sexuel, présentant un risque de récidive à leur sortie de prison. Enfermer une personne au motif qu’elle présenterait un risque de récidive revient à prendre une décision sur la base de supputations et non de faits, ce qui semble contraire au droit. Il s’agirait, selon des déclarations faites le 26 octobre, de mettre en place une "rétention de sûreté" dans le cadre de "centres socio-médico-judiciaires de sûreté". La souffrance des victimes est mise en avant pour justifier de telles propositions. Mais, il s’agit sans doute plus d’une politique spectacle où la souffrance des victimes est instrumentalisée et non pas véritablement respectée. Traiter dignement les victimes ce n’est pas apporter des réponses dans la précipitation, dont on sait qu’elles sont davantage un effet d’annonce que la garantie de vraies mesures productives. Il est facile d’exploiter l’émotion populaire suite à des faits divers, assurément douloureux pour les victimes et leurs proches, mais tel n’est pas le devoir d’un gouvernement. La rédaction |