Publié le vendredi 23 novembre 2007 | http://prison.rezo.net/recrutement-et-maintien-dans-l/ 21 novembre 2007 Discours de Madame Rachida Dati, garde des Sceaux, ministre de la Justice/Lancement du Plan d’action triennal 2008-2010
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les Présidents d’association, Chers amis,
Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui.
La politique du handicap dans la Justice, c’est vous qui l’incarnez, c’est vous qui portez son combat. C’est vous qui transmettez les valeurs indispensables à la cohésion de notre société. La solidarité, l’humanité, la dignité, vous en témoignez tous les jours.
Cette lutte, je souhaite la partager à vos côtés. La Justice doit imposer l’accompagnement, l’accès, l’emploi et le respect des conditions d’existence des personnes handicapées qui travaillent dans son ministère ou qui viennent dans les lieux de Justice.
C’est la raison pour laquelle j’ai placé la lutte contre les discriminations au cœur de mon action. Je sais que l’équilibre de notre société passe par cette réalisation. Je n’accepte pas les injustices liées à la différence. Accepter qu’une personne handicapée puisse être victime de discrimination, c’est accepter que la République toute entière soit ébranlée.
A travers vous, associations, personnes handicapées, fonctionnaires de la Justice, je souhaite m’adresser à tous ceux qui ont un handicap moteur, auditif, visuel, psychique ou multiple, ceux qui souffrent d’une maladie invalidante. Je veux m’adresser à ceux qui les accompagnent dans un périple vital, devenu trop difficile pour être acceptable.
Je sais que vous n’avez pas besoin de paroles, je sais que n’avez pas besoin de compassion. Je sais que vous attendez des actes qui manifestent la considération, l’attention, le respect. Des actes qui vous permettent de vivre comme les autres. Je sais que vous attendez que la vie courante, professionnelle et civile, vous permette de vous déplacer, de travailler, d’accéder à vos besoins et à vos désirs comme chacun d’entre nous en a le droit.
Le Président de la République a indiqué que l’accompagnement et le soutien des personnes handicapées constituait une priorité de son action.
Je tiens à m’y engager à mon tour. Je saurai être à la hauteur de ce devoir dans le domaine de la Justice. Je ne veux plus tolérer l’immobilisme ou la résignation.
Le handicap ne doit plus être considéré comme une situation d’exception qui appelle des solutions d’exception. Les personnes handicapées ne doivent pas avoir une place à part qui leur serait attribuée. Elles doivent, de fait, avoir toute leur place dans la société.
1. La Justice doit montrer l’exemple en privilégiant l’emploi des personnes handicapées.
* Depuis 1987, le nombre des personnes handicapées a été fixé à 6% des effectifs, tant dans les entreprises privées que dans la fonction publique. C’est la première fois qu’une telle convention est conclue entre le Fonds d’insertion et un employeur public. Cette convention, d’une durée de 3 ans, s’appuiera sur un budget global de 9,6 millions d’euros intégralement financé par le fonds interministériel.
1.1 Le plan triennal aura notamment pour objectif de respecter le taux légal d’emploi des personnes handicapées fixé à 6%.
Les objectifs de ce plan ne sont pas négociables. Je m’engage à ce qu’ils soient * D’accélérer le changement des pratiques et des mentalités, par une politique de formation évolutive et novatrice, 1.2 La convention donnera les moyens nécessaires à la délégation ministérielle aux personnes handicapées pour :
* Traiter des dossiers de recrutement et de maintien dans l’emploi,
1.3 Enfin, elle proposera des axes politiques en matière de communication, de formation et d’information.
1.4 Mais pour la mener à bien, j’aurai besoin du soutien de tous les personnels. Et notamment des personnels handicapés du Ministère. Je suis convaincue que favoriser l’insertion dans le monde du travail, c’est permettre que le regard porté sur le handicap change, que toute personne handicapée soit regardée et considérée comme un citoyen à part entière.
2. La Justice doit également se montrer plus accessible et plus adaptée aux personnes handicapées
2.1 La réforme de la carte judicaire que j’ai entreprise a pour objectif de moderniser la Justice dans l’intérêt des justiciables et des personnels. Dans ce cadre, je donnerai des instructions très précises pour que la question du handicap soit prioritaire dans ce plan de réorganisation et que les lieux de justice soient accessibles aux personnes handicapées.
2.2 Je souhaite également que les écoles qui préparent aux métiers de la Justice soient ouvertes et spécialement aménagées pour accueillir les personnes handicapées. Si la Justice ne peut pas réparer toutes les blessures de la vie, elle doit être un lieu d’accueil et d’écoute pour tous les justiciables.
3. Dernier point, la Justice doit garantir l’accueil des personnes handicapées dans tous les lieux dont elle a la charge, y compris en milieu pénitentiaire. Il est fondamental pour l’honneur de la France de veiller au respect de la dignité des personnes incarcérées.
3.1 Ce sera l’un des objectifs du projet de loi pénitentiaire que nous commençons à rédiger. * A cette occasion, le comité d’orientation restreint chargé de la réflexion sur cette future loi pénitentiaire, depuis le mois de juillet, a préconisé le rappel d’une obligation à l’administration pénitentiaire : celle d’assurer la prise en charge effective du handicap dans ses établissements. 3.2 Par ailleurs, la loi du 9 septembre 2002, dite loi de programmation et d’orientation pour la Justice, prévoit la construction de 13 200 places de prison.
3.3 Des dispositions similaires sont prévues dans le cadre des rénovations des établissements pénitentiaires (comme par exemple à Fleury-Mérogis, Marseille Les Baumettes, etc).
3.4 S’agissant de la prise en charge des personnes souffrant d’altération de leurs facultés mentales, leur détention doit être assurée dans des conditions dignes, avec un traitement et un suivi médical proposés systématiquement.
*
Vous le voyez, la tache de la Justice est immense à l’égard des personnes handicapées. Elle doit les soutenir, favoriser leur formation et leur recrutement, elle doit les accompagner davantage.
J’ai pris l’engagement devant vous que la politique de la justice pour le handicap connaisse un nouveau souffle. Son développement sera effectif.
Car le handicap n’est pas l’affaire des autres. C’est l’affaire de tous. Il peut à tout moment toucher l’un d’entre nous.
Je veux que la Justice apporte de véritables réponses, concrètes et perceptibles aux personnes handicapées. http://www.presse.justice.gouv.fr/index.php?rubrique=10239&article=13749 |