Publié le lundi 18 février 2008 | http://prison.rezo.net/no77-acp-du-18-fevrier-2008/ * Les « ACP » sont mis en ligne sur ACP N°77 - ARPENTER le champ pénal Paris, le 18 février 2008 En attendant, non pas Godot, mais le contrôleur général des lieux de privation de liberté, toujours pas nommé, 110 jours après le vote de la loi) : Université PARIS 1. Mardi 19 février 2007, 17h « Démographie de l’enfermement », avec Pierre V. Tournier, séance du séminaire de recherche indisciplinaire « Enfermements, Justice et Libertés dans les sociétés contemporaines » de l’Université Paris 1., Centre d’histoire sociale du XXe siècle. Discutant : Pierre Pélissier, magistrat (voir précisions infra). Où l’on voit que la proportion des sanctions alternatives prononcées en matière de délit ne progresse pas, et ce quelle que soit la définition retenue ... En 2006, les juridictions françaises ont prononcé 614 231 condamnations : 3 385 pour un crime (5,5 %), 581 860 pour un délit (94,7%) et 28 986 pour une contravention de 5ème classe (4,7 %) (1). * Sanctions prononcées en matière de crimes Parmi les sanctions prononcées, en 2006, en matière de crime, on compte : 37,1 % de peines de réclusion ou de détention criminelle, 47,5 % de peines d’emprisonnement ferme ou avec sursis partiel, 13,6 % de peines d’emprisonnement avec sursis total, 1,6 % de mesures ou sanctions éducatives. Ainsi, en matière criminelle, la « prison ferme » a été prononcée dans près 85 % des cas (peines d’emprisonnement avec sursis partiels incluses). Si on inclut le sursis total, ce sont 98 % des peines qui se référent, d’une façon ou d’une autre à la prison. * Sanctions prononcées en matière de contraventions de 5ème classe Parmi les sanctions prononcées, en 2006, en matière de contravention de 5ème classe on compte 92 % d’amendes, les peines privatives de liberté ne pouvant plus être prononcé depuis le 1er mars 1994 (nouveau code pénal). * Sanctions prononcées en matière de délits Les 581 860 sanctions inscrites au casier judiciaire pour délits peuvent être subdivisées en trois catégories : 1. les peines privatives de liberté, 2. les peines non privatives de liberté, « appliquées dans la communauté » au sens du Conseil de l’Europe et, enfin, 3. les peines non privatives de liberté non « appliquées dans la communauté » (2). 1. Les peines privatives de liberté se subdivisent elles-mêmes en 4 catégories : 1.1 - les peines fermes (y compris avec sursis partiel) : emprisonnement ferme sans sursis à exécution, emprisonnement ferme assorti d’un sursis partiel, à exécution (peine mixte) ; 3. - Les peines non privatives de liberté, non « appliquées dans la communauté » : Il s’agit des peines non privatives de liberté sans supervision : amende, suspension du permis de conduire, jours-amendes, retrait du permis de conduire, etc. Définition A. : 46 % de sanctions alternatives prononcées en 2006 (délits). Cette façon de raisonner repose sur la distinction faite supra entre peine privative de liberté au sens large (incluant le sursis total) et peines non privatives de liberté (qu’elles soient appliquées avec une supervision ou non). [46 % en 2005] (2). Définition B. 80 % de sanctions alternatives prononcées en 2006 (délits). Dans cette deuxième façon de faire, on exclut les peines avec sursis total (sursis simple, sursis avec mise à l’épreuve sans ou avec TIG) des peines privatives de libertés et on les inclut dans le champ des alternatives. Définition C. 18 % en 2006. Dans ce cas, on limite les alternatives aux seules sanctions qui s’accompagnent des mesures de supervision [18 % en 2005] - Proportion de peines alternatives parmi les sanctions prononcées pour un délit en 2006 A B C 464 631 80 % 18 % 46 % Remarquable stabilité des indicateurs par rapport à 2005. (1) Source : Timbart 0., « Les condamnations. Provisoires, Année 2006 », Ministère de la justice, Sous direction de la statistique, des études et de la documentation, décembre 2007, 254 pages. (2) Tournier P.V, Dictionnaire de démographie pénale. Des outils pour arpenter le champ pénal, Université Paris 1. Panthéon Sorbonne, Centre d’histoire sociale du XXe siècle, données actualisées au 1er mai 2007, 133 pages. En ligne sur http:// histoire-sociale.univ-paris1.fr/cherche/Tournier/ARPENTER-OUVRAGE.pdf *** LE KIOSQUE *** - 2. - Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Jean Quellien, La répression en France. 1940-1945. Actes du colloque tenu à Caen les 8, 9 et 10 décembre 2005, 2008, 25€. - Marco Cicchini et Michel Porret (dir.), Les sphères du pénal. Avec Michel Foucault. Histoire et sociologie du droit de punir, Université de Genève, Editions Antipode, 2007, Lausanne, 320 pages. - Sophie Body Gendrot, Pieter Spierenburg (Editors), Violence in Europe. Historical and Contemporary Perspective, Springer, 2008. - Serge Portelli, Récidivistes. Chronique de l’humanité ordinaire, Grasset, 2008. - United States, Bureau of Justice Statistics, "State Court Processing of Domestic Violence Cases". This report examines the processing of domestic violence (DV) and non-domestic violence (non-DV) cases filed in May 2002 in 15 large urban counties. The study compares the domestic and non-domestic offences of sexual and aggravated assault on 11 prosecution, conviction, and sentencing outcome measures. Available online at : - 3. - Un crime. Journal d’enquête (blog de Marc Renneville). Soit une affaire criminelle qui défraya la chronique judiciaire en 1932, et pour laquelle l’auteur eut ces derniers mots, avant d’être guillotiné : « C’est un souvenir vague auquel je ne comprends rien ». *** CELA SE PASSE EN FRANCE *** - 4. - RAPPEL. PARIS. Vendredi 22 février 2008 à 18h30. Remise du Prix Gabriel Tarde 2006-2007. L’Association Française de Criminologie (AFC) organise la remise du Prix au lauréat. sous la présidence de Françoise Tulkens, présidente du jury du Prix Gabriel Tarde (Prix français de criminologie), juge à la Cour européenne des droits de l’homme. Le prix « 2006-2007 » a été attribué à François Bonnet pour sa thèse intitulée « La production organisée de l’ordre. Contrôler des gares et des centres commerciaux à Lyon et à Milan », (Sciences-po Paris et Université de Milan-Bicocca). 18h30. Ouverture de la soirée par Alain Blanc, Président de l’Association Française de Criminologie. Le jury du Prix Gabriel Tarde s’était réuni le 15 juin 2007, après la clôture du dépôt des candidatures, afin d’étudier la recevabilité des 18 ouvrages qui lui étaient présentés pour la session 2006-2007. Le jury a décidé que tous les ouvrages présentés étaient recevables : - Laura AUBERT, « La troisième voie. La justice pénale face à ses dilemmes », thèse, Université Bordeaux 2. * Secrétaire du Prix Gabriel Tarde : leonorsauvage@hotmail.com *** PARIS RIVE DROITE, RIVE GAUCHE *** - 5. - Cours et séminaires de Mireille Delmas-Marty, professeur au Collège de France. * Cours le mardi de 14h30 à 15h30, à partir du 11 mars. Séminaire sous la forme de deux Journées d’études interdisciplinaires : le 4 juin avec le professeur Laurens (Typologie du terrorisme et communauté(s) de valeurs) et le 25 juin avec le professeur Guesnerie (La notion de biens publics mondiaux, catégorie économique et/ou juridique ?) Cours 2008 « LES FORCES IMAGINANTES DU DROIT » IV. Vers une communauté de valeurs ? - Les droits fondamentaux. Il ne suffit pas de déplacer le regard, des interdits fondateurs aux droits fondamentaux, pour résoudre l’énigme d’une communauté qui s’élargit à la planète alors que les choix de valeurs restent marqués par la diversité des cultures. Notre hypothèse est que la mise en œuvre des droits de l’homme et des biens publics mondiaux pourrait esquisser une réponse : de la renaissance du droit naturel à la naissance d’un droit commun, la mutation en cours annoncerait l’émergence de valeurs, sinon universelles, du moins universalisables. Encore faut-il observer comment le droit peut contribuer à hiérarchiser les valeurs et à responsabiliser ceux qui les transgressent, les deux conditions d’une véritable communauté de valeurs. Introduction générale - L’énigme d’une communauté sans fondations (11 mars 2008) - Lieu : 11 Place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris. * le plan du cours ainsi que les références bibliographiques, distribués au début de la séance, seront disponibles dès le lendemain sur le site du Collège de France à l’adresse suivante : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/int_dro/index.htm * En liaison avec la Chaire « Etudes juridiques comparatives et internationalisation du droit », M. Yasuaki ONUMA, professeur à l’Université de Tokyo, Faculté de droit et de sciences politiques, donnera deux conférences, le jeudi 6 mars et le vendredi 14 mars à 15 h, salle 2, sur le thème suivant : « Les droits de l’homme dans le monde multipolaire et multi-civilisationnel du XXIème : une perspective trans-civilisationnelle ». Le débat sera ouvert le 6 mars par le professeur Michel Rosenfeld (Benjamin Cardozo School of Law, New York), et le 14 mars par le professeur Jean-Louis Halpérin (Ecole Normale Supé-rieure, Paris). * Contact : Sylvie Sportouch, Collège de France, Etudes Juridiques Comparatives et Inter-nationalisation du Droit, 3, rue d’Ulm 75005 Paris. Tél : 01 44 27 18 56. - 6. - RAPPEL. PARIS. Mardi 19 février 2007, 17h - 19h. « Démographie de l’enfermement », avec Pierre V. Tournier, 5ème séance du séminaire de recherche « Enfermements, Justice et Libertés dans les sociétés contemporaines » du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1. Panthéon Sorbonne). - Lieu : CHS XXe siècle, 9, rue Malher, Paris IVème (bibliothèque, 6ème étage), métro Saint Paul. Argumentaire : Locaux de garde à vue de la police et de la gendarmerie, dépôts des palais de justice, établissements pénitentiaires (maisons d’arrêt, centres de détention, maisons centrales, centres de semi-liberté, centres pour peines aménagées, centres pour mineurs), centres éducatifs fermés pour les mineurs prévenus ou condamnés, cellules de retenue des douanes, locaux d’arrêt des armées, centres et locaux de rétention administrative, zones d’attente des ports, aéroports et gares, secteurs psychiatriques des centres hospitaliers et bientôt centres socio-médico-judiciaires de sûreté. Tous ces lieux sont implicitement concernés par l’application de la loi du 30 octobre 2007 instituant un contrôleur général des lieux de privation de liberté (D’après l’article 8, il s’agit, de « tout lieu où des personnes sont privées de leur liberté par décision d’une autorité publique, ainsi que tout établissement de santé habilité à recevoir des patients hospitalisés sans leur consentement visé à l’article L 3222-1 du code de la santé publique »). - 7. - PARIS. Vendredi 21 mars, 8h30 - 18h. « Longues peines et peines indéfinies. Punir la dangerosité », 1ère séance du séminaire du GERN « Prison, pénalité, modernité ». Organisé par Gilles Chantraine (CESDIP, Ministère de la justice & CNRS), Antoinette Chauvenet (CEMS - CNRS), Daniel Fink (Office Fédéral de la statistique, Suisse), Dan Kaminski (Université de Louvain-la-Neuve, Département de droit pénal et de crimino-logie), Philippe Mary (ULB, Ecole de criminologie). Programme : - Gilles Chantraine, Introduction. - Lieu : Maison des Sciences de l’Homme, 54, boulevard Raspail Paris 75006, 2ème étage salle 214. * Contact : chantraine@cesdip.com *** EN RÉGION *** - 8. - GRENOBLE. Jeudi 13 et vendredi 14 mars 2008. 9h15. « La Critique du Droit des années 1970 à nos jours : Histoires, Influences et Perspectives ». - Lieu : Institut d’étude politique de Grenoble. * Contact : paola.geraci@upmf-grenoble.fr *** EMPLOIS - STAGES *** - 9. - Recrutement d¹un(e) étudiant(e) en géographie humaine. Dans le cadre d’un projet de recherche financé par le CRSH, nous souhaitons recruter un(e) étudiant(e) au doctorat en géographie (ou éventuellement à la maîtrise), susceptible de travailler sur un projet de recherche intitulé : « Creuser les histoires de violence politique au Mexique : Une étude comparative de l’évolution des conflits politiques, de l’utilisation de l’espace public, et des réseaux idéologiques à Oaxaca et Monterrey (1968-1982) ». Ce projet de recherche vise à mieux comprendre l’évolution de la relation entre la citoyenneté et l’État au Mexique à travers une étude comparative entre Oaxaca (Oaxaca) et Monterrey (Nuevo Leon). Pour cela nous envisageons de mener une analyse historico géographique des conflits politiques dans chacune de ces deux villes entre 1968 et 1982. La finalité de ce projet est de mieux comprendre l’émergence de régionalismes marqués dans le Mexique contemporain. * Contact : Dr. Patricia Martin, Département de géographie, Université de Montréal *** INTERNATIONAL *** - 10. - De la part de Gilles Favarel-Garrigues, Chargé de recherche au CNRS. Je me permets d’attirer votre attention sur la lettre ci-jointe, invitant des contributeurs à participer à une publication russe sur le thème des prisons. La coordinatrice est Ludmila Alpern, figure connue de la défense des droits des détenus en Russie ludmila Alpern alpelu@mail.ru Dear colleague, At the end of April, the OZ journal intends to publish an issue tentatively entitled Prison, and we would like to invite you to participate in the project. Tentative Outline of the Prison Issue. - 11. - L’Institut Européen des services Sociaux de l’Université du Kent annonce le lancement du projet européen « CONNECTIONS - Réponses intégrées aux problèmes de drogue et d’infections au sein des systèmes de justice pénale en Europe ». http://www.connectionsproject.eu/ * Contact : Cinzia Brentari, coordinatrice du projet / C.Brentari@kent.ac.uk. - 12. - TILBURG University, the Netherlands. Monday 10 and Tuesday 11 March 2008 “Victims of Terrorism “. With a challenging and innovative programme we focus on the definition of adequate judicial and psycho-social responses to victims of terro-rism and its implication for setting standards. Against this background, possibilities of restorative justice approaches will be discussed. We cordially invite representatives from international and regional organisations, academia, civil society organisations and individual experts to join us in Tilburg. Those who wish to participate, please register on-line before 11 February. A programme, list of speakers, registration form and other information can be found on our website : - 13. - TUEBINGEN (Germany) April 1st to 5th, 2008. International Criminal Court Symposium [AIDP, YOUNG PENALISTS]. - 14. - LEEDS (UK). 7th May, 8th May "Crime and Disorder Act 1998 : ten years on", * Contact : Conference Office Centre for Criminal Justice Studies, School of Law University of Leeds, Leeds, LS2 9JT UK Tel : 0113 343 7574, Fax : 0113 343 5056, r.grice@leeds.ac.uk http://www.law.leeds.ac.uk/LeedsLaw/GenericPage.aspx?ID=298&TabID=4&MenuID=39&SubMenuID=47 - 15. - VANCOUVER, British Columbia, Canada. F rom May 12 to 14, 2008. The 2008 Campbell Collaboration (C2) Colloquium will be held in the Colloquium is co-hosted and coordinated by the Canadian Council on Learning ; the Province of British Columbia ; the Canadian Language and Literacy Research Network and the Norwegian Knowledge Centre for the Health Services. - 16. - LONDON, July 17 and 18, 2008. "Science, Crime and Security : Creating Sustainable Partnerships". International crime Science Confernces organized by the UCL Centre for Security and Crime Science, London, on at the British Library Programme and Call for Papers available under : http://www.crimescience.org/ - 17. - BARCELONA, 20 - 25 July, 2008. Call for participation and papers XV World Congress of the International Society for Criminology, “Crime and Criminology : Research and Action”. The general theme of the Congress will be developed within three significant areas of the current state of crime and its control in the main regions of the world (the selected areas are : transnational crime, urban crime, victims and criminal justice, etc.). - 18. - CAPE TOWN, SOUTH AFRICA, August, 27 - 30, 2008 “Sex Offender Treatment Conference” - 19. - BELGRADE, 2-4 October 2008. Transnational Terrorism and Criminal Organisations in the Balkans. Conference on transnational terrorist and criminal organisations in the Balkans. The third and final conference of the HUMSEC (human security) project focuses on the impact of transnational terrorist and criminal organisations on the peace-building process of the region. Conference themes are : Human Security - conceptual and theoretical issues ; conflict and post-conflict situations ; terrorism ; and crime (organised/other). *** FROM CENTER FOR PRISON STUDIES, LONDON *** - 20. - Information from Helen Fair, Research Associate, International Centre for Prison Studies, School of Law King’s College London. Another makeover for offender management Plan to free teenage offenders from prison Prison reform campaigner arrested outside jail Why 42 days in prison will end up costing government millions (Scotland) France : first suicide in new youth prison Drop in SA’s prison population (South Africa) Dichter : New prisons to get heaters, airconditioning (Israel) Prisoners received student grants Mothers ’should be spared jail’ (Scotland) Government orders review of £2.3bn prisons scheme. Archbishop of Canterbury - Criticises ’Indefensible’ Treatment of Young European Court sanctions Bulgaria over prison conditions Youth Commits Suicide in Jail (Saudi Arabia) Charity aims to help female inmates cope with loss *** MILITANCES - DÉBATS *** Avertissement. La rédaction d’ACP ne partage pas nécessairement le positionnement politique des personnes physiques ou morales citées dans cette rubrique « militante ». Par la diffusion de ces informations, elle souhaite simplement favoriser le débat d’idées dans le champ pénal, au delà des travaux scientifiques que cette lettre hebdomadaire a vocation à faire connaître. N.B. Les propos qui suivent n’engagent que leur auteur et non le Club « DES Maintenant en Europe », « Eloge de la peine de prison » par Christian Demonchy (3 février 2008). Aucune institution n’a subi autant de critiques depuis la Révolution que la prison. A force de dénoncer la condition pénitentiaire, on n’ose plus faire allusion ni même penser aux remarquables services que la peine de prison offre aux professionnels de la justice, aux victimes, aux politiques, aux médias et à l’opinion. Il me semble utile de rendre justice à ses innombrables qualités et d’en faire aujourd’hui l’éloge. Une peine sévère : La peine de prison est incontestablement une peine sévère, la plus sévère depuis l’abolition des supplices et depuis l’abolition de la peine de mort. Elle est d’ailleurs appliquée, et à juste titre, aux crimes les plus graves. Il est donc logique qu’elle soit utilisée dans de nombreux autres cas, notamment pour satisfaire l’opinion publique qui, selon des sondages récents, juge que la justice française n’est pas assez sévère. Une peine juste : Cette utilisation de la peine de prison est d’autant plus justifiée que sa sévérité peut être modulée à l’infini grâce à son quantum. La durée mesure précisément l’équivalence entre le degré de réprobation éprouvée face à l’auteur du délit ou du crime et celui de sévérité qu’il mérite. Le prononcé de la peine se fonde sur des données objectives, des faits passés qui ont été examinés et évalués par l’enquête et le procès. Ce rationalisme issu des Lumières, qui s’exprime par la durée de la peine pour respecter la proportionnalité des délits et des peines prônée par Beccaria, s’exprime aussi par sa nature. Exclure de la société celui qui a rompu le contrat social est une punition directement liée à la nature sociale de l’infraction. Parce qu’elle est rationnelle tant par son intensité modulable que par sa nature adaptée à la circonstance, la peine de prison est la plus juste qu’on puisse imaginer. La raison veut qu’elle serve de référence. Jusqu’à présent, elle n’en était pas une pour les mineurs, mais les sondages montrent que l’opinion souhaite (à 60%) maintenant traiter les mineurs délinquants comme les délinquants majeurs. Une peine efficace : Pendant toute la durée de la peine, l’auteur du délit ou du crime exclu de notre environnement social ne peut plus le perturber. Il s’agit donc d’une efficacité garantie. Certes, il peut récidiver, mais quelle alternative à la prison nous garantit qu’il ne récidivera pas ? Mieux vaut tenir que courir. D’autant que s’il récidive, autrement dit si sa première peine n’a pas été suffisamment dissuasive, on peut augmenter l’efficacité de la seconde en augmentant la durée de l’exclusion. Nous n’avons malheureusement plus de colonies pour être totalement performant en matière d’exclusion, mais, comme disait Jean Jaurès, il faut « aller vers l’idéal et comprendre le réel ». Une peine démocratique : Démocratique, la peine de prison l’est dans son prononcé et son exécution. La publicité du prononcé et sa médiatisation dans le cas de certains procès invitent chaque citoyen à réagir à la sévérité de la sentence par rapport à l’acte commis. Ces commentaires, synthétisés par les sondages et rapportés par les médias, orientent les décisions de politique pénale. L’opinion est ainsi en osmose permanente avec le politique. Une peine religieusement correcte : La démocratie a posé aux croyants un sérieux cas de conscience. Tant qu’il s’agissait de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », leurs relations avec les pouvoirs divin et temporels s’étaient à peu près bien différenciés malgré les remous causés par la Réforme. Mais quand la démocratie accorda à chacun d’eux le pouvoir régalien de juger et sanctionner, ils ont dû imaginer une façon de l’exercer compatible avec leur morale religieuse. Le procès pénal devient alors une cérémonie qui reconstitue l’apparition du Mal dans l’histoire particulière d’un délit ou d’un crime. Le prononcé de la peine, grâce à son quantum, exprime le niveau de réprobation de la communauté face au Mal ainsi dévoilé. L’exécution de la peine n’est plus l’œuvre du bourreau comme au temps des supplices, mais de la responsabilité du condamné lui-même qui « fait sa peine ». Aucune souffrance ne lui est infligée. Au contraire, la peine de prison offre au pécheur l’opportunité de s’amender, et aux croyants celle de l’aider à retrouver le droit chemin pendant qu’il « fait son temps ». Une peine politiquement correcte : Les croyants n’ont pas le privilège du cœur. La fraternité, inscrite au fronton des palais de justice, réunit croyants et non-croyants de la République pour déclarer que la prison n’est que privation de liberté et qu’aucune peine ne doit être infligée à l’intérieur des murs. Si l’on ajoute que le principe d’égalité s’applique à tous les justiciables selon leur délit ou leur crime, il s’avère évident que cette peine sévère, juste, efficace, démocratique et religieusement correcte est en définitive la plus politiquement correcte de notre République. La peine idéale : Parce que la peine de prison, dans son prononcé comme dans son exécution, est le produit exclusif de la responsabilité de l’auteur du méfait, elle est une peine idéale. Ses innombrables qualités ne dépendent en aucune manière de ce qu’est la réalité carcérale et aucune critique de celle-ci ne saurait les contester. La prison n’est que le lieu où le condamné exécute sa peine. La dénonciation des mauvaises conditions de détention ne peut que nous inciter à faire preuve de charité ou de fraternité pour les améliorer. Nous devons louer la peine de prison pour nous proposer un challenge aussi humainement gratifiant. * Contact : christian.demonchy@free.fr * Arpenter le Champ Pénal. Directeur de la publication : Pierre V. Tournier, directeur de recherches au CNRS, Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne). pierre-victor.tournier@wanadoo.fr
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