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(2007) Tuberculose dans les maisons d’arrêt en Île-de-France

Tuberculose dans les maisons d’arrêt en Île-de-France
Enquête prospective, 1er juillet 2005-30 juin 2006

Devant un taux de tuberculose élevé en Île-de-France et en l’absence de données épidémiologiques récentes sur cette pathologie en milieu carcéral, la Cellule interrégionale d’épidémiologie a réalisé une étude poursuivant plusieurs objectifs :
- mesurer la fréquence de la tuberculose dans la population carcérale francilienne ;
- étudier les caractéristiques des cas de tuberculose, leur prise en charge et la prévention des cas secondaires ;
- évaluer le dépistage des détenus arrivant de liberté.
Une enquête prospective a été réalisée sur un an, du 1er juillet 2005 au 30 juin 2006, dans les neuf maisons d’arrêt de la région. La population d’étude était constituée de l’ensemble des détenus entrants sur la période, en provenance de liberté ou d’une autre maison d’arrêt. Pour chaque cas de tuberculose acceptant de participer à l’enquête, un questionnaire a été complété par les médecins de l’Unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) de l’établissement pénitentiaire. La prévalence de la tuberculose dans la population carcérale entrante, en provenance de liberté ou suite à un transfert, a été calculée. Pour l’évaluation du dépistage, un questionnaire sur l’organisation générale a été complété auprès des médecins responsables du dépistage dans chacune des maisons d’arrêt et une estimation de l’exhaustivité et des délais de dépistage a été réalisée.
Au total, 26 cas de tuberculose ont été recensés pour l’ensemble des maisons d’arrêt franciliennes sur la période d’étude. Ces cas étaient majoritairement des hommes, jeunes, souvent nés hors de France et en situation précaire avant l’incarcération. La prise en charge de la maladie était satisfaisante pendant l’incarcération, mais le suivi des cas et la poursuite du traitement après libération étaient très difficiles.
La prévalence globale de la tuberculose dans la population entrante a été estimée à 106,9 cas de tuberculose pour 100 000 détenus, avec d’importantes disparités en fonction des maisons d’arrêt (de 0 à 230,3 pour 100 000). Comparée aux données d’une étude réalisée en 1994-1995 par l’Observatoire régional de santé d’Île de France, la fréquence de la tuberculose dans la population carcérale des maisons d’arrêt de la région était en baisse, mais elle restait supérieure à celle en population générale et proche de celle observée dans les catégories de la population les plus touchées.
Les modalités de dépistage étaient variables d’une maison d’arrêt à l’autre. Le taux de dépistage moyen était de 89 % pour l’ensemble des maisons d’arrêt sur la période d’étude (de 58 % à 99 % selon les maisons d’arrêt). Seuls 53 % des détenus dépistés (de 0 % à 96 %) l’ont été dans les temps réglementaires (8 jours ou moins entre l’incarcération et le résultat du dépistage).
En conclusion, il est impératif de développer des stratégies adaptées associant les équipes médicales pénitentiaires, les centres de lutte antituberculeuse et éventuellement des travailleurs sociaux pour améliorer la prise en charge médicale des détenus tuberculeux libérés.
Cette articulation devrait débuter avant la sortie des personnes.
Il convient également de renforcer les moyens afin d’améliorer l’exhaustivité et les délais de dépistage, et/ou de réfléchir à de nouvelles stratégies, telles que celles recommandées par les Centers for Disease Control and Prevention américains qui préconisent d’identifier les personnes les plus à risque de tuberculose lors d’une visite médicale à l’entrée et de ne réaliser le dépistage que pour ces personnes.

Tuberculosis in short-term prisons in Paris region
A prospective study : 1 July 2005-30 June 2006

Faced with the high rate of tuberculosis in the region of Paris, and without any recent epidemiological data on TB in prisoners, the regional office of the institute for public health surveillance carried out a study focusing on following objectives : measure the prevalence of tuberculosis in short-term prisons in the region of Paris ; study the features of these cases of TB, the management of the disease and the prevention of its dissemination ; assess the screening of prisoners when first admitted.
A prospective study was carried out over a twelve-month period from 1 July 2005 to 30 June 2006, including all nine prisons in the region of Paris for persons on probation or serving short-term sentences. The cohort studied was comprised of all inmates admitted during the period, either sent directly to the institution or transferred after being held in custody in another centre. For each person testing positive for tuberculosis and consenting to the study, a questionnaire was filled by a medical practitioner from the outpatient consultation unit (UCSA - Unité de consultations et de soins ambulatoires) working in the prison. The prevalence of tuberculosis was calculated for all new inmates, both for first-time prisoners and those who had been transferred. The screening process was assessed via the doctors in charge of the process in each of the centres ; they were given a questionnaire on the general organisation of screening, and the completeness and deadlines of the screening were assessed.
A total of 26 cases of tuberculosis was recorded in all short-term prisons in Paris region over the studied period. These cases were mostly young men, often born outside France, and with no stable living conditions. The management of the disease was satisfactory while they were in custody, but it was very difficult to monitor the cases and treatment compliance once the prisoners were released.
The overall prevalence of tuberculosis found in new arrivals was estimated at 106.9 for 100 000 detainees, but with substantial differences between the centres (from 0 to 230.3 per 100 000). These findings were compared to data from a study conducted in 1994-1995 by the regional health observatory for the region of Paris [Observatoire Régional de Santé d’Île-de-France] ; the comparison showed that the prevalence of TB among prisoners in the region had decreased, but was still above the average for general population, and it was similar to rates found in social categories most commonly affected by TB.
Organisation for screening differed from one centre to another ; the average coverage rate of screening for all centres over the studied period was 89%, and ranged from 58% to 99%. Only 53% of inmates screened (0% to 96%) met the deadlines set by regulations (one week or less between the date of admission and the results of the test).
In conclusion, appropriate strategies are needed to improve the medical management of detainees with TB when released ; these must be developed jointly with the medical teams in the prisons, anti-TB centres and, when necessary, with social workers. These arrangements should be set up before the concerned persons are released.
More resources are needed to provide better coverage and faster screening and/or to develop new strategies such as those advocated by the Centers for Disease Control and Prevention in the United States which recommend that persons with a high risk of developing TB should be identified in the course of the medical examination on admission and that screening should only be done for these persons at high-risk.

Source Institut de veille sanitaire

 
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• Tuberculose dans les MA d’Ile de France, (PDF - 632.9 ko)