Publié le vendredi 4 avril 2008 | http://prison.rezo.net/09-le-spip-une-interface/ Préparation à la sortie des détenus malades À Fresnes, le SPIP s’implique de manière spécifique dans la prise en charge des détenus porteurs du VIH ou du VHC. Ce travail sous-entend une forte activité partenariale. « Une attention accrue pour les personnes séropositives » « Les détenus infectés par le VIH ou le VHC bénéficient d’une prise en charge spécifique au sein des établissements pénitentiaires comme en milieu ouvert. Au quotidien, en tant que conseiller d’insertion et de probation (CIP), nous surveillons particulièrement les risques de fragilité physique ou psychologique que peuvent rencontrer ces personnes du fait de ces pathologies. Nous sommes aussi très attentifs aux problèmes pouvant survenir dans les rapports avec les personnels ou les autres détenus. À Fresnes, nous essayons d’échanger régulièrement avec tous les interlocuteurs, y compris la direction de l’établissement et les surveillants, sur la situation de ces personnes, cela, bien sûr, avec leur accord. La spécificité du suivi tient aussi à l’importance du travail partenarial que nous menons en interne comme avec les intervenants extérieurs : CSST, associations, juges d’application des peines, familles, éventuels employeurs... Les CIP sont des généralistes. Ils n’ont pas de formation particulière dans le domaine médical et leur mission est globale. Le SPIP joue en fait un peu un rôle d’interface entre la personne et ceux qui l’accompagnent en détention. « Un accompagnement jusqu’à la fin » Nous avons suivi un détenu séropositif de 40 ans, multirécidiviste, polytoxicomane sous substitution, ayant des problèmes avec l’alcool et issu d’un centre de détention où il purgeait une peine de 36 mois. Lorsqu’il est arrivé à Fresnes, il ne pouvait pas encore bénéficier d’un aménagement de peine et avait fait une demande de suspension de peine. Bien que son état de santé ait été jugé préoccupant par le médecin de son établissement, sa requête avait été rejetée par le juge d’application des peines (JAP). Sa situation ne s’améliorant pas, il a alors été transféré à l’hôpital de Fresnes, où notre médecin a rédigé un certificat à l’attention du JAP. Des démarches ont ensuite été enclenchées pour construire un projet de sortie lié à la maladie. « La notion de projet, nous la conjuguons au quotidien » « Africain d’environ 30 ans, Ousmane [1] vit en France depuis une dizaine d’années et n’a pas de titre de séjour. Incarcéré à Fresnes, il a été condamné à 7 ans de prison pour un viol sur mineur - la fille de son ex-compagne. Il a eu avec cette dernière un enfant que la justice lui interdit de voir malgré son insistance. Ousmane entretient des rapports très conflictuels avec son ex-compagne. Il est dans un déni total des faits. C’est un problème récurrent chez les personnes impliquées dans des affaires de mœurs, sur lequel nous travaillons beaucoup, et qui est une contrainte majeure dans le suivi quotidien. Ousmane est en outre porteur du VIH. Durant deux années, nous avons œuvré en partenariat avec l’UCSA, le service médico-psychologique régional (SMPR), les surveillants, la direction pénitentiaire et un visiteur de prison très actif, pour l’accompagner jusqu’au jugement. L’Association nationale des visiteurs de prison est à ce titre un partenaire très précieux pour un SPIP. [1] Le prénom a été modifié |