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Philippe Claudel - Il y a longtemps que je t’aime

Publié le vendredi 15 août 2008 | http://prison.rezo.net/philippe-claudel-il-y-a-longtemps/

Il y a longtemps que je t’aime

Avec Kristin Scott-Thomas et Elsa Zylberstein
(Film réalisé par Philippe Claudel) sortie en mars 2008

Philippe Claudel
Est un écrivain français, né le 2 février 1962 à Dombasle-sur-Meurthe

Synopsis
Juliette, Léa. Deux sours que la vie jadis a violemment séparées. Juliette, sort de prison, après y avoir passé 15 années, sans aucun lien avec sa famille qui l’avait rejetée. Léa, sa jeune sour la recueille chez elle, à Nancy, auprès de son mari Luc et de leurs deux fillettes. Mais connaît-on vraiment ceux qui nous ont été proches ? Les liens du sang compensent-ils toutes les séparations ? Et comment dire à l’autre tout ce qu’il est pour nous, combien et pourquoi il nous a manqué ? Comment décider de vivre ? De renaître. Est-ce seulement possible ?

Avis
J’ai apprécié le choix des textes, des musiques, des ambiances, mis en valeur par des acteurs qui ont su donner à ce film toute son amplitude. Démarrage un peu long au début mais très vite rattrapé par la découverte de ses personnages avec chacun leurs émotions. Tous les acteurs de ce film nous transmettent un jeu de question réponse lié au secret interne de chacun. Ce film démontre un sujet délicat qu’est la solitude de l’enfermement ou chacun peut être confronté un jour dans sa vie. Nous découvrons au fil de cette histoire que le vide de l’isolement n’est pas seulement entre les murs d’une prison mais qu’il existe aussi d’autre façade cachée à l’extérieur. Qu’il ne suffit pas d’être enfermé pour être confronté à cet isolement ! J’ai découvert dans tous les visages une solitude pesante très bien décrite dans chaque regard, sur chaque visage. J’ai aimé le personnage de Juliette, très forte interprétation sur aussi un sujet délicat que celui de donner la mort à un être aimé, et qui va l’emporter dans un « sommeil cérébral » mais aussi le rôle de tout son entourage qui va lui permettre de se relever pour ce reconstruire. Juliette qui se croyait oubliée entre ses murs de silence découvre sa sour Léa qui souffre de la solitude de sa sour. Toutes les deux vont renaître mutuellement. Léa avec son ventre vide et son mari Luc qui va savoir « adopter » Juliette, comme il l’a fait avec ses deux fillettes. J’ai aimé également le père de Luc qui lui aussi est entré dans un enfermement de lecture de mots sans les prononcer. Aussi, celui du capitaine de police qui avait trouvé dans Juliette une compréhension de sa solitude et qui cherchait en vain la source dans l’étang de sa vie. La mère de Léa et de Juliette aigrie par ses souvenirs, aussi est entrée dans son enfermement d’oubli. Le professeur compréhensif amateur d’un tableau d’illusion. L’interprétation du rôle de la fillette est d’une qualité surprenante, très bon choix de la jeune fille qui donne une note particulière au déroulement de l’histoire. Très bon choix du titre, très beau passage d’émotion dégagée de Juliette et de Léa, regard sur leur vitre ou s’étire des larmes de pluie. La dernière phrase du film donne beaucoup d’espoir que rien n’est jamais perdu. Tout est possible, il suffit de donner et recevoir, tout simplement aimer pour exister. A chacun de dire : « je suis là. »