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2008 N°5 KAMO : Il y a 100 ans - Archives d’anthropologie criminelle

Publié le lundi 25 août 2008 | http://prison.rezo.net/2008-no5-kamo-il-y-a-100-ans/

IL Y A 100 ANS
DANS LES ARCHIVES D’ANTHROPOLOGIE CRIMINELLE
Les impressions d’un pendu
Consultable sur le site de Criminocorpus :
www.criminocorpus.cnrs/fr

Pour tous ceux que la perspective des affres de l’enfermement perpétuel pour les dangereux ne suffit pas et que la nostalgie de la peine de mort hante, voici le témoignage d’un rescapé de la pendaison. MD.

Les impressions d’un pendu. - Pendant la guerre de Sécession, il arriva au révérend J.-T. Mann d’être pendu. C’est un de ces incidents qui marquent dans une existence ; le révérend qui vit encore, publie ses impressions dans une revue américaine.
« Je fus, dit-il, pris pour un espion, au service des confédérés, et, comme tel, pendu au fort Barancas. J’étais depuis quatre•minutes entre le ciel et la terre, au physique aussi bien qu’au moral, quand un officier me détacha, persuadé avec raison que j’étais victime d’une méprise. Ma première impression, lorsque le sol se déroba sous mes pieds, fut que j’avais en moi une chaudière à vapeur sur le point d’éclater. Mes artères et mes veines paraissaient si tendues qu’il semblait que le sang dût se frayer violemment un passage au dehors.
J’avais dans tout le système nerveux des piqûres atrocement douloureuses, telles que ni auparavant, ni depuis, je n’ai jamais rien éprouvé de pareil. J’eus ensuite l’impression d’une sorte d’explosion, quelque chose comme une explosion soudaine de volcan.
« Je ressentis alors un soulagement immédiat ; bientôt même la douleur fit place à une sensation si merveilleusement agréable que je voudrais encore l’éprouver, si je le pouvais ; sans danger de mort. Une lumière opaline et laiteuse caressait mes regards ; un goût de sucre et de miel ; d’une douceur inconnue, parfumait ma bouche ; je croyais m’envoler dans l’espace, laissant l’univers derrière moi ; j’entendais des milliers de harpes accompagner le concert de myriades de voix.
« Mon impression, quand on me détacha de la potence, fut aussi douloureuse que l’avait été le premier stade de ma pendaison ; ce fut littéralement un martyr. On eût dit que chacun de mes nerfs était le siège d’une souffrance particulière ; je ressentais dans le nez et dans les doigts des douleurs inouïes. Après une demi-heure, ces tortures s’apaisèrent ; mais, pour tous les trésors de l’Inde, je ne voudrais pas recommencer cette résurrection. »