EDITORIAL
Les soins à la population sous main de justice
Le numéro de Kamo du mois d’avril, par les réactions qu’il a suscitées, laisse à l’équipe de Kamo un étrange sentiment. Certains, souvent non soignants, y ont presque crû ; d’autres, professionnels du soin psychiatrique, bien souvent désabusés par le contexte pénitentiaire, sanitaire et politique qu’ils rencontrent, en viennent à penser que l’humour cynique est l’unique moyen d’expression, que toute forme d’argumentation rationnelle est submergée par l’impérialisme de l’émotionnel.
Malheureusement, si l’humour soulage, il ne faut pas s’attendre à un infléchissement du pouvoir vers la rationalité. Peut-être faudra-t-il attendre l’absurdité de certaines décision pour voir abandonner les folies sécuritaires, comme l’illustre le recours au film « Minority report » de Steven Spielberg par la mouvement de mobilisation contre la rétention de sûreté. Ce numéro continue à évoquer certains points de la loi de rétention de sûreté. Socapsyleg est d’ailleurs une des associations signataire de l’appel pour l’abolition de la loi de rétention de sûreté et encourage les lecteurs de Kamo à regarder sur le site www.contrelaretention.fr le film de Thomas Lacoste pour aider à se forger une opinion sur ce sujet complexe.
Et comme l’humour ne peut être la forme régulière de communication à moins de sombrer dans la totale désespérance et la soumission à l’obscurantisme, Kamo reprend son style austère habituel et consacre la partie essentielle de son numéro autour du thème « Soins aux personnes sous main de justice » en analysant les contenus des différents SROS sur ce sujet, contribuant ainsi à l’information en vue de la future loi pénitentiaire, inscrite au calendrier parlementaire en juin prochain.
Michel DAVID.