Publié le dimanche 23 novembre 2008 | http://prison.rezo.net/parrainer-une-personne-incarceree,11286/ Ma fille, militante à Ban Public, m’a parlé de l’action de son association et j’ai souhaité apporter un peu de mon temps et cherché un rapprochement humain plus qu’un acte militant. C’est ainsi que j’ai commencé à correspondre avec Thierry et demandé un permis de visite accordé par l’administration pénitentiaire. Depuis un peu plus de deux ans maintenant s’établit un climat de confiance mutuelle entre Thierry et moi. Nous avons progressivement appris à nous connaître. J’ai aidé Thierry dans ses études et ses relations avec le monde extérieur à la prison. Il vient de réussir un MASTER II en informatique et s’est inscrit à un doctorat. L’informatique, plus qu’une autre discipline universitaire, est contrôlée par l’administration pénitentiaire. Il faut du courage, de la pugnacité pour entreprendre des études en prison, les poursuivre, chercher des stages et du travail. Une circulaire d’août 2006 fixe le cadre de "l’informatique en cellule" et "en salle d’activité", de manière particulièrement restrictive, et ce d’autant plus que, dans le même temps, les matériels évoluent rapidement. Sont interdits en cellules : les ordinateurs portables, un second ordinateur, les imprimantes laser, les souris sans fil, les appareils photos numérique, les CD et DVD vierge, les clefs USB, les disques durs externes (ou sur rack amovible), les liaisons par réseau filaire ou sans fil, les logiciels de PAO et de DAO, etc. Ces deux dernières années, j’ai imprimé les cours de MASTER I et II de l’université choisie par Thierry, j’ai cherché des livres de référence, trouvé une petite annonce qui lui a permis d’effectuer ses stages en entreprise. En plus des difficultés techniques, viennent s’ajouter les difficultés de financement des études supérieures essentielles pour les longues peines comme Thierry. En effet, sont exclus du bénéfice d’une bourse d’enseignement supérieur sur critères sociaux, même si les intéressés justifient par ailleurs des critères ouvrant droit à cette bourse, les personnes en détention pénale sauf celles placées en régime de semi-liberté Aujourd’hui, cette société lui offre un CDI, chose plutôt inhabituelle en prison ! Ainsi s’est peu à peu construite une amitié, d’abord distante, nous nous serions la main à chacune de mes visites puis, à l’occasion d’une fête, je l’ai embrassé. Je lui apporte du soutien et du bien-être en partageant avec lui mes connaissances sur la naturopathie qui vise à « rééquilibrer » le fonctionnement de l’organisme par des moyens « naturels » : alimentation, hygiène de vie, phytothérapie, massages, exercices de relaxation... Enfin, nous échangeons nos opinions, je lui fais parvenir des documents sur le cinéma, les voyages, l’actualité, la nutrition, je lui parle de ma famille et peu à peu il relâche des tensions, rentre dans mon univers, dans celui de la vie urbaine actuelle et c’est bien ainsi que les liens se tissent... France-Hélène Post-Scriptum |