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La relation médecin-malade en milieu pénitentiaire par Khodja Djamel

Publié le mardi 24 septembre 2002 | http://prison.rezo.net/la-relation-medecin-malade-en/

La relation médecin-malade en milieu pénitentiaire :
L’EXEMPLE de l’unité D1 des maisons d’arrêt de FLEURY-MEROGIS par Khodja Djamel

SOMMAIRE
I) INTRODUCTION

Ce mémoire de DEA d’Éthique Médicale et Biologique, après un enseignement pluridisciplinaire, se doit d’être l’aboutissement d’un état éthique professionnel, étant Médecin Polyvalent.

La préparation conjointe de ce DEA, ainsi que du DIU d’éthique au sein du laboratoire que je fréquente depuis plus de trois années, a conduit ma réflexion personnelle à m’interroger sur ma propre profession et mon exercice.

L’exercice médical d’une portée sociale au sein de la personne qui, selon la phrase de Kant présentant la personne comme : " ce qui doit être toujours traité comme une fin et pas simplement un moyen " et la référence au rôle du médecin dans le cadre de l’éthique médicale : la réponse apportée par Paul RicÅ“ur (1) à la question " Alors qu’est-ce qui spécifie l’éthique médicale parmi toutes les applications éthiques ? "

D’abord, la référence première à la souffrance, ensuite le lien inter humain très particulier entre le médecin et son patient autour de cette même souffrance.
Mon expérience professionnelle d’une pratique en secteur très particulier c’est-à-dire en milieu carcéral, milieu de tensions et de contradictions où cette médecine est considérée encore par certains comme une médecine emprisonnée alors que notre rattachement au monde hospitalier date de cinq années.
Quelle meilleure évaluation de nous-mêmes si ce n’est par nos propres patients ?
Quel meilleur marqueur si ce n’est notre relation médecin-malade et sa propre critique par nos soignés ?
C’est l’objet de ce mémoire : la relation médecin-malade en milieu pénitentiaire, l’exemple de l’unité D1 des Maisons d’arrêt de Fleury-Mérogis

I) INTRODUCTION

Ce mémoire de DEA d’Éthique Médicale et Biologique, après un enseignement pluridisciplinaire, se doit d’être l’aboutissement d’un état éthique professionnel, étant Médecin Polyvalent.

La préparation conjointe de ce DEA, ainsi que du DIU d’éthique au sein du laboratoire que je fréquente depuis plus de trois années, a conduit ma réflexion personnelle à m’interroger sur ma propre profession et mon exercice.

L’exercice médical d’une portée sociale au sein de la personne qui, selon la phrase de Kant présentant la personne comme : " ce qui doit être toujours traité comme une fin et pas simplement un moyen " et la référence au rôle du médecin dans le cadre de l’éthique médicale : la réponse apportée par Paul RicÅ“ur (1) à la question " Alors qu’est-ce qui spécifie l’éthique médicale parmi toutes les applications éthiques ? "

D’abord, la référence première à la souffrance, ensuite le lien inter humain très particulier entre le médecin et son patient autour de cette même souffrance.
Mon expérience professionnelle d’une pratique en secteur très particulier c’est-à-dire en milieu carcéral, milieu de tensions et de contradictions où cette médecine est considérée encore par certains comme une médecine emprisonnée alors que notre rattachement au monde hospitalier date de cinq années.
Quelle meilleure évaluation de nous-mêmes si ce n’est par nos propres patients ?
Quel meilleur marqueur si ce n’est notre relation médecin-malade et sa propre critique par nos soignés ?
C’est l’objet de ce mémoire : la relation médecin-malade en milieu pénitentiaire, l’exemple de l’unité D1 des Maisons d’arrêt de Fleury-Mérogis.

II) Quelques citations et textes se rapportant au milieu pénitentiaire et à la santé
III) Méthodologie
a) Hypothèses
b) Choix de la méthodologie
c) Bibliographie
d) Questionnaire
e) Observations personnelles

IV) Bref rappel historique de la situation de la santé médicale en milieu pénitentiaire et son évolution avec quelques dates

V) L’exercice médical en milieu pénitentiaire

VI) Les maisons d’arrêt de Fleury-Mérogis
a) Structure
b) Population carcérale
c) L’Unité de Consultations et de Soins Ambulatoires
- Les locaux
- L’équipe médicale de chaque unité de soins
- Quelques chiffres sur l’activité de l’UCSA

VII) Le cursus de l’arrivant (personne incarcérée)

VIII) Résultats du questionnaire

IX) DISCUSSION
Paul RICOEUR (7) dit dans " Éthique et morale " :
" le médecin consulté dans le cadre de la prison ne peut exercer à plein sa vocation définie par le devoir d’assistance et de soins dès lors que la situation même dans laquelle il est appelé à le faire constitue une atteinte à la liberté et à la santé requise précisément par les règles du système carcéral. Le choix pour le médecin individuel, est entre appliquer sans concession les exigences issues du serment d’Hippocrate au risque d’être éliminé du milieu carcéral, et consentir aux contraintes constitutives de ce milieu le minimum d’exceptions compatibles avec le respect d’autrui et celui de la règle. Il n’y a plus de règles pour trancher entre les règles, mais, une fois encore, le recours à la sagesse pratique proche de celle qu’Aristote désignait du terme de phronesis (que l’on traduit par prudence), dont l’Éthique à Nicomaque dit qu’elle est dans l’ordre pratique ce qu’est la sensation singulière dans l’ordre théorique. C’est exactement le cas avec le jugement moral en situation ".
Notre discussion consiste à dire que des chiffres aussi probants majoritairement réconfortent notre sentiment de satisfaction au sein de l’activité de notre équipe. Mais de là à considérer que notre relation médecin-malade est la meilleure, c’est l’erreur même qu’il ne faut jamais commettre. L’intérêt même est de s’intéresser aux chiffres globalement négatifs.

La question qui me semble marquante, est la perception d’une éventuelle dépendance aux magistrats ou à l’administration pénitentiaire et on a des chiffres de 32,5 %. Cela passe à 45 % lorsqu’il n’existe pas de suivi extérieur et à 24,3 % lorsqu’il en existe. D’où le fait que pratiquement 1/3 de nos patients pense qu’une dépendance vis-à-vis des magistrats ou de l’administration pénitentiaire existe, nous donne l’orientation qui reste à accomplir.
Concernant les cas (NSP), pas de réponse aux questions, sur la relation médecin-malade (23,25 %), sur l’avis concernant l’hôpital Sud-Francilien (18,60 %), la confiance (13,95 %), le choix secondaire du même médecin (9,60 %), quelle explication donner à cela ? Peut-être une incompréhension ou pas d’avis ?
Les réponses " oui " et " non " en même temps, très limitées dans l’ensemble, expriment-elles un doute ?
Et la discussion reste toujours ouverte, surtout dans ce milieu !

X) CONCLUSION
Grâce à cet enseignement de DEA, notre approche de ce type de prise en charge est devenue plus évidente permettant d’une certaine manière une évaluation de notre pratique.

Globalement, nous sommes bien perçus, mais le chemin accompli de notre indépendance vis-à-vis du Ministère de la Justice est en très bonne voie, puisqu’il ne reste qu’un tiers de nos patients qui a un doute sur cela.
Il reste à essayer d’améliorer tous les paramètres de prise en charge d’où l’idée qu’épisodiquement, toutes les deux années par exemple, réévaluer la situation avec le même questionnaire, dans des conditions quasi identiques.
S. RAMEIX (7) écrit de Levinas qu’il thématise " l’obligation morale de soigner, avec tous les moyens dont on dispose, tout homme quel qu’il soit, même celui coupable du crime le plus odieux, même le terroriste, même le tortionnaire. Dans le colloque singulier, le patient est l’Autre, il est un absolu qui prime sur toute autre considération. La rencontre du visage et du regard de l’homme malade impose l’obligation de faire tout pour lui, indépendamment du " personnage " qu’il est. Il importe de s’abstenir de toute position personnelle, de tout jugement à partir de soi-même, et de se laisser " prendre " par l’autre, même si ce décentrement de soi-même sur un malade n’est pas psychologiquement facile ".

 
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