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Demande de parloir par Catherine, la mère de Christophe Khider

Publié le dimanche 1er mars 2009 | http://prison.rezo.net/demande-de-parloir-par-catherine/

Mademoiselle Charles-Catherine Claude

Monsieur
Directeur de l’administration
1, place Vendôme
75001 Paris

Saint-Maurice le 26 02 2009

Monsieur d’Harcourt,

Cela fait maintenant une semaine et deux jours que mon fils, Christophe Khider, s’est évadé de la prison de Moulins et à ce jour je n’ai pas encore pu le voir.

Christophe a été grièvement blessé au poumon par les forces de l’ordre alors qu’il n’a pas tiré sur celles ci, à l’identique de toutes les malheureuses personnes prises en otage, au cours de cette cavale du désespoir.

Mon fils a été emmené en soins intensifs à l’hôpital Henri Mondor dans lequel, il a été menotté au lit en sas de réanimation.

Une saisine a été déposée à cet effet auprès de la Cnds (commission nationale de déontologie de la sécutité) par madame Alima Boumédiène Thiery, sénatrice des Verts.

A ce jour, je ne l’ai toujours pas vu et si je n’avais pas une confiance absolue en Delphine Boesel son avocate, je n’aurai aucune preuve de sa bonne santé et du fait qu’il soit réellement en vie, ce qui est inadmissible et carrément insupportable sur le plan purement humain.

Personne n’a daigné communiquer avec moi, alors qu’en 2001, lors de sa tentative d’évasion des prisons de Fresnes, police et administration pénitentiaire se bousculaient pour me parler, afin que je participe à sa reddition. Ce que j’ai fait je vous le rappelle ici.

A l’époque, le préfet m’avait assuré, devant les policiers du Raid : "qu’il n’oublierait pas que mon fils ne s’était pas servi de l’émeute qui sévissait à Fresnes pour couvrir son évasion, ni le fait que je participais au dialogue de reddition avec mon fils".

Aujourd’hui, je constate, sans trop de surprise, je l’avoue, le peu d’importance que l’autorité politique et pénitentiaire, accordent au sens de la parole donnée.

Seul, Christophe X, le psychologue, négociateur du Raid, a tenu la sienne en 2001, me permettant de voir mon fils, de le serrer dans mes bras durant plus de trois heures à l’issue de la reddition de celui ci.

Je vous demande donc, monsieur d’Harcourt, de m’accorder une permission de visite à laquelle j’ai parfaitement le droit au regard de l’article D 395 du code de procédure pénal. Par ailleurs, je n’accepterai pas de voir mon fils, derrière un double vitrage comme votre administration l’a déjà fait par le passé. Je n’accepterai pas non plus les mises à nu de ma personne dans des couloirs sordides, avec fouilles minutieuses de tous mes orifices dont j’ai été l’objet à deux reprises, en vain, au détriment de la loi.

Aujourd’hui, soit cinq ans plus tard, ceci vaut à votre administration des poursuites devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, après que nous ayons, mes avocats et moi, épuisé tous les recours nationaux à l’issue desquels, mes plaintes ont été classées régulièrement sans suite sans autre forme de procès.

Je suis une maman qui aime ses enfants tout simplement et je me battrai bec et ongles pour faire valoir et respecter mes droits dont celui à la dignité. Si toutefois, vous me soupçonniez de quoi que ce soit de répréhensible, je vous demande de me faire mettre en examen et d’arrêter de me diaboliser pour asseoir des mesures de plus en plus sécuritaires.

Après 14 longues années sans histoires, pour aller visiter mon fils dans toutes les prisons de France de la frontière allemande à la frontière espagnole, vous me traitez comme une délinquante supposée, pire, comme une moins que rien. Ceci n’est du qu’à l’antériorité de mon parcours de vie pour lequel vous me faites payer mes erreurs de jeunesse en me refusant, comme certains, une seconde chance.

Au regard de cet état de fait et malgré l’exemplarité de ma "résurrection", vous me niez en tant que maman, en tant que personne et surtout en tant qu’être humain. Aussi, monsieur d’Harcourt, je me demande comme de nombreuses autres personnes, comment espérez vous, nous faire entendre que vous privilégiez la réinsertion des personnes détenues dont vous avez la charge ?

En tout les cas pour moi et pour beaucoup, la surenchère sécuritaire ne prévaudra jamais sur la rage de vivre.

Dans l’attente d’une rapide réponse de votre part, je vous prie d’agréer, monsieur d’Harcourt, l’expression de mes salutations distinguées.

Claude Charles-Catherine
Présidente de l’ARPPI (Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées)
fraterniteaperpete@yahoo.fr

Pour copie :
Madame Alima Boumédiène thiery Sénatrice des verts
Madame Rachida Dati ministre de la justice
Monsieur Delarue contrôleur général des prisons
Observatoire international des prisons (Oip)
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