Publié le jeudi 4 mars 2010 | http://prison.rezo.net/liberation-des-malades-incarceres/ La [loi du 4 mars 2002->article 3682] sur la suspension de peine pour raison médicale, votée dans un souci d’humanité, permet de suspendre une peine en cours d’exécution, dès lors que deux critères alternatifs sont remplis : soit, l’engagement du pronostic vital de la personne concernée, soit l’incompatibilité durable de son état de santé avec le régime ordinaire de détention. Le 4 mars, date symbolique à laquelle tous les espoirs étaient permis, notamment celui de croire que la santé prévaudrait sur les discours sécuritaires... 8 ans après, il n’en est rien. Le Parlement a voté des restrictions progressives au champ d’application de la loi de 2002 entraînant une réduction du nombre d’octrois de suspensions de peine. D’un point de vue légal comme d’un point de vue humain, la mauvaise application de la loi de 2002 est un scandale, déni de droit et déni d’humanité, qu’il convient de dénoncer. Des femmes, des hommes atteints de pathologies lourdes sont maintenus en prison alors qu’ils pourraient, dans le respect de la loi, être libérés pour être soignés ou bénéficier de soins palliatifs adaptés à leur état. Pourtant trop nombreux sont ceux qui demeurent enfermés dans les établissements pénitentiaires français, où certains trouvent la mort, faute d’avoir été libérés à temps. Pourquoi ?
En pratique lorsque le pronostic vital du demandeur est engagé, son éventuelle libération arrive souvent trop tard.
En définitive, on ne suspend la peine des malades incarcérés que lorsque qu’ils sont proches de la mort. Et que penser de l’incarcération de personnes malades ? Ne devrait-on pas réfléchir à ne pas incarcérer des personnes atteintes de pathologies lourdes, afin de leur permettre de bénéficier de soins adaptés ou de ne pas voir leur état se détériorer en détention, plutôt que les obliger ensuite à se battre pour obtenir, - difficilement - , une suspension de peine ? La création d’Unités Hospitalières Sécurisées Interrégionales (UHSI), d’Unités Hospitalières Spécialement Aménagées (UHSA), voire de quartiers « maison de retraite1 » ne peuvent en aucun cas pallier ces dysfonctionnements. Ces dispositifs ne permettront jamais de faire des lieux de privation de liberté des lieux de soins. Ils ne conduisent qu’à justifier la non libération des personnes malades. Pourtant, les solutions respectueuses de la dignité des malades existent, nous les connaissons. Le Pôle Suspension de Peine préconise :
— Laurent Jacqua, Ban Public |