Publié le samedi 24 avril 2010 | http://prison.rezo.net/l-encellulement-individuel-n-est/ Sommaire
publié en ligne : 13 avril 2010Le Conseil d’Etat vient de valider [1] le décret du 10 juin 2008 alors que celui-ci viole le droit à l’encellulement individuel des personnes incarcérées. Une remise en cause particulièrement scandaleuse pour les malades incarcéréEs. Saisis par l’Observatoire International des Prisons, les juges du Conseil d’Etat ont estimé que l’administration pénitentiaire devait faire face à une surpopulation endémique particulièrement forte en maison d’arrêt. Ils ont dès lors considéré qu’on pouvait légitimement porter atteinte à un des droits les plus fondamentaux de tout prisonnier : le droit à l’encellulement individuel, mesure minimum au respect du droit à l’intimité et à la dignité des personnes. Le décret du 10 juin 2008 dispose que, pour bénéficier de l’encellulement individuel, les personnes incarcérées en détention provisoire doivent adresser une requête écrite à la direction de la maison d’arrêt. Si cela n’est pas possible, elle pourra éventuellement leur proposer une place dans un autre établissement au mépris du maintien des liens familiaux et des droits de la défense. Ce décret et cette décision relèvent d’une politique répressive inacceptable faisant des droits des prisonniers des « faveurs » devant être réclamées pour éventuellement être accordées. Est-il encore nécessaire de le rappeler : l’incarcération dans un établissement pénitentiaire est une mesure attentatoire à la liberté d’aller et venir – point. Depuis 1994, le principe de prise en charge médicale d’une qualité et une continuité de soins équivalents à ceux offerts à l’ensemble de la population a été consacré et réaffirmé par la loi pénitentiaire de novembre 2009. Lorsqu’une personne est malade, il est essentiel qu’elle puisse être seule en cellule afin de préserver son intimité, sa dignité. Lorsqu’on est séropositif, que la distribution des médicaments, voire leur conservation, s’effectue en cellule et que des convocations régulières pour des bilans sanguins sont distribuées par courrier, comment faire respecter le secret médical vis-à-vis des codétenus ? Lorsqu’on est séropositif, cela signifie devoir supporter tous les effets de la maladie alors même qu’on est incarcéré : nausées, vertiges, vomissements, diarrhées, douleurs permanentes, fatigue chronique, effets secondaires des trithérapies particulièrement invalidants… Tous ces symptômes n’ont pas à être partagés avec d’autres prisonniers, sous peine de stigmatisation, de discrimination. De plus, la promiscuité en cellule multiplie et aggrave inévitablement les risques de maladies opportunistes et de co-infection. Cette décision de justice est scandaleuse puisqu’elle vient – pour des raisons « matérielles » et en violation totale des droits humains – porter une atteinte manifeste au droit à l’encellulement individuel. L’inhumanité d’une telle pratique est d’autant plus criante qu’elle concerne des personnes placées en détention provisoire, qui n’ont donc pas encore été jugées et sont, à ce titre, supposées bénéficier de la présomption d’innocence. Act Up-Paris exige le respect inconditionnel au droit à l’encellulement individuel. Act Up-Paris rappelle que l’incarcération de toute personne malade ne peut être considérée comme une mesure respectueuse des droits humains et revendique une mise en œuvre systématique des alternatives à l’incarcération pour toute personne séropositive.
Notes[1] Par un arrêt du 29 mars 2010 |