Je suis très, mais alors vraiment, très en colère, une véritable haine face à un gâchis monumental, qui a failli coûter une vie, et va peut-être en coûter une autre…
Les malades mentaux et la justice n’ont, décidément, définitivement rien à faire ensemble.
Un dossier, pour prouver que j’ai le droit de vous le dire ; un homme, pour mesurer ce fait à l’aune de ce qu’on est -d’autres hommes…
Je viens d’être commis d’office par une Cour d’Assises pour assister un jeune homme qui va y comparaitre dans quelques jours pour, excusez du peu, y répondre de faits de tentative de meurtre ayant suivi un autre crime, en l’espèce un viol commis en état de récidive légale.
Peine encourue : perpétuité, avec période de sûreté minimale automatique de la moitié de la peine, ou de dix-huit ans si la perpétuité était prononcée, ce que je ne peux pas un instant envisager.
Ce garçon a une personnalité extrêmement perturbée, l’expert psychiatre l’ayant examiné dans le cadre de cette affaire ayant d’ailleurs conclu à une altération du discernement, on verra bien ce qu’en fera la Cour, mais mon douloureux effarement ne vient pas de ce qu’une fois de plus, on va tenter de juger sinon un fou, du moins, c’est bien certain, un malade, un grand malade, et que j’en souffre d’avance.
Non, ce qui me rend dingue à mon tour, après examen de son dossier de personnalité, est l’enchaînement des faits suivants, qui, parmi tant d’autres, disent tellement à quel point l’institution judiciaire est inadaptée, totalement, à la prise en compte, plus encore à la prise en charge, de ces personnes qui souffrent de "graves troubles de la personnalité"…
Je suis sidéré.
Ce garçon, sur le passé familial duquel il me reste d’ailleurs tout à faire, tant je suis certain d’anomalies majeures -la seule visible étant l’absence totale des parents du dossier criminel en cours, ce qui, c’est le moins que l’on puisse dire, particulièrement s’agissant d’un milieu social "normal", attire l’œil et contriste le cœur, quoi qu’il se soit passé, bon sang : leur fils va passer devant une Cour d’Assises pour avoir failli tuer une jeune femme handicapée en l’égorgeant d’un coup de cutter et en tenant de lui briser les cervicales, après l’avoir violée… Et ils ne le savent peut-être même pas à l’heure où j’écris ces lignes, heure à laquelle leur gamin approche des deux années de détention provisoire – a, pour ce que j’en sais au travers des procès verbaux que je découvre, très rapidement manifesté des troubles, par le biais de conduites qui déjà, en elles-mêmes, auraient pu alerter son entourage et notre merveilleux monde judiciaire : vie plus ou moins désocialisée dès dix-neuf ans, hébergement en foyers suite à rupture de relations avec ses parents (?), emplois successifs mais perdus soit du fait de petits larcins, soit par manque d’assiduité, addiction progressive au cannabis… Et… Au sexe.
Petites condamnations liées à la drogue et au vol en 2003, il a alors 24 ans, et on ne sait pas trop ni comment, ni de quoi exactement, il vit.
En revanche, et c’est notamment ce qui lui vaut de comparaître pour un viol en état de récidive légale, il est condamné en 2004 pour une tentative d’agression sexuelle sur mineur commise mi 2003, et en 2005 pour une exhibition sexuelle commise mi 2004 ; dans les deux cas, les tribunaux concernés lui infligent une peine mixte, une partie d’emprisonnement ferme et une partie assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve de deux ans, ladite "mise à l’épreuve" ayant consisté dans les deux cas à une obligation de soins.
Dans les deux cas et comme dans mon dossier, les faits ont été immédiatement reconnus, non seulement sans la moindre difficulté, mais même avec une franchise dépourvue d’affectivité, mais pourvue d’une précision extrêmement nette, assez rarement rencontrée, et assortie dans les deux cas de demandes de soins, de véritables appels au secours, tout aussi nets et carrés, vous l’allez voir, je l’espère en frémissant avec moi à l’idée que ce même dossier, là, maintenant, ait simplement pu exister, faisant déborder ma coupe, déjà bien pleine, sur le sujet de ces "fous" que l’on ne devrait pas juger mais qu’on jugera quand-même…
Allons-y, ce dossier existe : voici comment.
Précédemment condamné, donc, à des peines minimes pour de "petits" faits quelconques, sans ressources et coupé de sa famille, il est à l’été 2003 logé au foyer JABRITE(1) de Lille, étant SDF, et une sortie est effectuée ce jour là vers l’une des stations balnéaires du Nord(2) , où, s’isolant un instant pour uriner, il avise une fillette de douze ans qui se rend elle aussi aux toilettes, et qui a dû avoir la frayeur de sa vie, puisqu’il l’attrape par derrière, lui plaquant une main sur la bouche, et tente de l’entraîner dans un but évident vers une cabine de toilette : sans doute galvanisée par sa trouille, la toute jeune fille se débat furieusement et lui échappe en courant.
Elle dénonce immédiatement les faits en le décrivant précisément, il est évidemment attrapé tout de suite, d’autant qu’il ne s’enfuit pas.
Il indiquera immédiatement reconnaître les faits, et qu’il est allé aux toilettes des filles en espérant en croiser une, dans l’intention d’en caresser une, mû par une pulsion qu’il reconnaît sans difficulté, tout comme ses intentions. Procédure, expertise psychiatrique, on le dit à l’époque pleinement responsable, mais on lui reconnaît, déjà, "un grave trouble de la personnalité", lié à "un trouble de l’identité sexuelle, en sentiment constant de vide, de dévalorisation, une symptomatologie anxio-dépressive avérée", bref, tout le charabia habituel qui dit très fort que ce garçon va mal et est "dangereux pour lui-même et pour les autres".
Il explique dès l’époque aux policiers qu’il "a eu un flash", qu’il "fallait qu’il touche une fille", qu’il n’a eu toute sa vie de relations sexuelles qu’avec des prostituées et des prostitués, sans bien savoir s’il est homosexuel ou pas…
Dans le même dossier, les policiers cherchent, tout de même alertés, des antécédents judiciaires de nature sexuelle, n’en trouvent pas, mais apprennent de JABRITE qu’à deux reprises il s’est exhibé, absolument nu, à deux éducateurs différents, sans en avoir été gêné…
L’expert psychologue relèvera lui "une personnalité peu structurée, une problématique sexuelle non résolue"…
C’est tout ce que contiendra (un dossier de personnalité presque vide, en ce que ne contenant que la preuve qu’il a coupé les ponts avec sa famille, sans même qu’on demande pourquoi à la famille en question, et les expertises précitées, pas même une audition au fond de qui que ce soit…) le dossier de l’instruction, instruction très rapide, puisqu’il sera jugé sans même avoir fait l’objet d’une nouvelle audition -les faits sont reconnus, les experts ont relevé de multiples troubles mais en retenant sa culpabilité, l’affaire est entendue -je ne veux pas refaire l’histoire après coup, c’est toujours trop facile, et notre homme, on va l’appeler totalement au hasard Sigmund(3) , ne dit pas grand chose d’autre de lui, juste qu’il a eu une pulsion, timidement qu’il aimerait être aidé, mais rien de marquant, soit ; mais il est permis de dire tout de même, déjà à l’époque, que personne étant intervenu dans cette affaire n’a eu beaucoup de curiosité, personne non plus n’a réellement relié les constats déjà impressionnants des experts avec ses déclarations, son comportement pulsionnel, cette très curieuse absence de relations familiales, et bien évidemment son passage à l’acte…
On ne l’interroge pas plus, quoi qu’il en soit, il est jugé et bien évidemment condamné, à une peine d’ailleurs très lourde, au regard de faits qui finalement ont été très minimes (tout étant relatif) : 3 ans dont deux ans et quatre mois assortis de ce sursis avec mise à l’épreuve consistant principalement à se soigner -je vous laisse deviner combien de mois de détention provisoire avaient été effectués(4) , il est libre le soir même du procès, nous sommes à la fin du premier trimestre 2004.
Comme chacun sait que la prison fait du bien à tous ces types là, il faut attendre quatre mois pour que Sigmund fasse de nouveau parler de lui -quatre mois pendant lesquels, suivi à la sortie de détention et délais judiciaires étant ce qu’ils sont, il a été totalement livré à lui-même, seul -non, un peu encadré par les éducs’ de son nouveau foyer, mais pas plus que ça, ils ne sont pas là pour ça.
Nouveaux faits donc à l’été 2004, oh, sans doute encore moins graves que les précédents : il est arrêté dans un parc lillois bien connu, où il est en train de se masturber en public, ou plus exactement "exhibant son sexe en érection à la vue du public", selon la phrase policière consacrée(5) ; aveux, et, comme dans la première procédure, il avoue même bien plus, en réalité.
Il parle à nouveau de pulsion, mais dit très vite qu’en fait cela lui arrive très souvent ; qu’il vient souvent dans ce parc pour y rechercher des relations sexuelles masculines car là c’est gratuit… En fait donc, au moins depuis sa sortie relativement récente de détention, évidemment, et sa première condamnation est parfaitement connue…
Ce qui n’empêche personne de le faire juger tel quel, sans aucune expertise ! Les policiers essayent, mais nous sommes en été, les experts sont en vacances ! Sigmund est sorti de garde à vue avec une convocation dans la poche pour être jugé début 2005, et se retrouve seul, à nouveau, et libre…
Heureusement, le tribunal relève la difficulté, lorsqu’il comparaît à l’audience quelques semaines plus tard, et ordonne ladite expertise, dont on comprend mal qu’on ait souhaité initialement s’en passer, côté parquet : le jugement interviendra finalement mi 2005.
Seulement voilà : entre temps, l’expertise intervient effectivement, et Sigmund, qui décidément ne cache pas grand chose, effectue, tant devant un éducateur du foyer où il réside à présent, que devant l’expert psychiatre, la déclaration suivante :
"Le sexe, c’est une drogue pour moi… Je ne contrôle aucune pulsion, ça peut revenir à tout moment… Je vais m’en prendre à quelqu’un, c’est certain… Il faut me soigner…".
L’expert relève à nouveau les énormes difficultés de cette personnalité, le reconnait responsable de ses actes mais avec une altération du discernement, et préconise, évidemment, des soins.
Mais surtout, et là ce n’est pas banal, croyez-moi, le procureur en charge du suivi de cette affaire, recevant le rapport d’expertise précité, trouve les déclarations de Sigmund tellement alarmantes qu’il demande aux policiers de l’entendre plus longuement à leur sujet ! Nous sommes pratiquement hors procédure, rien ne lui est reproché, mais il annonce quasiment de nouveaux faits : saine démarche du parquet, franchement, plutôt rare et à saluer.
Et elle apporte un résultat particulièrement édifiant, au regard du dossier que j’ai entre les mains.
Avant son jugement de 2005 pour des faits d’exhibition sexuelle, donc, les policiers obéissent aux ordres reçus, et cherchent à entendre Sigmund, découvrant, d’abord, qu’il n’est à ce moment là plus au foyer, mais a demandé lui même son hospitalisation psychiatrique !
Je résume : il est sous suivi judiciaire depuis sa précédente condamnation, actuellement en attente d’être jugé, et il a demandé son hospitalisation lui même. Comme les policiers, vous vous demandez pourquoi ? Comme à eux, dès 2005 donc, voici la réponse de Sigmund(6) :
" J’ai appelé un éducateur il y a quinze jours… Je lui ai parlé de ma crainte de récidiver, parce que je n’arrive pas à respecter mes suivis psychologiques et psychiatriques… J’ai peur, en fait, de me retrouver seul, dans la rue, d’avoir une pulsion, d’avoir envie d’attraper une fille et de la violer, plutôt que dans la rue, dans un parc ou un endroit reculé… Des fois j’ai envie de franchir le pas. Des fois aussi, je fume du cannabis et ça augmente mes envies… Pour réfréner mes envies, je me masturbe… Ou je bouquine, mais en fait des livres de cul… Je vais aussi au parc, c’est un lieu de rencontre homosexuel, ça me permet ayant des relations avec des hommes de me soulager… Je vais aussi voir des prostituées, mais le problème c’est le prix… Par "m’attaquer à des jeunes filles", je pensais à des filles âgées environ d’une dizaine d’années. Il m’est arrivé d’être attiré par une fillette de six ans, il ne s’est rien passé parce que j’ai peur de retourner en prison, il faut vous dire qu’on est mal aimé en prison, quand je dis "on" j’entends les personnes qui ont commis des viols ou des agressions sexuelles, c’est surtout ça qui m’empêche de recommencer, plus que la crainte de blesser ou de détruire la vie de la victime… Je suis attiré par les petites filles parce qu’elles sont constituées comme des femmes, et on a moins de risque d’avoir de résistance… Regardez, la fois où je me suis fait attraper c’est parce qu’elle avait douze ans et qu’elle s’est débattue… C’est logique qu’une femme puisse se débattre plus qu’une petite fille… Ces pulsions, j’en ai depuis cinq ou six ans, mais c’est vrai que maintenant j’en ai beaucoup plus… En fait je suis très timide, j’ai envie de femmes mais je n’arrive pas à faire le premier pas avec elles… Vu que j’ai des pulsions de plus en plus fréquemment et que je ne fais rien de mes journées, je suis sûr que je ne pourrai pas me retenir longtemps. Et comme je vous ai dit, je m’attaquerai plutôt( à des jeunes filles parce qu’elles résistent moins que les plus vieilles… C’est pour ça que j’ai fait la démarche d’aller moi-même à l’hôpital. Mais je suis inquiet parce que mon médecin m’a dit que j’allais bientôt sortir, et que j’ai vraiment peur de faire une bêtise…"
Voilà.
Ce procès verbal, hors procédure, est revenu entre les mains du parquet, qui avait eu la très bonne idée(7) de demander cette audition : rien n’a été fait ensuite, et notamment pas, comme il le pouvait, la saisine du Préfet pour une hospitalisation d’office, dangerosité diagnostiquée par tous les experts à tous les étages mais également, et c’est plus rare, par le "dangereux" lui-même…
Il était à la procédure lorsque le tribunal a jugé Sigmund, en l’ayant, et lui n’était saisi que de faits d’exhibition, condamné à 7 mois d’emprisonnement dont quatre assortis d’un nouveau sursis avec mise à l’épreuve de deux ans -obligation de soins notamment…
Il avait été établi le 2 septembre 2005.
Vous criez au secours ? Vous ne savez pas encore tout.
Dès août 2005, en effet, période à laquelle il ne faut pas perdre de vue que Sigmund était suivi par l’application des peines, un rapport d’incident avait été établi dans ce même cadre, décrivant "comme particulièrement inquiétante la situation personnelle et psychologique de Sigmund. Ce dernier explique avoir des pulsions sexuelles de manière quotidienne, et fait part de son envie d’agresser des prostituées. Il reconnaît avoir des rapports avec les hommes derrière les bosquets et évoque des désirs sexuels envers les petites filles… Il s’exhibe chaque jour depuis deux semaines au sein du parc…"…
Vous savez de quel document je tire ce premier avertissement ?
D’un rapport du juge de l’application des peines, résumant les deux années s’étant écoulées entre la présente affaire et les précédentes…
Il y est mentionné : "le parquet n’a eu ni la possibilité d’entamer des poursuites, faute de charges concrètes, ni celle de faire ordonner une hospitalisation d’office". Cette phrase est exactement à moitié vraie.
Figurent, enfin, au dossier, postérieurement à la dernière condamnation, différents échanges entre les éducateurs et le juge de l’application des peines, visant à signaler que Sigmund ne suivait pas correctement ses obligations de soins, et qu’il fallait le "rappeler à la loi" : le convoquer pour lui dire qu’attention, il faut suivre les ordres contenus dans les jugements, sinon c’est la prison…
Le dernier de ces "rappels" ? Daté du 24 avril 2006.
Je ne veux pas porter de jugement sur tout ça, il me semble que ce serait un peu indigne, parce qu’a posteriori, et donc facile.
Mais qu’en dire, sans rien juger ? Quel marasme, quel gâchis, pour tout le monde…
Sans oublier le psychiatre qui a levé l’hospitalisation que Sigmund lui-même avait demandée, considérant qu’elle n’avait pas lieu d’être, et qu’il "s’agissait d’un problème social plutôt que psychiatrique"…
Le 17 mai 2007, Sigmund guettait les prostituées officiant non loin du parc, repérait l’une d’entre elles, choisie parce qu’elle boitait, et lui demandait une fellation, qu’il payait. Descendu avec elle dans le parc, il la menaçait, la violait, puis tentait successivement de l’égorger avec un cutter, et de lui rompre le cou. Elle hurlait et se débattait, et une groupe de jeunes accourait, la sauvant tandis qu’il s’enfuyait.
La jeune femme s’en est tirée, Sigmund, il faut croire, n’arrive pas à réellement totalement faire mal.
Il sera bientôt jugé et encourt la perpétuité.
Le psychiatre qui l’a expertisé, une dernière fois, écrit notamment que selon lui, dans son cas, seule une "thérapie hormonale antiandrogène" apportera une solution garantissant un résultat.
Sigmund ne sera plus un homme, si tant est qu’il l’ait été -et je connais suffisamment cet expert pour savoir qu’il n’a écrit cela qu’en dernier recours, et qu’il ne l’aurait probablement pas écrit quelques années plus tôt…
Il dit aussi que "la prégnance des tensions sexuelles est à ce point forte chez lui qu’elle a pu altérer le contrôle de ses actes", et relève par ailleurs notamment que "la fixation à la mère va être à l’origine de sa gêne face à la société, et aux femmes en particulier. Le développement psycho-dynamique de sa personnalité s’est fait sur un mode névrotico-pervers, c’est à dire en relation avec les difficultés de séparation d’avec la mère. Il ne s’affirme pas, développe un sentiment d’infériorité et toute une gamme de conduites inhibées…".
Ses parents n’ont pas été entendus, ne sont pas dans le dossier, et ne savent peut-être même pas qu’une audience a bientôt lieu, une petite audience où leur fils joue sa vie.
Le même psychiatre écrivait encore : "Nous considérons que cet homme a besoin d’être aidé".
Je le crois aussi. Mais que vais-je, moi, lui dire ? Il a appelé tellement fort au secours, tellement clairement, tellement crûment, même… Il a été entendu par des policiers, un éducateur, des psychiatres, un procureur, trois juges du siège, un juge de l’application des peines, deux psychologues, tous, tous, ont lu ce qui vient d’être dit…
Il a pratiquement annoncé le crime commis sur cette malheureuse, deux ans avant sa commission.
Les jurés vont le craindre, et le craindre d’autant plus que sa responsabilité est sensée être légalement atténuée, ultime paradoxe de l’ensemble d’un système au vu duquel il n’existe qu’une solution : séparer enfin les "fous" du monde judiciaire, constater enfin l’inadéquation absolue de ce dernier et des premiers…
Sigmund, je ne t’ai traité de "fou" que pour faire un -mauvais- résumé : je sais déjà que tu es un homme, et que tu vas souffrir, et que tu nous avais appelé, il y a longtemps déjà…
Personne n’est venu, dis-tu ? C’est vrai, c’était le mauvais moment, le mauvais endroit, des tas de règles stupides, conçues par des gens lointains qui ne savent pas même que tu existes, et appliquées sans même jamais t’avoir une seule fois regardé vraiment, sans même t’avoir une véritable fois parlé vraiment…
Tu vas être jugé, c’est la règle, là encore : des gens vont venir, cette fois, ça au moins, j’aimerais te le promettre…
Je te le promets.
1. Le nom a été changé, on ne sait jamais, et pourtant je n’ai rien à en dire de mal, mais nous dysfonctionnons tellement, parfois… (?)
2. Bien sûr qu’il en existe, je vous sais capables d’ironiser même sur un billet dramatique, donc je vous le confirme par avance -il y fait juste très froid… (?)
3. Je n’ai pourtant pas le cœur à sourire, mais le rapport est vraiment trop évident (?)
4. Huit mois, oui, bien vu (?)
5. mon seul sourire en deux cent cinquante cotes : un policier a cru devoir répondre à Sigmund, qui lui disait sans conviction ce que tous les exhibitionnistes de France disent en pareil cas, à savoir qu’il allait uriner : "Notifions au mis en cause qu’il est particulièrement difficile d’uriner lorsqu’un sexe est en érection"… Face à ce raisonnement de bon sens, fruit sans doute d’une longue expérience, rassurez-vous, Sigmund avoue tout immédiatement… (?)
6. Extraits évidemment authentiques, qui dans le véritable procès-verbal sont entrecoupés de questions des policiers, assez ahuris je pense de la sincérité presque maladive des réponses, rarement rencontrée ici encore… (?)
7. en réalité probablement soufflée par la volonté d’aggraver le dossier d’exhibition, et aussi de vérifier que des faits non révélés n’auraient pas eu lieu (?)