Publié le vendredi 24 septembre 2010 | http://prison.rezo.net/co-infection-vih-vhc-en-prison/ Incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse, Eric Piedoie, 51 ans, est co-infecté VIH/VHC. Depuis janvier 2009, il n’est pas soigné pour son hépatite C. En juillet 2010, il a demandé une suspension de peine pour raison médicale d’urgence sur la base du certificat médical attestant que son « pronostic vital est engagé à court terme ». Pourtant, la juge d’application des peines a quand même désigné un médecin expert qui vient de rendre son rapport, lequel nie la gravité de l’état de santé d’Eric. Le rapport du médecin expert, le Docteur BLACHERE, remet en cause la gravité de l’état de santé d’Eric PIEDOIE. Alors qu’il confirme la cirrhose à un stade avancé et que les nouvelles thérapeutiques pour soigner Eric ne sont disponibles ni en prison, ni en Unité Hospitalière Sécurisée Interrégionale. De manière incohérente, le rapport estime que :
« (…) En tout état de cause, même s’il présente deux pathologie graves, même s’il est au stade de cirrhose du foie, cette dernière n’est pas décompensée et le pronostic vital n’est pas immédiatement engagé à court terme (…) Son état de santé actuel n’est pas incompatible avec la détention et le traitement actuellement suivi peut être poursuivi à la maison d’arrêt de Grasse. (…) » Le Docteur BLACHERE affirme, en totale contradiction avec la vingtaine d’autres certificats médicaux déjà rendus dans ce dossier, que « le traitement actuel peut être poursuivi en maison d’arrêt » alors même qu’il admet qu’Eric n’est pas soigné pour son hépatite C depuis janvier 2009 ; que son pronostic vital est engagé mais pas « immédiatement à court terme ».
Lorsque la juge d’application des peines désigne un médecin expert, elle refuse d’appliquer la procédure d’urgence qui permet d’ordonner une suspension de peine pour raison médicale uniquement sur la base du certificat du médecin UCSA. Il est intolérable que trois mois au moins s’écoulent entre la demande de suspension de peine et la décision. Avec une autre juge ou un autre médecin expert, Eric aurait déjà pu bénéficier de la suspension de peine pour raison médicale. C’est la preuve, une fois de plus, que le maintien des malades en prison dépend, non pas de leur état de santé, mais de l’appréciation d’un juge et de son pouvoir discrétionnaire.
D’un médecin UCSA à un médecin expert, d’une juridiction à une autre, une demande de suspension de peine pour raison médicale peut être acceptée ou refusée. La libération d’Eric dépend moins de son état de santé que des protagonistes liés à la procédure qui le concerne. C’est là qu’est le véritable scandale : le sort d’Eric dépend d’un système judiciaire totalement aléatoire et arbitraire alors que seule l’urgence sanitaire devrait jouer.
En restant incarcéré, Eric PIEDOIE ne bénéficie pas des mêmes chances de traitement qu’un malade pris en charge à l’extérieur. Il doit bénéficier du principe d’égalité d’accès aux soins pour tous. Mais, tant qu’une suspension de peine ne sera pas prononcée, son état de santé continue de se dégrader en prison, au risque de mourir.
Act Up-Paris, Ban Public, Act Up Sud-Ouest, La Case de Santé et ELCS (Elus contre le sida) exigent qu’Eric ait la meilleure prise en charge médicale possible pour être soigné, c’est-à-dire le prononcé de sa suspension de peine pour raison médicale !
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