Publié le mercredi 4 mai 2011 | http://prison.rezo.net/yagg-homophobie-en-prison-l-appel/ Je vous demande s’il serait possible de vous rencontrer, car je me suis pacsé avec un codétenu (…) et on n’arrête pas d’être insultés, menacés par deux surveillants jumeaux. Ainsi, mon conjoint a prévenu le parquet, le ministère de la Justice, la Haute Autorité, et déposé plainte à la demande de monsieur l’avocat général, et depuis, rien n’a été fait. » C’est le 20 mars 2011 que l’association Ban public, dont le but est « de favoriser la communication sur les problématiques de l’incarcération et de la détention, et d’aider à la réinsertion des personnes détenues », a reçu cet appel au secours d’un détenu du centre pénitentiaire (CP) de Caen, victime d’homophobie. Très vite, Benoit David, avocat et responsable du pôle juridique de l’association, a écrit à la direction du centre pénitentiaire de Caen, à la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP), au Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) – vers lequel la Halde avait orienté le couple – ainsi qu’à Noël Mamère, vice-président du groupe d’étude sur les prisons et les conditions de vie carcérale à l’Assemblée nationale, en vue d’une saisine de la Commission nationale de déontologie de la sécurité. À ce jour, seul le CGLPL a fourni une réponse, et a engagé une enquête auprès de la direction de l’établissement. Un second courrier du détenu a véritablement alarmé Benoit David. À la vue de cette correspondance, il semblerait qu’aucune mesure concrète n’ait été prise pour garantir la sécurité psychologique du couple. « On subit encore des insultes homophobes telles que « pédés », « bande d’enculés » « trainées, j’aurais honte de me pacser avec un homme », écrit le détenu. J’ai voulu en parler au sous-directeur de la détention et il a refusé de me rencontrer ou de rencontrer mon ami qui n’en peut plus. Il a même fait une tentative de suicide. » « L’ENQUÊTE EST EN COURS » « L’enquête est en cours, confirme Anne-Sophie Cortinovis, de la Direction interregionale des services pénitentiaires. S’il s’avère qu’il n’y a pas de preuves contre les agents, on ne pourra rien faire. Le fait d’avoir porté plainte peut néanmoins être un élément de vigilance pour la suite, et il y a eu des rappels à l’ordre auprès des membres du personnel. » DES ANTÉCÉDENTS Même si des mesures sont prises au sortir de l’enquête, Ban public souligne néanmoins que « cela ne peut en aucun cas résoudre le problème de fond, c’est-à-dire un débat sur la sexualité et l’amour en prison ». |