Publié le vendredi 8 juin 2012 | http://prison.rezo.net/philippe-el-shennawy-58-ans-se/ Mise à jour du 2 janvier 2014 Philippe El Shennawy sortira de prison le vendredi 24 janvier après 38 ans de prison. Paris, le jeudi 7 juin 2012. Bonjour, Ces quelques lignes dans le but de vous informer de la situation de Monsieur Philippe El Shennawy, cinquante-huit ans. Il a décidé depuis deux semaines de se laisser mourir de faim dans une cellule de la maison centrale de Poissy, près de Paris. Il n’a rien avalé depuis le 23 mai dernier. Peut-être connaissez-vous Monsieur El Shennawy, personnellement ou de réputation. Son nom évoque pour la presse à sensations une condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme à cause des fouilles incessantes imposées par l’administration, son évasion de l’Unité pour Malades Difficiles (UMD) de Montfavet pour résister à la folie vers laquelle le poussait l’institution psychiatrique, sa présidence d’honneur de l’association Ban Public, ou encore le célèbre braquage de l’avenue de Breteuil, au milieu des années 70, dans lequel il nie toujours formellement la moindre implication. Philippe El Shennawy incarne aussi, pour beaucoup, une sorte de figure emblématique de la « longue peine », de la très longue peine. Bientôt de la peine infinie. Il a tourné dans quasiment toutes les prisons de France, baluchonné, étiqueté D.P.S, placé pendant 19 ans à l’isolement. Plus de trente-sept années plus tard, il est toujours en prison, accumulant des peines qu’il lui reste à faire de 3 ans, 5 ans, 10 ans, 12 ans, 13 ans... Toujours sans avoir la plus petite goutte de sang sur les mains. Il est sous le coup d’une peine de sûreté qui court jusqu’en 2018. Mais le 18 mai dernier, la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Versailles s’est contentée de ramener sa date de fin de peine de 2036 à 2032, comme si cela changeait véritablement quelque chose, comme si c’était ce qu’il lui demandait, alors qu’elle aurait légalement pu rapporter cette date de fin de peine vers l’année 2017. Il n’y a aucune motivation à cette décision. La seule chose à comprendre, c’est que pour la Chambre de l’instruction, il serait parfaitement normal que Monsieur El Shennawy ne sorte qu’à 78 ans, après avoir été privé de ses libertés pendant près de 54 ans. Son histoire est tout à fait propre à sa personne, son caractère, son entourage (heureusement encore extrêmement présent). C’est un homme d’une grande intelligence et d’un grand courage. Dans le même temps, son histoire pose vraiment des problèmes beaucoup plus généraux comme l’allongement et l’accumulation des peines prononcées par les magistrats et les jurés, les discours publics de plus en plus présents sur la « dangerosité » supposée des uns et des autres, l’isolement et la solitude toujours plus grands ou, tout simplement, les peines de mort déguisées. S’il a complètement cessé de s’alimenter, il boit encore de l’eau. C’est un homme fort, solide, mais déjà affaibli par une grève de la faim précédente, de 80 jours. Surtout, il faut bien comprendre une chose. Cette fois, Monsieur El Shennawy n’est pas en grève de la faim. Si vous voulez écrire à Monsieur Philippe El Shennawy, son adresse est la suivante : Partager le compteur sur votre blog :
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