Publié le samedi 18 mai 2013 | http://prison.rezo.net/gennevilliers-un-an-apres-verite/
Un an…
Voilà près d’un an que Jamal Ghermaoui (Ayr), habitant de la cité du Luth à Gennevilliers, a été tué à l’âge de 23 ans dans sa cellule du mitard de la maison d’arrêt de Nanterre. Un an que Jamal a été enterré à Ahfir au Maroc, dans le cimetière où reposent les membres de sa famille. Un an qu’il manque à sa mère, sa sœur, ses frères, sa compagne, sa famille, ses amis et ses proches, tandis que les surveillants pénitentiaires qui l’ont tué mènent des vies paisibles auprès des leurs. Un an que le Collectif Vérité & Justice pour Jamal est aux prises avec les manœuvres de la mairie de Gennevilliers pour l’obtention d’une salle dans cette ville (salle jamais obtenue à ce jour). Un an ! Depuis un an, la famille de Jamal, ses proches et les habitants du Luth n’ont pas attendu que la justice rende son verdict pour clamer haut et fort ce que tout le monde sait : Jamal n’est pas simplement mort, il a été tué. Si Jamal n’est plus là, c’est la faute à des fonctionnaires rétribués par l’Etat, qui ont décidé de lui ôter la vie. Dire cette vérité simple sur la mort de Jamal, c’est respecter sa mémoire et faire preuve de dignité.
Un an… et une victime de plus.
La mort de Jamal n’est bien entendu pas un cas isolé. Elle vient s’ajouter tristement à la longue liste de celles et ceux mort-e-s poursuivi-e-s, frappé-e-s, tasé-e-s, tiré-e-s à vue ou enfermé-e-s par les forces répressives. Chaque situation est bien entendu spécifique à un lieu, un milieu, un quartier, etc. Pourtant, chaque victime de cette répression d’Etat doit être pour tout le monde l’ « événement catalyseur qui cristallise les tensions sociales et politiques sous-jacentes ». A Gennevilliers, la mort de Jamal est évidemment à inscrire dans l’histoire de la ville. Une histoire commune à tant de villes populaires, faite de bidonvilles qu’occupaient comme ils le pouvaient les immigrés des (ex) colonies, venus ou amenés en France pour travailler. Une histoire faite de luttes ouvrières, de désindustrialisation et de chômage de masse. A l’instar d’autres communes du département comme Nanterre et de nombreuses autres villes en France, Gennevilliers vit aujourd’hui à l’heure des programmes de « rénovation urbaine » et du démolissage de nombreuses tours et barres, notamment celles de la cité du Luth. En lien avec ce programme, les habitants de cette ville – surtout les jeunes – subissent également une féroce répression policière, qui vient leur faire sentir un peu plus chaque jour qu’ils ne sont pas chez eux dans leur propre ville et qu’ils feraient mieux de la quitter sous peine d’être constamment harcelés. Nous nous réunirons ensuite pour faire un point sur l’enquête judiciaire, ainsi que sur les mobilisations en cours contre la répression d’Etat et les moyens politiques et artistiques de mener ces luttes. C’est par le biais de la production politique et artistique que nous inscrirons le drame que constitue le meurtre de Jamal dans l’histoire de Gennevilliers et dans celle plus générale des luttes de l’immigration et des quartiers populaires.
Nous comptons sur vous.
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