Publié le mardi 5 août 2014 | http://prison.rezo.net/deces-d-un-detenu-suite-a/ Paris, le 1er août 2014 Décès d’un détenu suite à plusieurs crises d’épilepsie : l’État condamné pour n’avoir pas appelé les secours Détenu à la maison d’arrêt de Loos, Aliou Thiam est victime le dimanche 10 juin 2007 à 6h du matin d’une crise d’épilepsie. Immédiatement, la cellule ne disposant d’aucun système d’alerte d’urgence, son co-détenu affolé appelle les surveillants en frappant de toutes ses forces contre la porte. Une procédure d’urgence inappliquée Vers 6h30, un surveillant et un gradé entrent dans la cellule et trouvent M. Thiam inconscient « allongé sur son lit en position latérale de sécurité, une légère perte de sang au niveau de la bouche, avec une respiration haletante ». Le co-détenu leur décrit précisément les symptômes : cris, convulsions, apparition de bave, raidissement… mais les surveillants n’estiment pas nécessaire d’appeler le SAMU. Pourtant, le service médical (UCSA) n’ouvre qu’à 8h et le code de procédure pénale (art. D 374) impose, « si une intervention médicale paraît nécessaire en dehors des heures d’ouverture de l’UCSA », d’appliquer « les directives prévues par le protocole » signé entre la prison et le centre hospitalier qui prévoit qu’ « en situation d’urgence, le personnel pénitentiaire fait appel au centre de régulation du SAMU (centre 15) ». Aux alentours de 7h, nouvelle crise d’épilepsie, nouvelle alerte du co-détenu. Cette fois, les surveillants ne réalisent qu’un contrôle visuel à travers l’œilleton et indiquent que M. Thiam sera examiné par les infirmières de l’UCSA à leur arrivée. Une transmission d’informations défaillante 7h du matin, c’est l’heure à laquelle l’équipe des surveillants de jour remplace l’équipe de nuit. Cette dernière indique qu’Aliou Thiam « devrait être vu rapidement par le service médical », consigne transmise à l’UCSA à son ouverture. Mais « le signalement auquel il a été procédé par l’administration pénitentiaire ne faisait pas état des pertes de connaissance, et de convulsion » reconnaît le ministre de la Justice dans son mémoire en défense. Ainsi, M. Thiam n’est appelé à l’UCSA qu’à 9h20. Frappé d’amnésie, comme il est fréquent après ce « La perte d’une chance sérieuse de survie »
Le système français de permanence des soins en question Cette condamnation de l’Etat illustre la défaillance structurelle du système d’organisation des soins dans les prisons françaises qui ne disposent d’aucune présence médicale ou infirmière la nuit voire le week-end. En 2000 déjà, le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) insistait « à nouveau sur le fait que l’existence d’un simple système d’astreinte et – a fortiori -d’appel à un service d’urgence ne rend en aucun cas superfétatoire la nécessité d’une présence permanente dans des locaux pénitentiaires d’une personne en mesure de fournir les premiers soins, bénéficiant de préférence, d’une qualification reconnue d’infirmier. ». Il insistait « Faut il rappeler qu’une telle mesure permettrait d’assurer une intervention à la fois immédiate et appropriée en cas d’urgence pour les détenus. Le CPT recommande une fois de plus aux autorités françaises d’organiser, dans les établissements pénitentiaires qui ne bénéficient pas d’un système de garde médicale, la permanence d’une telle personne ». Les drames tels que celui d’Aliou Thiam rappellent l’urgence de donner suite à ces Contacts OIP : |