Le monde des prisons est encore trop méconnu des citoyens en général. Celui-ci, pourtant extrêmement complexe, est régulièrement chargé de stéréotypes, de préjugés, d’avis simplificateurs et réducteurs, que cela concerne les personnes incarcérées ou le personnel pénitencier. 

En effet, il peut être rassurant de nettement cliver les prisons de la société. Mais cette séparation ne peut qu’aggraver un contexte déjà accablant. En Belgique, il y a trop de prisons et nombreux sont les détenus à ne pas avoir leur place dans des établissements tels qu’ils existent aujourd’hui. L’absence d’une politique carcérale à long terme et constructive conduit à l’échec depuis de nombreuses années. Le constat est une évidence, même pour nos dirigeants politiques. 

L’opinion publique est trop souvent guidée par un fait divers isolé, amplifié et simplifié par certains médias. Cette position laisse alors peu de manœuvres à certains de nos décideurs politiques qui voudraient, pourtant, agir. Résultat : le manque de moyens est de plus en plus criant, des hommes et des femmes sont laissés à l’abandon malgré l’engagement et l’implication d’un personnel pénitencier souvent débordé, et la Belgique est régulièrement condamnée par la Commission Européenne des Droits de l’Homme en raison de la situation de son système carcéral. 

Soit, la personne incarcérée est par définition privée de liberté.

Cela ne signifie pas pour autant qu’elle doit être complètement coupée du monde. D’aucuns diront que proposer des activités culturelles et citoyennes en prison ne fait que renforcer un système carcéral qui se mord la queue et qui, au bout du compte, se satisfait d’une telle situation. Il est vrai. Néanmoins, la présence de personnes « extérieures » au monde carcéral au sein des prisons, même si cela peut paraitre dérisoire et vain, y amène sans aucun doute davantage d’humanité, d’espaces de libertés, d’échanges citoyens et de projets communs. Demain, la grande majorité des personnes incarcérées seront nos voisins, quoi qu’on en pense : ils sortiront un jour de prison et revivront au sein de la société. Dans l’intérêt de tous, préparer cette sortie est fondamental.