Publié le lundi 27 janvier 2003 | http://prison.rezo.net/thema-les-bonnes-affaires-de-l/ Thema : Les bonnes affaires de l’insécurité À McRae, en Géorgie, on compte sur la nouvelle prison privée pour relancer l’économie locale… Christiane Badgley fait le bilan de trente ans de “boom carcéral” aux États-Unis. McRae est à la recherche de prisonniers. Ce petit bourg de 2 500 habitants, situé dans le sud de l’État de Géorgie, se retrouve avec une prison de 1 500 lits vide. Une prison construite sans aucune commande, à l’initiative de la CCA (Corrections Corporation of America), le numéro un mondial des prisons privées, dont la devise est : “Si nous la construisons, ils viendront.” Cela fait bientôt deux ans que la municipalité attend avec impatience l’ouverture de la prison. Car, dans cette région touchée par la crise du textile, elle est censée redynamiser toute l’économie locale… Boom carcéral À travers l’histoire de la prison vide de McRae que l’on cherche à tout prix à remplir, À qui profite le crime ? examine l’impact économique et le coût social de trente années de “boom carcéral” aux États-Unis. Les premières images montrent des responsables politiques et économiques enthousiastes. 21h35 : MARCHANDS D’INSECURITE (51’) En France, la sécurité est un marché en pleine expansion et très lucratif. Depuis une dizaine d’années, une poignée d’“experts en sécurité” (qui disposent de leurs propres entreprises et cabinets privés) multiplie les interventions médiatiques et propose des solutions clés en main pour faire face à la crise de la sécurité – une crise qui se nourrit en bonne partie de leur propre discours alarmiste ! La recette est simple : attiser le sentiment d’insécurité pour mieux vendre son expertise. Et ça marche, puisque les contrats entre entreprises privées, État et collectivités territoriales se multiplient. Mais la sécurité de l’État peut-elle être confiée au privé, c’est-à-dire soumise à une logique marchande ? L’action de l’État ne perd-elle pas ainsi de sa légitimité ? La fabrique de l’insécurité Richard Vargas interroge une réalité multiple – l’insécurité – en privilégiant une distance ironique, par exemple lorsqu’il montre un élu assoupi pendant une réunion des maires de France consacrée au “retour de la violence”. Son enquête l’amène à rencontrer des policiers bénévoles anglais (qui disposent des mêmes pouvoirs qu’un agent de métier), des patrons de sociétés de sécurité qui publient des livres sur le sujet, mais aussi des jeunes d’une cité, un sociologue, un médiateur, un historien. Les problèmes existent bel et bien. Ils s’expliquent par l’histoire de l’urbanisation, par la crise économique et celle de l’école, le racisme… Le film dénonce un débat politique qui se focalise sur la petite et moyenne délinquance – un choix lourd de conséquences et qui semble bien éloigné de la réalité des banlieues – et une politique sécuritaire qui génère d’importants bénéfices. |