Publié le samedi 24 mai 2003 | http://prison.rezo.net/enseignement-dans-un-quartier/ Enseignement primaire et professionnel dans un quartier correctionnel : Les jeunes détenus de bonne nouvelle à Rouen (1868-1895)
Si aujourd’hui, l’idée selon laquelle l’éducation se pose comme le corollaire premier de la répression des mineurs délinquants est bien identifiée, la réponse de la société à leur égard fut jusqu’à une période très récente principalement marquée par un net penchant répressif, sans réelle distinction opératoire entre mineurs et adultes. L’ordonnance du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante, en substituant à l’ancienne notion de discernement traditionnellement utilisée celle d’éducabilité [1], marque le véritable tournant de cette prise de conscience d’une nécessaire éducation des jeunes délinquants. Pour autant, cela ne signifie pas que l’éducation des jeunes en milieu carcéral apparaisse dans la seconde moitié du XXe siècle. Dès la mise en place d’institutions spécialisées dans l’accueil et l’amendement de jeunes en difficulté (condamnés ou non), vers le milieu du XIXe siècle, l’administration pénitenitentiaire organisa un système "scolaire" à l’intérieur des établissements dont elle avait la charge. 1- Présentation du quartier correction de Rouen Le quartier correctionnel n’a pas d’existence juridique ou législative en ces termes. Pourtant son existence, bien réelle, en fit l’un des éléments majeurs du système pénitentiaire alors applicable aux mineurs. Il résulte de la mise en œuvre pratique des dispositions l’article 10 de la loi du 5 août 1850 sur l’éducation et le patronage des jeunes détenus, et remplace dans les faits les colonies correctionnelles initialement prévues par les législateurs. Cette loi, directement inspirée de l’expérience de la colonie de Mettray [2], affirme certes la nécessité de l’éducation correctionnelle des jeunes détenus dans les colonies agricoles privées, l’importance du patronage, mais ne remet pas en cause le statut du mineur de justice, qui reste un détenu à surveiller plus qu’un enfant à éduquer. A cette date, l’Etat prend en main la gestion de l’enfance délinquante, et organise un système, qui se veut clair, de répartition des jeunes acquittés et condamnés. La « maison de correction » du Code Pénal de 1810 n’est plus la maison centrale ou la prison départementale, mais un établissement réservé exclusivement aux jeunes détenus, désigné sous le terme générique de colonie. Elle s’appelle « colonie pénitentiaire » lorsque sa population est composée d’enfgants acquittés en vertu de l’article 66 du Code Pénal et des jeunes condamnés à la correction ou l’emprisonnement pour une durée comprise entre six mois et deux ans. Les jeunes condamnés à plus de deux ans, auxquels s’ajoutent les nombreux insubordonnés des différentes colonies pénitentiaires, sont eux rassemblés dans de théoriques « colonies correctionnelles ». L’administration pénitentiaire se doit en effet d’apporter aux jeunes détenus une éducation qui se veut complète, alliant des exercices intellectuels et physiques, l’apprentissage d’un métier, et l’approche de valeurs morales et religieuses. En ce qui concerne l’éducation intellectuelle, les jeunes détenus sont dans une situation généralement précaire. Quelques-uns ayant déjà une première expérience professionnelle, le travail en atelier est abordé comme une continuation, un perfectionnement ; par contre, l’appréhension de connaissances générales, de valeurs, signifie d’abord, pour toute une catégorie de délinquants et de criminels, l’acquisition de notions de bases tant élémentaires (lecture, écriture, calcul) que morales (le bien et le mal)... 2. L’Enseignement scolaire L’enseignement scolaire est par nature considéré comme la principale mesure capable de relever l’enfance coupable. L’inassiduité scolaire est fréquente, l’école n’étant pas encore obligatoire au début de notre période. Elle est d’ailleurs le premier pas vers le vagabondage pour de nombreux enfants. L’instituteur a donc la lourde tâche de donner aux jeunes détenus l’enseignement qui leur a fait défaut. 2.1. Instituteurs et moyens Les instituteurs détachés auprès de l’enfance délinquante ou criminelle sont de véritables « éducateurs » avant l’heure. Comme pour les autres intervenants extérieurs du quartier correctionnel, leur engagement dans la mission éducatrice des jeunes détenus est total. Ce ne sont certainement pas les avantages pécuniaires qui poussent ces hommes à se consacrer à ce type d’enseignement, leur travail n’étant que peu rétribué. Pour ces intervenants du quartier correctionnel, le service auprès des détenus relève du dévouement, fruit d’une vocation certaine et inattaquable. Monsieur Quimbel précise dans une lettre de motivant son départ en retraite [5] que les 34 années qu’il a passées en prison depuis sa nomination en 1837 comme Instituteur des jeunes détenus sous la surveillance d’une Société de patronage le furent pendant longtemps à titre presque gratuit, avant de percevoir une allocation de 800 francs. Dans les années 1870, il voit cette allocation passer de 800 à 1400 francs. Enfin vers 1881, les émoluments des instituteurs se stabiliseront vers 2000 francs. L’instituteur a besoin de beaucoup de finesse et de sens psychologique pour réussir à se faire obéir, voire aimer de ses jeunes élèves. Les qualités pédagogiques sont primordiales, et un instituteur développant une relation de confiance avec les jeunes détenus aura toutes les chances de voir ses efforts aboutir. Il est, avec le personnel surveillant, la personne qui a le contact à la fois le plus proche et le plus fréquent avec les détenus, qu’il voit plus de deux heures par jour, accompagne en promenade le dimanche, surveille pendant les récréations. De plus, il joue le rôle de médiateur, de modérateur. C’est l’intermédiaire privilégié des jeunes détenus avec le directeur et il inspire auprès des jeunes un respect mesuré mais certain. Il se pose enfin comme un confident privilégié pour eux dans la structure du quartier correctionnel, où n’existe pas alors ni assistante sociale ni psychologue. L’instituteur, au-delà de sa stricte mission d’enseignant, cristallise en quelque sorte ces différentes dimensions, tout comme le fait d’ailleurs son homologue « au village ». 2.2. Programmes. Objectifs. L’éducation intellectuelle telle qu’elle est dispensée au quartier passe principalement par la simulation permanente de la mémoire et du jugement. La majorité des jeunes arrivent au quartier dans un état « d’apathie intellectuelle », l’esprit lourd et paresseux. Cette torpeur intellectuelle tend à réduire dans les premiers temps les exercices intellectuels et l’assimilation des connaissances à un exercice simple d’écriture. L’enseignement oral permet de maintenir les esprits en éveil par des questions soudaines, courtes, mais qui nécessitent des efforts de mémoire ou de réflexion répétés. M.Raux, dans son étude sur les jeunes détenus du quartier correctionnel de Lyon [6], donne l’emploi du temps de la classe dans son établissement, ainsi que les manuels dont les instituteurs se servent dans les différentes matières. Ces différents points d’organisation n’ont pu être retrouvés aussi précisément lors de nos recherches pour le cas de Bonne Nouvelle ; toutefois, il y a tout lieu de penser que ces détails étaient fixés par une circulaire ministérielle, et que les mêmes manuels étaient utilisés à Rouen. La répartition des différents cours sur la semaine étaient la suivante : L’accent est donc principalement mis sur le calcul et l’orthographe (2h1/4). Viennent ensuite la rédaction et la grammaire (1h1/2), l’histoire (1h1/4), la géographie (1h), la morale et l’instruction civique (3/4h), et enfin l’écriture, la récitation et la lecture (1/2h). Les détenus reçoivent donc un enseignement primaire qui vise à leur donner des notions élémentaires de calcul, de langue française, d’histoire et de géographie. Il faut essentiellement qu’ils sachent à leur sortie lire, écrire et compter. Calcul, système métrique et géométrie Lecture Histoire Géographie Instruction civique Gymnastique Au total, les jeunes détenus bénéficient donc d’un enseignement complet, leur permettant de conserver un équilibre physique raisonnable et qui, au-delà des simples bases de l’instruction primaire, permet même aux meilleurs de décrocher des diplômes durant leur détention. 2.3. le certificat d’étude. Résultats A la sortie du jeune détenu, une typologie précise est utilisée pour évaluer son niveau d’instruction : Au total, 75% des jeunes détenus sortent en sachant lire, écrire et calculer. Le pourcentage d’illettrés est d’environ 2% à la sortie ; ce chiffre exceptionnellement bas mesure l’efficacité du travail des instituteurs, même s’il faut tenir compte du caractère officiel de ce renseignement, qui a pu être faussé lors de son évaluation. Le rapprochement des chiffres de Raux permet une nouvelle fois d’invalider cette réserve puisqu’il arrive à peu près aux même proportions [17]. L’enseignement primaire, s’il tient son rang, est toutefois, l’objet d’une surveillance incessante de la part des autorités. L’inspecteur général note ainsi dans sa tournée de 1881 que « la situation du service de l’instruction primaire s’est améliorée, mais elle pourrait être encore plus satisfaisante si on élargissait pour les enfants des premiers groupes le cadre de l’enseignement, en étudiant par exemple jusqu’aux éléments de la comptabilité commerciale [18] ». Ce cours, qui peut s’avérer d’une grande utilité à certains des jeunes détenus dans leur avenir personnel et professionnel, est donc ajouté au programme des cours les plus avancés dès le début de l’année 1882. D’autres cours peuvent, suivant les capacités de chacun, être proposés aux élèves. Le greffier comptable Bourdin s’improvise ainsi professeur de musique, dont il apprend les bases aux jeunes détenus. 3. Enseignement professionnel : le travail rédempteur Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le travail est considéré comme l’un des moyens les plus efficaces de redressement des jeunes détenus. Cette notion de travail rédempteur est un peu particulière dans le cadre du quartier correctionnel. En principe, il s’agit en effet pour les jeunes d’apprendre un métier afin de pouvoir l’exercer une fois rendus à la vie libre. Le premier but est de permettre aux jeunes d’être capables de gagner leur vie par leur travail. Pour cela, il est souvent d’abord nécessaire de vaincre leur répugnance pour le travail. Les sept à huit heures de travail quotidien sont donc un véritable enfer pour les vagabonds et les oisifs habitués à des efforts plus « modérés », mais l’application au travail est ensuite l’indice le plus certain d’un retour sincère au Bien. Toutefois, les impératifs d’ordre économiques imposés à l’entrepreneur responsable des travaux industriels sont un frein véritable à la bonne marche de cette activité, et faussent un peu les règles de l’apprentissage tel qu’il est prévu dans les textes de loi. 3.1. Métiers. Apprentissage Au sein des quartiers correctionnels, rattachés aux maisons d’arrêt départementales, les activités proposées aux détenus sont de type industriel. Il serait somme toute surprenant de voir une maison d’arrêt proposer des travaux agricoles à ses détenus. A l’exception de trois ou quatre détenus détachés en guise de récompense au service général (ou service intérieur) du quartier correctionnel, les autres jeunes se répartissent dans les divers ateliers, suivant leurs aptitudes et leur comportement. Le choix des industries auxquelles sont employés les jeunes détenus dans les ateliers du quartier correctionnel est avant tout un choix d’ordre économique ; tenu de procurer du travail à tous les valides [20], l’entrepreneur général soumet la proposition de l’industrie qu’il désire introduire dans le quartier au préfet, lui remettant un échantillon des objets qu’il veut faire fabriquer par les détenus si besoin est ; le préfet décide ensuite, sur l’avis du gardien-chef et du directeur de la circonscription, si l’activité proposée est conforme aux objectifs éducatifs du quartier, sans danger pour la sécurité et le maintien de la discipline, sans risque enfin pour la santé des jeunes qui y seront employés [21]. A défaut, l’administration peut imposer à ce dernier une activité de son choix, qu’il est alors obligé de proposer aux détenus, sans aucun recours possible. Sa mise en œuvre incombe entièrement à l’entrepreneur, qui doit alors supporter tous les frais annexes à l’industrie : chauffage, éclairage, matières premières, outils.... La même procédure d’isolement conduit à la création en 1890 d’un atelier de relégables, puis d’un autre accueillant les jeunes arrivés suite à la fermeture de la colonie de Breteuil. Placés à Rouen en attendant une autre destination, ils ne resteront que quelques mois entre les murs de Bonne-Nouvelle. Les activités confiées aux jeunes de ces ateliers temporaires sont des tâches simples, comme le triage du café, la confection de sacs en papier ou en toile, le tressage de la paille, l’effilochage de la soie. Aucune n’offre de débouché ou ne propose de véritable apprentissage. Elles sont donc paradoxalement bien rémunérées, afin de compenser l’ingratitude du labeur et sa stérilité du point de vue professionnel. Plus que le métier appris, c’est avant tout l’habitude de l’effort persévérant qui compte pour les autorités pénitentiaires. La pratique d’un métier, l’habitude et la discipline du travail sont des facteurs essentiels pour le succès de son reclassement social post-carcéral. « Du goût pour le travail et l’habileté dans leur profession dépend l’avenir de ces enfants [30] ». Dans l’absolu, l’enfant doit y apprendre « l’amour du travail, le sentiment du devoir, l’esprit d’économie et de prévoyance [31] ». Pour cela, les conditions d’existence en vie libre sont reproduites à l’intérieur du quartier, avec un caractère répressif bien évidemment plus accentué ; complément nécessaire, un système rémunératoire vient rétribuer le travail des jeunes, les initiant au système d’échange argent / travail qui régit le marché extérieur du travail. 3.2. produit du travail : le pécule. Cantine Les récompenses pécuniaires, sorte de rémunération du travail effectué, stimulent les jeunes détenus bien plus efficacement que ne le feraient des bons points ou une inscription au tableau d’honneur. L’existence de ce « salaire », si infime soit-il, est un moyen d’assimiler leur travail à celui des ouvriers du monde libre, et de les responsabiliser un peu plus. Le pécule dépend du jeune et de lui seul. Cette gratification en argent a un fort impact moral sur les détenus, qui se sentent alors plus adultes qu’enfants. Les sommes représentant les gratifications accordées aux jeunes sont donc à partir de 1872 déposées au greffe et inscrites sur le livret de pécule du jeune. Elles viennent s’ajouter à la somme d’argent que le détenu possédait à son arrivée. Ce fonds de réserve constitué par le détenu lui permet de subvenir aux premiers besoins lors de sa libération. Ce pécule peut toutefois être amputé des prélèvements faits par l’administration en cas de dommages matériels causés par le détenu. Cette mesure a pour but d’empêcher les jeunes de détruire les outils et les matières premières qui leur sont confiés. Elle s’applique en outre à la partie du pécule initialement déposée par le jeune lors de son arrivée au quartier ; l’administration peut entamer cette somme initiale pour réparer un préjudice causé par lz détenu, puisque « le but qu’on se propose dans cette circonstance est de réparer un préjudice direct et matériel, en un mot d’obtenir le paiement de la dette réelle [35] ». Par contre, les malfaçons, moins-values, voire les pertes ne peuvent en aucun cas leur être imputées. Souvent dues à l’inhabilité ou l’inexpérience, elles sont à la charge entière de l’entrepreneur, qui ne peut rien réclamer en compensation. Le pécule permet surtout en milieu carcéral de « cantiner ». L’administration met en effet, à la disposition des détenus des aliments, ainsi que des produits et objets divers qu’ils peuvent acheter afin de compléter et d’agrémenter le quotidien. Cette cantine a toujours fait l’objet de reproches se rattrapant à l’image populaire de la « prison trois étoiles ». Le confort introduit par ces améliorations alimentaires, vestimentaires ou hygiéniques reste faut-il le rappeler relatif aux conditions d’enferment. L’inspecteur général des prisons, toujours lors de sa tournée de 1881, fait remarquer que « l’usage de la cantine dans un établissement de jeunes détenus paraît présenter des inconvénients, en développant chez les jeunes le goût des jouissances matérielles et en leur donnant l’habitude des dépenses superflues [36] ». Le directeur explique alors que les vivres supplémentaires dites de cantine, vendus aux jeunes du quartier correctionnel ne le sont pas à titre de récompense, mais pour permettre de prendre un « complément de nourriture qui pour certains d’entre eux, et particulièrement pendant la période de croissance, est absolument nécessaire ». Il précise ensuite que cette possibilité de cantiner n’est réservée qu’à ceux qui produisent une « certaine somme de travail » et font preuve d’une « conduite régulière ». 3.3. Placement en patronage Le placement en patronage, mesure suprême de récompense, réservée aux plus méritants et aux plus habiles des jeunes détenus, n’a été appliqué, selon les indications des registres d’écrou, qu’à une dizaine de cas. Cinq jeunes ont été placés dans une brosserie, deux sont chez un cordonnier ? Les trois derniers ont été respectivement placés en tant que vannier, domestique et pâtissier. Comment expliquer ce faible nombre ? L’image des jeunes détenus du quartier correctionnel n’était pas particulièrement brillante, et en toute logique, l’embauche de l’un d’eux devait représenter aux yeux de l’employeur une prise de risque importante. Pourtant, le nombre très restreint des jeunes proposés pour un placement en patronage montre la sélection effectuée en amont par la commission de surveillance et les autorités pénitentiaires : les dix jeunes placés ne revinrent jamais au quartier correctionnel, et ne firent pas même l’objet de condamnation ultérieure. D’autres raisons peuvent être évoquées. Le règlement d’administration publique complétant la loi de 1850 ne vit jamais le jour, et l’absence d’une vraie société de patronage en est une conséquence des plus fâcheuses. A ce niveau, l’investissement personnel de quelques particuliers ne put pallier un tel vide juridique. L’administration ne s’investit jamais vraiment dans le système du patronage [37], et lui préféra ouvertement l’engagement dans l’armée, mesure par laquelle le suivi était à la fois plus strict et surtout, entièrement délégué à une autre structure ne se rattachant pas l’administration pénitentiaire. De purement administrative, la tutelle devenait alors militaire... * * * La fermeture du quartier en 1895 procède du mouvement de concentration des jeunes délinquants et criminels dans un établissement unique, « la maison correctionnel d’Eysses ». structure particulière et surtout unique, totalement dédiée à l’accueil des jeunes les plus difficiles, l’idée trouve ici sa consécration pratique dans un cadre « enfin » réglementaire. Sous des dehors éducatifs servis par des textes alléchants, le siècle dernier a pourtant démontré les limites d’un tel système ; les mêmes échos de répression et d’enfermement l’ont d’ailleurs clos : les structures d’accueil en milieu fermé sont pour les « petits sauvageons » la meilleure réponse d’une société qui préfère punir le mal plutôt que d’en éliminer les racines. Pourtant, en l’an 2000 comme un siècle auparavant, les jeunes délinquants inscrivent dans leurs actes la banalité de leur détresse, et trouvent dans les éléments de la société qu’ils prennent pour cible l’incarnation concrète du malaise qu’ils y vivent. Les temps ont changé, mais l’éducation (plus que la formation professionnelle aujourd’hui) reste bien un des enjeux principaux de la question de la jeunesse délinquante et de sa réinsertion sociale post-carcérale. [1] voir Jacques Bourquin, "La difficile émergence de la notion d’éducabilité du mineur délinquant", Trames, n°3-4, 1998 [2] voir Jean-Claude Vimont « Vulgarisation et propagande. Le colon de Mettray d’Eugène Nyon », Trames, n°6 [3] Circulaire du 19 juin 1868, Archives Départementales de Seine-Maritime (ADSM) 1YP/111. [4] Quelques années plus tard, deux nouveaux quartiers sont rattachés respectivement aux maisons d’arrêt de Lyon (1873) et de Nantes (1874). Dernier né, le quartier correctionnel de Besançon ne restera lui en activité que deux courtes années, de 1893 à 1895. Tous les quartiers correctionnels ferment en 1895 lors de l’ouverture de la première véritable colonie correctionnelle répondant aux critères de l’article 10 de la loi de 1850, la « maison d’éducation correctionnelle d’Eysses ». [5] Lettre du 8 juin 1871 adressée au Préfet de la Seine-Inférieure. ADSM, 1YP/224 [6] Raux, directeur des prisons de Lyon, Nos jeunes détenus. Etude sur l’enfance coupable, avant, pendant et après son séjour au quartier correctionnel, bibliothèque de criminologie, Lyon, A.Storck, 1890, II-268p. L’étude porte sur les jeunes détenus du quartier correctionnel de Lyon, dont elle dresse un tableau psychologique complet. Ce livre de Raux est le seul ouvrage contemporain de notre étude qui traite directement d’un quartier correctionnel. Chevalier de la légion d’honneur et Officier de l’Instruction Publique, M.Raux fut directeur de la 20è circonscription pénitentiaire [7] L’introduction du système de douches dans Bonne Nouvelle par le docteur Delabost a-t-elle supprimé les problèmes de baignoire et de robinet dans les leçons de l’instructeur ? [8] in Raux, op.cit., p.78 [9] Lire à ce propos Mona Ozouf, « Quand la République s’apprenait au tableau de noir », in L’Histoire, H.S n°6 sur le thème « Mille ans d’école de Charlemagne à Claude Allègre », pp.60-65 [10] Ibid., p.61 [11] in Raux,op.cit.,p.82 [12] Bert Paul, L’instruction civique à l’école, Paris, Piccard-Bernheim, 1882. Paul Bert, défenseur intransigeant de la laïcité, fut l’un des membres de la commission chargée de préparer les réformes scolaires des années 1880. Ministre de l’Instruction publique dans le très éphémère Grand ministère » de Gambetta, il voulait même épurer les manuels scolaires de toute mention de Dieu. [13] Lettre du préfet datée du 14.09.1881. ADSM 1YP/224 [14] Le militaire reçoit alors une rémunération de 15 fracs par mois in Lettre du directeur datée du 21.08.1881. ADSM, 1YP/224 [15] ADSM. 2007W/237, 2YP/100 et 2YP/114 [16] Comme pour tous les autres champs concernant le détenu lors de sa sortie, il ne faut pas oublier de considérer que les champs non renseignés sont en partie le fait de jeunes décédés durant la détention. Ce chiffre qui se porte à 100 constitue déjà la moitié de l’effectif non renseigné [17] Les chiffres donnés pour les catégories « Lire », « Lire et écrire » sont des approximations faites à partir des renseignements complémentaires. En effet, environ 20% des notices d’écrou ne contiennent pas la mention du niveau de l’élève [18] Rapport de la tournée de 1881, point n°3, ADSM 1YP116 [19] La liste complète figure en 1YP/224, ADSM. Sur le « certif », voir l’article de Patrick Cabanel in l’Histoire, H.S.n°6, pp.72-73 [20] Cahier des charges, art.50 [21] En 1912, suite à la tentative de suicide d’un détenu à l’aide de liens en rotin dont il assurait la fabrication, cette industrie sera supprimée pour les jeunes détenus. ADSM 1YP/115 [22] Cahier des charges, art.8 [23] Cahier des charges, art.7 [24] Cahier des charges, art.11 [25] On se reportera à ma maîtrise pour consulter les tableaux des effectifs des ateliers de reproduction étant difficile dans le cadre de cet article [26] Rapport de la Tournée de 1881, ADSM 1YP/116 [27] Lettre au préfet du 11.02.1882, ADSM 1YP/116 [28] Lettre au préfet du 11.02.1882, ADSM 1YP/116 [29] Rapport du 24.06.1886, ADSM 1YP/117 [30] Raux,Op.cit.,p.135 [31] Raux,Op.cit.,p.135 [32] Cahier des charges, annexe, art.21 [33] Lettre du préfet au ministre, 20.07.1870. ADSM 1YP/405 [34] Lettre du 26.08.1870, ADSM 1YP/405 [35] Circulaire ministérielle du 10.08.1876 relative au pécule des jeunes détenus. BN, LF 13-44 (1876),p.456-457 [36] ADSM 1YP/116 [37] Voir sur ce point Christian Carlier, La prison aux champs, Paris, 1994, pp.519-523 |