Publié le mercredi 7 mai 2003 | http://prison.rezo.net/belgique-mouvements-dans-les/ Le Morgan Tout le bloc C de Saint-Gilles, le quartier le plus "dur" où sont incarcérés les "gangsters" qui écopent de peines de 10 à 15 ans, était en émeute dimanche dernier. Les matons en grève ne sont pas intervenus et les flics, appelés pour les remplacer, les ont viré, leur ont taxé leurs matraques et ont tapé sur tout le monde. Les détenus se sont fabriqués des armes avec des bâtons sur lesquels ils avaient fixé des clous. Ils ont ensuite quitté l’aile à une trentaine en faisant une échelle humaine pour passer du bloc C au bloc D, avant de tomber sur les flics. Entre temps, c’est la baston. Les mutins ont emprunté un tracteur (!) à l’intérieur de la prison et ont défoncé des grilles et des barreaux, avant de foncer sur les gardiens avec la machine de l’école de jardinage de la prison. Deux gardiens seront blessés, au dos, aux épaules et au visage. A 18h, les deux blessés seront évacués. Les mutins ont également pété une vitre en plexiglas et arrivent jusqu’au parking des gardiens où une voiture de maton a été défoncée. Un prisonnier en a profité pour se procurer des vêtements civils et s’est évadé pendant l’émeute !! (info non-reprise nulle part, que se soit dans la presse ou ailleurs). Les familles, amis de détenus et avocats ne peuvent toujours entrer à l’intérieur. Pas de douche non plus depuis une semaine (témoignage d’un surveillant : "ça pue la pisse, la transpiration et la taule est infestée de rat" —> son discours pue le misérabilisme a deux balles). Témoignage d’une vendeuse de journaux à l’extérieur, face à la prison : elle entend des "je t’emmerde" et des "fuck the system" faisant plus de bruit que les sirènes de police (c’était dimanche et lundi dernier). * * * Pour l’instant, nous savons qu’il y a des mouvements à Andenne (Liege), Lantin (Ardennes), Saint-Gilles et Forest (Bruxelles), et le mouvement semble s’étendre a d’autres prisons belges. Par ailleurs, nous savions déjà que depuis quelques années les remises de peine se sont super durcies depuis quelques 4 ans (affaire Dutroux) et que ça aussi, ça énerve pas mal les prisonniers. D’autre part, et c’est récent, un projet vient d’être adopté concernant tous les étrangers détenus (qu’ils aient des papiers ou non) : l’expulsion... pour désengorger les prisons surpeuplées. Bref, en Belgique, c’est en train de péter de partout. * * * La Libre Belgique A LA UNE : La mutinerie des gardiens pèse sur la vie des détenus * C’est l’impasse entre le ministre de la Justice et les surveillants de prison. Ses mesures contre la surpopulation carcérale n’arrêtent pas la grève. Rien ne va plus entre le ministre de la justice, Marc VerWilghen, et les gardiens de prison. Lundi, après une énième rencontre, chacun est reparti dans son coin. "Les mesures qui ont été présentées vendredi au conseil des ministres sont complètes et n’ont pas besoin d’être développées plus avant", a coupé court Marc VerWilghen. Les syndicats, à l’exception du SFLP, continuent à rejeter les propositions. "Non pas en raison de leurs intérêts, mais parce qu’elles ne répondent pas au problème immédiat et urgent de la surpopulation carcérale", a souligné Jean Lizen, secrétaire fédéral CGSP. Pour rappel, le conseil des ministres a pris vendredi trois mesures, parmi lesquelles la surveillance électronique de 150 détenus de plus, l’engagement de 141 membres du personnel pour remplir les postes vacants, les transferts volontaires de certains détenus vers leur pays d’origine en vue de leur jugement et/ou de l’exécution de leur peine. Dans les prisons d Saint-Gilles et Forest, la grève des gardiens va donc se poursuivre. Une situation qui complique le travail des médecins pénitentiaires qui en sont réduits à prodiguer des soins minimums et qui craignent le ras-le-bol des détenus, privés de visite depuis parfois 17 jours. Même inquiétude chez les avocats. Le bâtonnier du bureau de Bruxelles a dénoncé, "les conséquences inadmissibles que la situation actuelle engendre au regard de l’exercice, par les détenus assistés de leur avocat, du droit le plus élémentaire de se défendre". * * * Le gardiens ne désarment pas * Impasse. La grève du zèle des gardiens de Saint-Gilles et de Forest se poursuit. Andenne ne suivra pas. Les représentants syndicaux du personnel et la direction de la prison de peines d’Andenne se sont concertés toute la journée de lundi, suite au préavis de grève qui arrivait à échéance. Mais si les décisions du ministre de la justice, Marc VerWilghen, pour réduire la surpopulation carcérale n’ont pas convaincu, les gardiens ne partiront pas en grève. Soins au ralenti. Bloc au chômage Mal informés * * * Les détenus sont privés du droit de se défendre * Les avocats dénoncent les conséquences des grèves à Forest et à Saint-Gilles. Dans le communiqué publié lundi par le bâtonnier de l’Ordre francophone des avocats du barreau de Bruxelles, pas un mot pour fustiger l’attitude des surveillants grévistes. Mais les critiques sévères à l’égard du gouvernement, responsable selon l’Ordre, du chaos régnant actuellement dans les prisons de Forest et Saint-Gilles. "La circonstance que des personnes placées en détention préventive ne puissent se présenter devant les juges sont susceptibles de les remettre en liberté constitue une atteint irrémédiable aux Droits de l’Homme, estime le communiqué du bâtonnier. Cet élément (...) doit conduire le gouvernement des affaires couran,tes à prendre enfin la mesure de ce problème et à prendre les décisions qui s’imposent pour rendre à tous les acteurs judiciaires les moyens d’exercer leur mission de manière décente". Situation explosive * * * Everberg pour les adultes ? Il y a un peu, voire beaucoup, de "provoc" dans la proposition faite lundi par le délégué général aux droits de l’enfant, Claude Lelièvre, qui est aussi 4è sur la liste PS de la chambre en Brabant wallon. M. Lelièvre propose au ministre de la justice, Marc Verwilghen, de mettre les 50 places du centre fédéral fermé d’Everberg (réservé aux mineurs délinquants graves et employant pas moins de ...80 surveillants. Un véritable luxe) à la disposition des adultes. Ceci afin d’"aider au règlement urgent de la grève dans les prisons, qui touche directement des centaines d’enfants de parents détenus, le privant de relations personnelles avec leur mère ou leur père incarcéré". * * * La Libre Belgique A LA UNE : L’exaspération croit derrière les barreaux * La grève des gardiens irrite les détenus de la prison de Saint-Gilles. Ils ont laissé éclater leur colère en refusant de rentrer dans leur cellule. L’ensemble des syndicats des gardiens de prison et le ministre de la justice Marc Verwilghen ont ratifié mardi en fin d’après-midi un accord concernant les principales revendications à la base de la grève entamée il y a trois semaines. L’accord signé porte sur la prison de Forest, d’autres négociations sont actuellement en cours pour celle de Saint-Gilles. L’accord signé prévoit que le nombre de détenus sera limité à partir du 9 mai, entre 550 et 600 prisonniers. Par ailleurs, un montant de 11.000 euros a été libéré (SIC) par le ministère pour effectuer les travaux nécessaires à la réfection des systèmes de surveillance et d’alarme de la prison. En outre, l’accord prévoit aussi l’engagement de 10 personnes statutaires et de 5 agents de surveillance. Cet accord est intervenu alors qu’à Saint-Gilles la grève à rallonge des gardiens de prison commence sérieusement à échauffer les esprits. Rendus furieux par la privation de visites qu’ils supportent depuis une dizaine de jours, une vingtaine de détenus de la prison de Saint-Gilles ont refusé de réintégrer leur cellule après la promenade dans le préau. Après plusieurs tentatives de médiation et l’arrivée de la police fédérale et de renforts équipés de tenues anti-émeutes, les policiers de la zone de police locale Bruxelles-Midi sont parvenus à calmer les esprits. Les détenus ont réintégré leur cellule sans heurts majeurs avec les forces de l’ordre. Mais selon certains membres du personnel pénitentiaire, la colère enfle derrière les murs d’enceinte. "Le ras-le-bol est général. La situation s’est nettement dégradée. Il est temps que la situation se débloque parce que les détenus commencent sérieusement à en vouloir aux gardiens". La prison de Saint-Gilles sous haute tension * Des détenus qui refusent de réintégrer leur cellule forcent la police à intervenir. Mardi, une vingtaine de détenus de l’aile "E" de la prison de Saint-Gilles ont refusé de réintégrer leur cellule au terme du temps réglementaire en préau. Les forces de l’ordre - qui assurent l’intérim pendant la grève des gardiens - ont tenté de parlementer. Mais les détenus n’ont rien voulu entendre. Au contraire, ils se sont emparé de barres de fer qui maintiennent les filets de protection et ont défié la police du toit d’une petite aubette au milieu de la cour. Une tentative de les déloger au moyen de gaz lacrymogènes a également a également échouée. Vers 15h15, un peloton de 40 policiers provenant de la zone Bruxelles-Capitale-Ixelles et une arroseuse de la police fédérale sont arrivés sur les lieux. Les renforts équipés de tenues anti-émeute n’ont cependant pas dû intervenir. Finalement les détenus ont accepté de regagner leur cellule sans heurt, dans un climat toutefois encore lourd de colère. Ils entendaient dénoncer la suppression des visites instaurée depuis la grève des agents pénitentiaires qui se poursuit depuis lundi dernier. Le ressentiment des détenus à l’égard de leurs surveillants ne cesse de croître. Ils ont fait passer le mot que le préau pouvait se révéler dangereux pour les gardiens. Un début d’apaisement semblait toutefois se dessiner mardi soir.
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