Publié le mercredi 10 septembre 2003 | http://prison.rezo.net/3-art-en-prison-une-possible/ Troisième partie : Art en prison, une possible réinsertion ? Ces murs de prison, Le détenu, au sein des ateliers artistiques, crée et se recrée, construit son présent et prépare son avenir. Il s’investit à court terme et investit sa vie à long terme. Il pratique à l’intérieur et anticipe l’extérieur. Il pense la prison et pense la sortie… La participation à un atelier artistique en prison offre-t-elle alors de meilleures chances de réinsertion. ? L’impossible réparation « Je ne me sens ni réinséré ni réinsérable [2] ». « La prison demeure quelque chose d’indescriptible qui marque de manière indélébile. Un gâchis monumental camouflé derrière des stéréotypes, des discours et des statistiques. La finalité de la prison n’est pas d’amender et de réinsérer mais de faire expier (et souvent expirer). » Les acteurs interrogés affichent, à la seule évocation du mot réinsertion sourires cyniques et désabusés, rires jaunes et regards noirs… Pour eux, la souffrance de l’enfermement, ne cicatrisera jamais. Pour eux, les stigmates de la prison , indélébiles, ne s’effaceront jamais. Les reclus ne ressortent jamais indemnes du tunnel carcéral, quel que soit le temps passé à l’intérieur des murs.« La prison détruit des individus » rappelle Milko. Elle détruit des identités, des familles, des vies, des espoirs. Et ne reconstruit sur ces douloureuses ruines que haine, solitude, et récidive. Pour eux, en effet, la réinsertion sonne comme un joli mot dénué de sens, de réalité. La peine dépasse les frontières des prisons pour s’immiscer dans une vie sociale retrouvée après la réclusion. A la perte d’identité intra-muros s’ajoute en effet le jugement social de la sortie. Considéré comme dangereux, comme coupable, non souhaité dans la vie sociale, le sortant de prison peine à se réintégrer dans une société qui le rejette. Mis au ban de la société civile, l’ancien détenu se voit fermer bien de portes, à commencer par celles des institutions publiques, exigeant casier judiciaire vierge pour embaucher… La prison, enfin, nous l’avons vu ne prépare pas ses reclus à la sortie. Infantilisante, déresponsabilisante, castratrice d’envies, de désirs et d’humanité, elle engendre des séquelles pesant longtemps sur l’individu. Concentrée sur un objectif sécuritaire jugé primordial, elle en oublie sa mission de réinsertion… « Alors imaginer qu’un atelier artistique puisse favoriser la réinsertion » soupire Gilles… Cependant, si les acteurs interrogés se montrent particulièrement sceptiques face à une réinsertion pleine d’obstacles publics, sociaux, humains, la majorité voit dans les ateliers artistiques une nouvelle voie à exploiter, une ouverture sur la société, une réinsertion possible… Pour Jean-Christophe, fort de son expérience en détention, « les gars qui vont aux ateliers sont les seuls qui pourront s’en sortir et se réinsérer ». Les « gars » en question trouve en effet, un espace de réconciliation avec l’autre, de rencontres fondamentales pour son retour dans la société civile. Une forme d’insertion sociale… Les « gars » peuvent-ils d’autre part espérer travailler, « dehors », dans des métiers artistiques ? Chapitre 1 : une réinsertion sociale ? Le prisonnier, une fois libéré, retrouve une société civile dans laquelle il lui faut s’intégrer, se réinsérer. Si la prison ne favorise pas la construction de liens sociaux, l’espace collectif de l’atelier artistique, la confrontation à l’autre, l’imposition d’un travail commun favorisent l’émergence de nouveaux rapports entre détenus, des rencontres primordiales avec les intervenants. La reconstruction d’un rapport à l’autre souvent primitif apparaît alors primordial pour une réinsertion sociale des sortants de prison. L’exemple original de Ban Public, enfin, illustre la possibilité de formes d’insertion sociale particulières, engendrées en partie par des participations aux ateliers artistiques. ? La désaffiliation sociale « Le détenu est un handicapé social ». La majorité de la population carcérale semble souffrir de troubles sociaux dès son entrée même en prison. L’enquête INSEE 1999 révèle que 43% des hommes détenus âgés de 20 à 49 ans déclaraient avoir un conjoint contre 66,2% pour la même tranche d’âge dans la population générale. De même, le nombre d’enfants s’élevait à 1 chez les détenus contre 1,3 dans population générale. Enfin, toujours en 1999, 10,5% des prisonniers déclaraient ne pas connaître la profession de leur père contre seulement 4% dans la population générale. Pour la majorité, cela signifie qu’ils ne connaissent pas leur père [4]. En empruntant l’expression de Robert Castel, les détenus demeurent plus « désaffiliés » sur le plan familial que les autres habitants de France. A ce critère s’ajoutent d’autres formes de désaffiliation. Les détenus, toutefois, ne sont pas majoritairement des solitaires errant sans attache, mais nombreux paraissent désaffiliés des réseaux traditionnels comme la famille, le travail… Ainsi, en 1997, 65% des détenus entrant en prison se déclarent sans profession. Beaucoup d’entre eux demeurent insérés dans des réseaux de solidarité informels, parfois précaires, sources de modes de vie plus ou moins marginaux [5]. L’enfermement éloigne les prisonniers de leurs relations sociales et familiales, difficilement entretenues en détention. La prison, d’autre part, permet difficilement de construire d’autres réseaux de sociabilité. L’enceinte carcérale abrite une « microsociété » saturée de relations d’un type particulier. Les relations sociales, amicales, distantes, calculées ou conflictuelles demeurent omniprésentes en détention. La prison apparaît dès lors comme un grand huis clos au sein duquel se noue une multiplicité de relations complexes et exacerbées. Les rapports de pouvoirs latents à l’extérieur offrent une plus grande visibilité en prison, l’essentiel des relations s’effectuant sur un mode hiérarchique immédiat. Le personnel de surveillance incarne ainsi une autorité omniprésente et incontournable. De même, les relations hiérarchiques régissent la « société des détenus « ,un classement s’opérant au niveau des délits. En haut de l’échelle, les détenus « politiques » (condamnés pour actes terroristes) inspirent le respect, les « pointeurs » (condamnés pour agressions sexuelles) et les infanticides, en bas, évoquent le dégoût. Un autre classement s’effectue sur la crainte qu’exercent certains détenus sur les autres. La société carcérale fonctionne alors sur un mode clanique et hiérarchique. De plus, la structure carcérale et le positionnement des détenus eux-mêmes ne facilitent guère les ententes entre prisonniers. Selon Corinne Rostaing, le personnel pénitentiaire s’efforce d’éviter voire de détruire ces ententes. « Les affinités entre détenus sont considérées comme un risque pour la sécurité. Le changement de cellule est utilisé en vue de séparer des détenus lors de mésententes mais aussi ceux qui s’entendent bien, de peur qu’ils ne préparent un mouvement ou que cette relation cache une liaison homosexuelle [6]. » A la volonté de l’institution de contrôler les rapports d’affinités s’ajoute celle des prisonniers à se différencier les uns des autres. La participation à une activité commune, l’investissement collectif autour d’une pratique artistique permettent-ils aux détenus d’adopter un regard différent les uns sur les autres, d’engendrer une complicité de travail engendrant une véritable solidarité ? ? La réconciliation avec l’autre ? Entre détenus « Il y avait là des personnes aussi différentes les unes que les autres de par leurs cultures, leur âge et les raisons qui les ont conduit en prison. Les personnes qui se dépassaient habituellement sans s’adresser la moindre parole débattaient sur la manière la plus adaptée de jouer telle ou telle autre scène. (…) Les discriminations « juridiques » étaient oubliées le temps des répétitions. Plus de violeurs, de dealers, de meurtriers ou de braqueurs. Juste des détenus travaillant pour un même but. J’étais bluffé. » Allen, détenu Allen semble particulièrement enthousiaste sur l’impact positif de l’atelier théâtre sur le groupe de participants. L’activité créerait des rencontres, un oubli ou un dépassement des préjugés carcéraux, des échanges entre détenus. Allen, « bluffé », perçoit l’atelier théâtre comme un espace-temps privé des discriminations et jugements négatifs habituels en prison. Mais cette vision idéale, voire idéalisée des ateliers artistiques, due, selon lui, à son « soutien inconditionnel à ce genre d’initiative » reflète-elle l’opinion générale des personnes rencontrées ? Les détenus développent-ils une tolérance obligée ? Les périodes de trêves imposées pendant l’activité peuvent-elles d’autre part perdurer une fois la porte de sortie passée ? De nouvelles solidarités peuvent-elles naître au sein de l’atelier ? L’acceptation de l’autre ? L’atelier artistique réunit des personnes aux cultures, histoires personnelles, vécus pénaux et carcéraux spécifiques. Le groupe s’impose au détenu qui, s’il s’inscrit volontairement à l’activité, ne choisit guère les autres participants. Dès lors, il va falloir composer avec les différentes identités, accepter l’autre dans sa singularité. En prison, le délit semble définir les personnes, marquées de cette étiquette indélébile et indécollable [7]. Partager avec l’autre un centre d’intérêt et un objectif commun, travailler avec lui, voir en lui d’autres facettes que celles du délinquant ou du meurtrier peuvent engendrer un regard plus positif, plus tolérant, sur celui qu’on évitait, détestait ou méprisait. L’autre dessine, joue, chante, écrit : crée. La reconnaissance d’un talent ou tout au moins d’une aptitude insoupçonnée fait naître une estime de l’autre auparavant refusée [8]. L’autre n’est plus réduit à son marquage statutaire ; d’autres couleurs viennent s’ajouter à la palette de sa personnalité. Laurentino cite ainsi l’exemple d’un pédophile qui « jouait divinement bien », expliquant que « l’on peut être la pire des crapules et être très fort en théâtre, être un grand acteur ». C’est ce qu’il appelle la « magie du théâtre », cet espace où les identités pénales tombent pour enfiler celles d’acteurs respectables. Néanmoins, les jugements et regards négatifs portés sur les autres participants ne semblent guère évoluer réellement, réapparaissant dès la fin de l’activité. Si la « trêve » ne dure jamais, les regards ont changé le temps d’un atelier, d’une répétition, d’une pièce, d’un concert… De même, le partage d’un intérêt et d’un objectif commun, la nécessité de se côtoyer, de travailler collectivement imposée dans certains ateliers constituent un groupe de facto, uni par un même projet. Les participants doivent ainsi échanger leurs différents points de vue, communiquer, voire parfois s’entraider. L’apprentissage du travail en équipe, non évident pour des détenus parfois totalement exclus du monde du travail, semble ainsi facilité par l’expérience de l’atelier artistique. Les participants avouent gagner en tolérance, « prendre sur eux » pour dépasser les différents. « J’y ai développé un caractère qui ne cesse de me surprendre. J’arrive à dépasser mes antipathies pour travailler en équipe. Je suis plus à l’écoute des autres, plus tolérant aussi. » « Le problème, c’est la confrontation avec les autres, parce que les autres supportent ton moi plus ou moins bien. C’est à toi d’arrondir les angles pour ne pas heurter, ne pas couper la communication. [9] » Peut-on dès lors parler de création d’un groupe d’appartenance, de solidarité dépassant la simple complicité de travail ? Le respect d’autrui et la communication imposés au sein de l’atelier ne parviennent pas, semble-t-il à franchir les frontières de l’atelier, disparaissant dès la fin de l’activité. Ainsi, selon les individus interrogés, la solidarité et l’amitié entre participants naissent rarement au sein d’un atelier, les détenus se contentant de relations professionnelles courtoises. Des liens tissés ? « En dehors du théâtre, j’ai peu d’affinités avec la plupart des participants. J’en rencontre quelques uns (toujours les mêmes) lors d’autres activités. (…) Nos rapports sont courtois, teintés de complicité, on va dire. Nous sommes courtois sans pour autant donner dans la franche amitié ». « Dès que c’est fini, on retourne aux autres occupations. Ca crée, des liens mais purement professionnels. » « En dehors de cette salle, on se fréquente extrêmement peu, on se dit à peine bonjour. Ca n’a pas du tout renforcé la solidarité ou la convivialité. » « Ca ne change absolument rien dans leurs relations ou ce n’est pas assez percutant pour faire changer les choses [11]. » Néanmoins, si le simple atelier ne suffit pas à modifier la structure des relations unissant les différents participants en détention, il offre néanmoins un espace de répit, de trêve, au cours duquel les détenus s’affranchissent de leurs différents et de leurs préjugés. D’autre part, si le partage d’une pratique commune et le travail collectif qui en découle ne permet pas la naissance de solidarités et amitiés nouvelles, il entretient voire renforce celles existant au préalable. « Entre détenus, ça a renforcé le rapport avec ceux qui avaient le plus d’affinité, mais avec les autres c’est resté banal. On faisait du théâtre ensemble, on se disait bonjour et c’est tout. [13] » Ainsi, certains acteurs interrogés se sont rencontrés et appréciés en détention, avant de participer ensemble à un atelier commun, de théâtre en l’occurrence. Cette expérience commune semble les avoir soudés, avoir approfondi les liens qui les unissaient. A l’intérieur, comme à l’extérieur, une fois les murs de la prison franchis… « Le théâtre ça nous a rapproché avec Mamadou, ça a mis un plus dans notre relation. Parce qu’on se fréquentait avant. On se voyait pratiquement tous les jours. Le théâtre est une continuité de ce qu’on faisait en détention. [15] » L’atelier artistique créé donc, pour certains, un lien fort, né et développé en détention, maintenu et entretenu « dehors ». S’il engendre rarement des rencontres-clés entre prisonniers, l’atelier créé l’occasion d’une autre rencontre primordiale, celle avec l’intervenant. Avec l’intervenant « Le plus grand risque que l’artiste prend en entrant en détention, à mon sens, c’est celui de la rencontre. C’est un risque que j’ai affronté avec un grand bonheur depuis quelques années. Ce risque de la rencontre, c’est aussi celui de la fidélité aux rencontres que l’on fait [16]. » J’ai entendu ou lu, au cours de mon enquête, de beaux témoignages d’amitié nouée entre détenus et intervenants extérieurs. Des amitiés nées en prison, entretenues au fil des années, poursuivies à l’extérieur. Néanmoins, ces relations particulières tissées entre artistes et prisonniers ne constituent en rien une généralité dans l’univers étudié. Non évidentes au départ, elles se construisent d’autre part sur les ruines d’une méfiance spontanée s’évanouissant avec le temps. Ainsi, selon Jean-Christophe, « les intervenants ont mauvaise réputation [17] ». Payés par l’Administration Pénitentiaire, acceptés par l’institution, ils demeurent parfois « perçus comme des représentants de ‘l’autre côté’, voire de la hiérarchie de l’établissement [18] ». Laurentino avoue ainsi une « vraie méfiance au départ », ne voyant en l’intervenant qu’un « surveillant défroqué, payé par l’Etat, complice de l’AP ». Emanation de l’institution carcérale, ils légitiment, pour les militants anti-prison, par leur simple présence, le système pénitentiaire. Les anciens détenus rencontrés dénoncent d’autre part leur manque d’engagement politique, leur démission face à une Administration puissante et totalitaire. Entrés pleins d’humanisme et de bonnes intentions, ils tombent, selon eux, très vite dans les filets de la Pénitentiaire. « Au départ, ils viennent, je pense, avec de bonnes intentions, mais ils se font prendre par le système. Ils disent qu’ils vont faire bouger les choses mais très vite, ils choisissent la tranquillité. Ils ne font pas bouger les murs. » « Ils te disent qu’il faut que l’art, que la culture rentre en prison, mais ils ne se battent pas pour que la culture rentre réellement en prison. Tu ne peux pas combattre un système, et en même temps travailler pour ce même système. » Les personnes interrogées attendent et exigent donc de l’intervenant un double engagement, artistique et politique, engagement rarement rencontré. Les détenus, de plus, se méfient parfois des réelles motivations conduisant les artistes à travailler en détention, dénonçant la seule ambition financière, la compassion voire la charité, la curiosité malsaine.. « La plupart des intervenants sont des artistes ratés, des RMIstes qui ne trouvent pas de travail dehors. Ils ne viennent en prison que parce que c’est alimentaire. » « Ils viennent pour encaisser leur chèque à la fin du mois, par curiosité, par voyeurisme. » « Certains viennent par compassion, oui. ‘Il faut aller éduquer ces pauvres prisonniers incultes qui n’ont jamais vu une toile ou une pièce de théâtre de leur vie’. » Comment expliquer ces phrases assassines dans la bouche de personnes parfois proches d’artistes intervenant en détention ? Engagées politiquement aux côtés des prisonniers, les personnes interrogées se doivent de dénoncer un système qu’ils combattent. A travers des intervenants « envoyés » et payés par l’Administration Pénitentiaire, c’est l’institution elle-même qu’ils attaquent. Militants, ils attendent des artistes travaillant intra-muros une politisation semblable à la leur. Mais surtout, ils distinguent « bons » et « mauvais » intervenants, porteurs de beaux projets et « baby-sitters culturels », artistes engagés et sous-fifres de la Pénitentiaire. La virulence des discours n’empêche guère une bonne entente avec les intervenants, qui, même payés par l’Administration représentent l’extérieur, le souffle du monde libre, la vie au-delà des murs et des barreaux. Hommes du dehors, ils n’appartiennent pas à l’institution. Contrairement au personnel pénitentiaire, ils ne viennent pas pour juger, pour punir, pour surveiller. Ils ne portent généralement guère de regard réprobateur qui enfermerait un peu plus le détenu dans un statut de « raté social ». Au contraire, ils lui accordent le crédit de la réussite, l’aident à découvrir ses potentialités, à se découvrir autrement que dans les regards de suspicion et de réprobation. Jean-Pierre, metteur en scène dit « insister pour ne pas connaître le délit des détenus et s’intéresser à ce qu’il y a d’humain en eux ». Malgré leur méfiance, les personnes interrogées reconnaissent l’humanisme et l’engagement citoyen de certains intervenants poussant les portes de la prison. Malgré leurs attaques, elles avouent une bonne entente, voire des liens très forts avec des artistes connus en détention. Mais si amitié et complicité naissent parfois de la rencontre artistique et humaine en prison, elles semblent demeurer rares, voire marginales. « On ne peut pas dire qu’il y ait de véritables relations entre les détenus et les intervenants extérieurs. Mais si je devais parler de l’atelier son de Nicolas Frize, alors là oui, il y a des relations de véritable amitié qui se sont installées au fil des années. » A l’image de Saïd-André, les personnes interrogées évoquent souvent des rencontres particulières, icebergs d’amitiés dans l’océan glacé de la prison. Voire une rencontre. Une rencontre avec un individu qui marquera leur passage en prison, voire leur vie toute entière. Une rencontre source d’une réelle amitié, enrichie et arrosée après la sortie. « En ce qui concerne Jean-Christophe, je dois te dire que nous entretenons des projets qui nous rendent forcément plus liés. J’ai beaucoup d’estime pour lui car il a su réellement s’intéresser à ma petite personne. J’ai appris à connaître l’homme au-delà de sa fonction, et même si je ne partage pas ses idées sur des tas de sujets, j’apprécie son originalité et son ouverture d’esprit. Je le considère comme un ami pour tout te dire. » « Il existe des liens très fort entre eux et moi. Ce sont des rencontres fondamentales dans ma vie. » « Au départ, je l’ai cassé, on entretenait des relations houleuses. Houleuses mais saines. J’étais l’ennemi de sa pensée, de ses idées. Aujourd’hui, c’est devenu un véritable ami. » « Milko, c’est une des rencontres les plus importantes de ma vie. » Et je pourrais poursuivre encore longtemps ces manifestations d’amitié… Une amitié, une rencontre indissociables de la pratique artistique en elle-même… « Il n’y a pas d’art sans rencontre. » « Le théâtre pour moi, c’est aussi et peut-être surtout une rencontre, une rencontre avec un homme et il s’appelle Jean-Christophe . » De telles amitiés se nouent rarement, selon les acteurs rencontrés, entre les murs de la prison. Elles s’expliquent ici par de multiples facteurs ajoutés, spécifiques ou non aux personnalités étudiées. Par une certaine communauté de pensée, politique notamment et d’intérêt artistique et culturel. Rappelons que les prisonniers et anciens prisonniers interrogés entretiennent tous un rapport intime à la culture et à l’art. Le statut d’ « intellectuel » acquis en détention facilite la rencontre… Par le sentiment de proximité avoué entre l’artiste et le délinquant. Pour Jean-Christophe en effet, tous deux interrogent, consciemment ou non, la société, la remettent en question. Par la personnalité de chacun, de l’intervenant en particulier. Un intervenant, qui selon Jean-Pierre, réussit à « tisser du lien dans un endroit où il n’y en a plus », qui « fabrique de l’humanité dans un endroit déshumanisé [19] ». Un intervenant qui estime le détenu, lui offre toute sa confiance, l’accouche de ses aptitudes artistiques, et surtout, l’accompagne après sa sortie. « Notre rôle est de prendre en charge les personnes à l’intérieur pour les accompagner à l’extérieur, au nom d’une amitié qui construit une évidence politique. [20] » Ainsi, Jean-Pierre et Jean-Christophe insistent sur le nécessaire accompagnement des prisonniers à leur sortie. Un accompagnement professionnel, humain, voire amical. Un accompagnement extrêmement rare habituellement… Les liens unissant intervenants et détenus participent fortement à la reconstruction de ces derniers. Les personnes rencontrées se découvrent des qualités et des aptitudes parfois ignorées, recouvrent une certaine confiance en eux pervertie par l’incarcération, construisent des relations d’amitiés non évidentes en détention, retrouvent un brin d’humanité et de solidarité dans l’espace froid et individualiste de la prison. Mais surtout, l’intervenant se définit avec Jean-Pierre comme un « passeur vers la société civile, une articulation entre l’intérieur et l’extérieur ». Symbole de la société pénétrant le grand huis clos carcéral, il fissure l’hermétisme des murs, mélange dehors et dedans. Accompagnateur des sortants de prison, il participe, comme nous le verrons plus tard, à la « ré-insertion » des détenus, sociale comme professionnelle. « Je parle d’un accompagnement des personnes qui sortent de prison qui dépasse simplement le stade d’une amitié poursuivie mais aussi d’un retour dans la société dont ces personnes ont été isolées pendant un certain temps. » Encore une fois, les relations évoquées demeurent largement particulières, voire marginales, dans l’univers étudié. Tout comme celles qui unissent les membres de Ban Public… ? L’exemple de Ban Public : une forme de réinsertion ? « Déjà il y a une chose qui est très importante : les uns les autres, nous sommes aujourd’hui dehors, c’est-à-dire que le lien qui a été tissé à l’intérieur existe encore à l’extérieur. » Les relations d’amitié sincères ne semblent guère, nous l’avons vu, évidentes en détention. D’autre part, les prisonniers cherchent bien souvent, une fois sortis, à rompre des liens noués en détention et rappelant un passé qu’ils souhaitent oublier. De même, les liens tissés entre intervenants et détenus survivent rarement à la libération de ces derniers. A Ban Public, au contraire, prisonniers, anciens prisonniers, intervenants artistiques cherchent à tout prix à maintenir et pérenniser le lien crée intra-muros. La force de ce lien s’explique par de nombreux facteurs dépassant quelque peu l’objet de mon étude, mais doit aussi beaucoup aux ateliers artistiques investis en détention. Ces activités ont permis tout d’abord des rencontres, nées d’une pratique artistique partagée. Ainsi, Milko a travaillé en prison avec Jean-Pierre ; Hafed, Mamadou, Laurentino, Manu et Allen ont tous participé (voire participe encore pour Allen) à l’atelier théâtre de Jean-Christophe etc. Ces activités ont certainement renforcé des liens entre les participants entretenant déjà des relations amicales et « mis un plus » dans leurs relations. Aujourd’hui encore, l’art semble constituer un des éléments fédérateurs du groupe. Les personnes rencontrées affichent en effet un goût prononcé pour les pratiques et manifestations artistiques, goût qu’elles partagent et cultivent ensemble. Certains acteurs montent ou envisagent des projets artistiques ensemble. Ainsi, Mamadou et Manu ont joué, à leur sortie, dans Le Numéro sortant, pièce écrite par Abdel-Hafed et mise en scène par Jean-Christophe. Ils rejoueront peut-être dans Andromaque, pièce qu’envisage de monter Jean-Christophe l’année prochaine. Le metteur en scène ne cache pas son envie de retravailler avec les acteurs qu’il a rencontrés en prison. Cette collaboration peut-elle conduire à des formes de réinsertion professionnelle ? Peut-on envisager une réinsertion professionnelle dans les métiers dits artistiques ? Chapitre 2 : une réinsertion professionnelle ? ? Les difficultés rencontrées La réinsertion professionnelle des sortants de prison apparaît particulièrement problématique. Pour Anne-Marie Marchetti, le détenu sort en effet plus démuni qu’en entrant, donc moins facilement employable [21]. De plus, le passé carcéral ferme de nombreuses portes. L’Etat, bien placé pour savoir que l’individu a « payé sa dette » à la société interdit pourtant aux anciens détenus les emplois de la fonction publique. De même, les employeurs se montrent particulièrement méfiants envers une population qui a « fauté » et qui risque de récidiver. Les métiers artistiques offrent-ils plus de chances aux anciens détenus ? « De là à envisager la réinsertion par l’art… C’est à mon avis du domaine de l’utopie. Il existe des exceptions, et il en existera encore, mais on ne peut l’appliquer ou raisonnablement l’espérer pour tous les détenus ayant des démarches de création. Cela tient au fait que le souci principal de tout sortant est de ‘bouffer’. Or nous savons qu’on vit difficilement de l’art. Surtout aujourd’hui. » « Dans certains cas, le détenu peut ou va tout focaliser sur une activité artistique, parfois durant plusieurs années de détention… et il quitte la réalité de la vie qui l’attend dehors où tout le monde ne sait pas vivre de l’art. » Les personnes interrogées n’espèrent pas réellement « percer » dans le champ artistique et les intervenants refusent de leur donner cet espoir illusoire. « Ils ne faut pas leur donner l’illusion qu’ils vont devenir Gérard Philippe [22] » répète Jean-Christophe. En effet, « l’art et la création, s’ils apportent du rêve, ne doivent pas être facteurs d’illusion. Il ne s’agit pas de faire croire aux prisonniers qu’ils vont devenir artistes en s’initiant aux techniques de l’art [23] ». Très peu d’anciens détenus se révèlent en détention et deviennent des artistes reconnus en sortant. Si Laurentino, Mamadou et Manu aimeraient rejouer, voire se consacrer au théâtre, aucun n’ose croire en sa chance. Ainsi Laurentino affirme « Jean-Christophe, il croit en nous, il pense qu’on peut percer », avant d’ajouter immédiatement « je ne me fais pas d’illusion, je sais bien que je n’ai aucune chance de faire mon trou dans le milieu du théâtre. » S’ils ne « percent » pas, les anciens détenus ne souhaitent guère subir, pour reprendre les mots de Mamadou, « la précarité des intermittents du spectacle ». Comme le souligne Allen, il est difficile de vivre d’une pratique artistique qui n’offre que rarement stabilité de l’emploi et compte en banque suffisant. « Il ne s’agit pas d’augmenter la population déshéritée des comédiens, des danseurs. Il y en a pour qui ça marche mais très peu. [24] » « J’ai arrêté le théâtre, c’est trop risqué et on gagne pas assez. J’ai trouvé un autre travail qui rapporte plus. (…) Personne ne peut sortir avec un métier artistique. » La participation à un atelier artistique en détention ne semble guère, d’autre part, suffire à s’improviser artiste. Ainsi, comme le dit Abdel-Hafed, « le théâtre est un véritable art, un métier différent d’une expérience carcérale. On ne devient pas créateur en quelques mois. » La réinsertion professionnelle des anciens détenus via les métiers d’acteur, de danseur, de peintre, de photographe (etc.) s’annonce donc particulièrement difficile. Certains acteurs rencontrés poursuivent la pratique artistique découverte intra-muros, couvant peut-être le rêve de s’y adonner pleinement un jour. Peut-être y arriveront ils un jour… En attendant, d’autres formes de réinsertion professionnelle se présentent à eux, via les « métiers techniques de la culture » notamment. ? Des réinsertions possibles « Il ne s’agit pas de remplir les théâtres avec d’anciens détenus comme les matelots au crépuscule de la marine à voile ; il ne s’agit pas de former des générations nouvelles d’acteurs, de danseurs, de cinéastes, de peintres, d’écrivains ou de conteurs. Il s’agit simplement d’offrir à ceux qui l’ont conçu dans la plus grande adversité les conditions de passage pour un vrai choix de vie dans l’infinité des métiers au service de la culture. [25] » Ainsi, Jean-christophe envisage, pour les détenus participant à son atelier théâtre, une réinsertion dans les « métiers techniques de la culture ». Il s’efforce, dans un souci d’accompagnement des sortants de prison, de mettre en relation des détenus proches de leur sortie avec des entreprises culturelles susceptibles de les embaucher. Ainsi, en ouvrant les représentations en détention au public extérieur et en invitant des professionnels du théâtre, il facilite des rencontres entre offreurs et demandeurs de travail. Démarchant ses relations personnelles, soutenant des CV et appuyant des candidatures, il participe largement à la réinsertion professionnelle des anciens détenus ayant fréquenté son atelier. Au moment de mes entretiens, Laurentino travaillait comme programmateur jeunesse dans un cinéma, Manu et Mamadou comme projectionnistes dans des théâtres. Là encore, l’aide apportée par Jean-Christophe demeure très marginale, voire exceptionnelle. Elle reflète l’engagement d’un individu spécifique envers d’autres individus spécifiques, traduit la force d’une rencontre transformée en réelle amitié. Cependant, bien que particulière, une réinsertion par l’art devient donc possible… Pour Laurentino, « c’est la seule qui soit possible ». Pourquoi ? Tout d’abord, les activités artistiques en détention offrent une alternative possible à des formations professionnelles généralement peu valorisantes, « seulement axées sur la prison » et donc peu recyclables « dehors ». D’autre part, toujours selon Laurentino, les « milieux artistiques » absorbent plus facilement les anciens détenus sans les juger ni les stigmatiser. Mieux, ils apprécient cette preuve de marginalité qu’on attribue généralement aux artistes. « En tant qu’ancien prisonnier, on est mieux perçu dans les milieux artistiques, ça passe mieux. Ca donne une contenance. Je dirais même qu’il vaut presque mieux être ancien taulard que rien du tout ». De même, pour Jean-Pierre, seuls les métiers culturels et artistiques offrent une réinsertion possible à certains détenus ne se satisfaisant guère d’une vie banale et des travaux dévalorisés et peu rémunérés généralement proposés aux sortants de prison. « Il faut privilégier les métiers culturels pour des personnes marginales qui refusent de se ‘mettre dans des métiers de merde’, qui ne peuvent pas se contenter des métiers du prolétariat. Je pense notamment aux braqueurs. » Certains ateliers, d’autre part, proposent aux participants une formation solide aux métiers artistiques ou autres. Ainsi Saïd-André participe à l’atelier son créé et dirigé par Nicolas Frize, musicien. L’atelier s’articule autour de trois axes : création, formation, emploi. Un à deux mois par an, les prisonniers bénéficient tout d’abord d’un « studio équipé en matériel de pointe » afin de réaliser des créations personnelles. Plusieurs modules de formation professionnelle aux métiers du son dispensés par l’INA [26] s’étendent sur toute l’année. Ces formations s’accompagnent de visites régulières de professionnels, visites primordiales « pour enrichir les connaissances et ouvrir les esprits à d’autres dimensions ». Enfin, les participants demeurent rémunérés sur la base du SMIC, « ce qui en prison est une véritable anomalie », pour accomplir des travaux de restauration d’archives sonores pour l’INA et les collectivités territoriales. Nicolas Frize entend réellement former les prisonniers participant à son atelier : « Nous avons tous des oreilles, apprenons à nous en servir, nous pourrons en tirer une formation professionnelle [27] ». Ainsi Saïd-André fonde son projet de sortie sur les métiers du son. « L’atelier m’a tellement apporté que mon projet se fera obligatoirement sur les métiers du son. Que ce soit en terme de production ou de création. » Saïd-André envisage donc, grâce à son expérience intra-muros une réinsertion dans les métiers du son. Cependant, toujours prisonnier, on ne peut qu’espérer sa réussite… Encore une fois, l’atelier créé par Nicolas Frize demeure une exception dans l’univers carcéral, une véritable oasis perdue en plein désert. Enfin, Said-André entend aussi organiser une formation dans les métiers du cinéma. A noter : ce projet, non né de la Pénitentiaire, semble tout devoir à Saïd-André et son énergie. « En novembre 2002, Bertrand Tavernier, le réalisateur, a accepté ma proposition de venir animer un débat sur les doubles peines, suite à la diffusion de son film sur ce douloureux problème. A présent, il vient de répondre par l’affirmative à ma proposition de créer ici une formation aux métiers du cinéma qui sera animée par Nils, son fils, et les membres de son équipe. » La réinsertion dans les métiers artistiques semble donc particulièrement difficile aujourd’hui à envisager. L’art évolue sur un terrain instable et miné, offrant peu de chance de réussite et de carrière à des non-professionnels. Cependant, les expériences réalisées par Jean-Christophe et Nicolas Frize révèlent de nouvelles possibilités. De véritables formations à des métiers artistiques, mêmes exceptionnelles existent en détention ; des sortants de prison, même peu nombreux, se servent de leur expérience théâtrale intra-muros pour chercher et trouver du travail dans des entreprises culturelles et artistiques. Si la participation aux ateliers artistiques en détention ne conduit que rarement à un emploi, elle semble néanmoins faciliter la réinsertion professionnelle des prisonniers. Elle apporte en effet compétences, connaissances voire formation dont le sortant de prison pourra se prévaloir. Elle oblige les participants à accepter la rencontre avec l’autre, à surmonter ressentiments et haines pour travailler en équipe autour d’un projet commun, à s’intégrer, le temps de l’activité, dans un espace collectif et constructif. Elle exige un investissement personnel et un dépassement de soi, favorise la responsabilisation des individus et la reprise en main de sa vie. L’exploration d’une pratique artistique participe en effet largement à la reconstruction des personnalités. L’extériorisation émotionnelle, la (re)découverte des désirs et des plaisirs, de la parole et de la confiance, le recouvrement de sa dignité voire de son « humanité » transforment la récréation accordée par la Pénitentiaire en recréation de l’individu. La porte des possibles et de la prison s’ouvrent alors en même temps devant le prisonnier libéré. Des possibles pour se réinsérer professionnellement : « Ca valorise les gens quand d’un seul coup on s’aperçoit que l’on est capable de faire quelque chose, peut-être un tableau, peut-être de la musique et bien, on sait que plus tard, on sera dehors, on sait que là, on pourra faire quelque chose. Ce ne sera peut-être pas une peinture, parce que c’est vrai que tout le monde n’est pas capable de pouvoir vendre sa peinture, mais cela sera peut-être de trouver un boulot et de se dire : « Bon, eh bien, on est peut-être capable là aussi de démarrer de pas grand chose. En se défonçant, on y arrivera. Pourquoi ? Parce que l’on a eu l’expérience des choses qui nous paraissent impossibles. [28] » Des possibles pour se « réinsérer » tout simplement… Des possibles pour retrouver, la tête haute, une société civile qui l’a banni et poussé derrière des murs pour ne plus le voir. Seuls quelques individus isolés voient donc les toiles, les écrits, les photos, les pièces réalisés par les détenus. Seuls quelques individus isolés prennent la peine de s’y intéresser. Mais n’est-ce pas à la société civile de favoriser ces expériences, les activités culturelles et artistiques en détention ? Au nom d’un Etat de droit et d’une démocratie qui ne doit guère s’arrêter devant les portes de nos prisons. Au nom d’un humanisme non teinté de compassion envers des semblables qui, aujourd’hui enfermés, redeviendront tôt ou tard des hommes libres. Au nom d’une société qui ne peut cacher 59 000 hommes derrière des murs de plus en plus fissurés et poreux. Au nom de cette même société qui accueille tous les jours maladroitement des sortants de prison, ne comprenant point son intérêt à les intégrer. Et si cette intégration devait beaucoup à l’art, à la culture ? Si l’expérience ambitieuse et prometteuse de Ban Public pouvait se généraliser, s’exporter ? Nous conclurons avec cette phrase d’Allen : « La question à se poser serait plutôt celle-ci : peut-on espérer qu’un sortant vive au mieux sa liberté grâce à sa sensibilisation à la chose artistique ? J’ai pas de réponse à cette question mais j’espère que d’autres se la poseront. » [1] Ban Public, prison.eu.org [2] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre à la Villette, op. cit. [3] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre à la Villette, op. cit. [4] Philippe Combessie, op.cit., p.38 [5] Philippe Combessie, op.cit., p.38 [6] Corinne Rostaing, La Relation carcérale, op. cit., p.205 [7] Corinne Rostaing, La Relation carcérale, op. cit. , p.98 [8] Sous la direction de Caroline Legendre, Serge Portelli, Olivia Maire et Christian Carlier, Création et prison, op. cit., p.133 [9] Documentaire Touche pas à mon poste, op. cit. [10] Documentaire Touche pas à mon poste, op. cit. [11] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre 2002 à la Villette, op. cit. [12] Entretien avec Jean-Christophe Poisson in Cassandre op. cit., p. 8 [13] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre 2002 à la Villette, op. cit. [14] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre 2002 à la Villette, op. cit. [15] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre 2002 à la Villette, op. cit. [16] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre à La Villette, op. cit. [17] Entretien avec Jean-Christophe Poisson in Cassandre, op. cit., p.8 [18] L’Art en prison in Cassandre, op. cit., p.5 [19] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre 2002 à La Villette, op. cit. [20] Actes du groupe de travail des 30 et 31 octobre 2002 à La Villette, op. cit. [21] Anne-Marie Marchetti, La Réinsertion des sortants de prison dans le cadre des centres d’hébergement, 1981 in Philippe Combessie, Sociologie de la prison, op. cit., p. 94 [22] Réunion du 25 mars 2003, Coordination des Intervenants en détention [23] Sous la direction de Caroline Legendre, Serge Portelli, Olivia Maire et Christian Carlier, Création et prison, op. cit., p.180 [24] Sous la direction de Caroline Legendre, Serge Portelli, Olivia Maire et Christian Carlier, Création et prison, op. cit., p.180 [25] Réunion du 25 mars 2003, Coordination des Intervenants en détention [26] Institut National de l’Audiovisuel [27] Nicolas Frize, L’air du dehors, pratiques artistiques et culturelles en milieu pénitentiaire, Editions du May, 1993 in En prison, la musique aussi adoucit les mœurs, http://apnet.dap.justice.gouv.fr/html/histoire/histoire41.htm [28] Sous la direction de Caroline Legendre, Serge Portelli, Olivia Maire et Christian Carlier, Création et prison, op. cit., p. 135 |